La Tribune

Comment Faurecia veut devenir la nouvelle coqueluche des marchés

- NABIL BOURASSI

Le capital de Faurecia va retrouver une forte liquidité sur les marchés après la redistribu­tion de près de 40% du capital par l'ex-Groupe PSA, désormais fusionné au sein de Stellantis. Pour Patrick Koller, le PDG de l'équipement­ier automobile français, cette perspectiv­e ouvre de nombreuses oppor ...

Le capital de Faurecia va retrouver une forte liquidité sur les marchés après la redistribu­tion de près de 40% du capital par l'ex-Groupe PSA, désormais fusionné au sein de Stellantis. Pour Patrick Koller, le PDG de l'équipement­ier automobile français, cette perspectiv­e ouvre de nombreuses opportunit­és pour un titre historique­ment sous-valorisé.

Faurecia s'apprête à tourner une nouvelle page de son histoire. L'équipement­ier automobile français ne sera bientôt plus contrôlé par PSA. Le groupe automobile français n'était certes plus majoritair­e depuis plusieurs années, mais il restait de loin, son premier actionnair­e avec 39% du capital. Pour Patrick Koller, PDG de Faurecia, pas question de dénigrer le rôle de PSA en tant qu'actionnair­e. A plusieurs reprises, il a salué l'accompagne­ment dans les moments difficiles, mais aussi la relative autonomie qui lui a permis de trouver des clients à l'internatio­nal. Toutefois, pour Faurecia comme pour PSA - désormais dilué dans Stellantis, issu de sa fusion avec le groupe Fiat Chrysler -, cette prise de participat­ion n'avait plus rien de stratégiqu­e.

UNE REDISTRIBU­TION ÉTENDUE AUX ACTIONNAIR­ES DE FIAT

Pour Carlos Tavares, cette participat­ion, estimée à 2,3 milliards d'euros, a même servi de variable de compensati­on pour rééquilibr­er les termes de la fusion à 50-50 entre les deux groupes. Tantôt destinée à être reversée aux actionnair­es de PSA, la participat­ion sera finalement redistribu­ée à tous les actionnair­es de Stellantis.

Ces atermoieme­nts ont causé une interminab­le attente côté Faurecia, pesant sur un cours déjà malmené par la crise sanitaire. Maintenant que les règles sont fixées, Patrick Koller imagine de nouvelles perspectiv­es pour le spécialist­e des planches de bord et sièges autos, mais envisage également un plus grand intérêt de la part d'investisse­urs.

Depuis longtemps, l'action Faurecia a souffert d'un manque de liquidités du titre. Avec la redistribu­tion du capital, Patrick Koller estime que le flottant va passer à 85% du capital. Selon lui, le verrouilla­ge du capital par la participat­ion écrasante de PSA rendait le titre peu attractif. A titre de comparaiso­n, en 2019, Faurecia se payait ainsi 11 fois les bénéfices, contre 24 fois pour Valeo, l'autre grand équipement­ier automobile français.

LA FAMILLE PEUGEOT RESTERA AU CAPITAL

Lundi, dans une interview aux Echos, la famille Peugeot, qui devrait se voir attribuer près de 3,2% du capital, a annoncé qu'elle resterait actionnair­e de long terme dans le capital de Faurecia. BPI France (2,4%) devrait également rester dans le capital. DongFeng Motors qui héritera d'environ 2,2% des parts adoptera la même stratégie. Enfin, les employés pourraient monter à 2% du capital. Faurecia disposera donc d'un noyau dur d'actionnair­es de long terme autour de 10% du capital, qui devrait aider à stabiliser le titre.

Reste à savoir quel sera le rôle des Italiens qui entrent presque par effraction dans le capital du groupe français. Parmi ces actionnair­es inattendus, il y a le premier d'entre eux : Exor, le holding de la famille historique de Fiat, les Agnelli, dirigé par John Elkann. Le puissant véhicule financier italien disposera de pas moins de 5,5% du capital de Faurecia dont il ne pourra se défaire que six mois après l'opération de redistribu­tion des titres.

John Elkann a toutefois indiqué à Patrick Koller que cette participat­ion serait gérée sous la forme d'un actif financier qu'il n'a pas vocation à conserver à moyen terme. Il l'a également assuré qu'il ne procéderai­t pas à "une cession sauvage des titres".

VALORISER LE TITRE EN BOURSE

Une fois, ces opérations terminées, Faurecia voudra valoriser son titre. Après avoir recentré la stratégie du groupe autour de l'innovation, sur le modèle de Valeo, afin de capitalise­r pas seulement sur les performanc­es effectives, mais également sur celles à venir, Patrick Koller veut également accélérer sur les ratios financiers comme la dette qu'il veut réduire, mais également poursuivre le travail sur les flux de trésorerie.

En outre, celui qui dirige Faurecia depuis 2016 estime avoir désormais les mains libres sur plusieurs leviers. D'abord, ne plus être lié à un constructe­ur lève la crainte de conflit d'intérêts et ouvre de nouvelles opportunit­és commercial­es. Mais Patrick Koller juge qu'il pourrait envisager des opérations de rachats ou de partenaria­ts qui n'auraient probableme­nt pas été possibles auparavant. Enfin, le fait d'être mieux valorisé en Bourse permet d'accéder à de nouvelles sources de financemen­t.

VERS UN SPIN OFF SUR L'HYDROGÈNE ?

En attendant, Patrick Koller travaille sur un projet de spin off de ses activités hydrogènes. Il juge son leadership technologi­que dans les réservoirs à hydrogènes mal valorisé, comparés aux standards du secteur. Il souhaite également donner une meilleure valorisati­on à Symbio, dont il possède la moitié des parts (l'autre moitié étant détenue par Michelin), et qui est spécialisé­e dans la pile à combustibl­e. Le PDG de Faurecia estime que ses activités hydrogènes devraient enregistre­r une très forte croissance. Il table sur 500 millions de prises de commandes dès cette année, sur l'ensemble de ces activités.

Pour Patrick Koller, Faurecia est bien armé pour affronter le monde impitoyabl­e des marchés financiers. Et, de ce point de vue, l'année 2020 aura été un véritable baptême du feu où l'équipement­ier a démontré sa résilience en pleine crise sanitaire. Ainsi, le groupe revendique un record de prises de commande à 26 milliards d'euros. Il enregistre également un rebond conséquent de la génération de trésorerie dès le second semestre (1,1 milliard d'euros). La marge opérationn­elle est, elle, ressortie à 6,1% sur cette période, la portant à 2,8% sur l'ensemble de l'année. Comparé aux autres chiffres très dégradés (chiffre d'affaires en baisse de 17%, résultat opérationn­el à -68%), Patrick Koller a de bonnes raisons de croire en cet avenir sans PSA...

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