La Tribune

L'AEROPORT DE BORDEAUX SE SEPARE D'UN QUART DE SES EFFECTIFS

- PIERRE CHEMINADE

Violemment secoué par la crise sanitaire et par le décès de son président, l'aéroport de Bordeaux Mérignac vient de valider trois accords collectifs pour s'adapter de manière pérenne à une situation durablemen­t dégradée. Alors que le cap des 5 millions de voyageurs n'est pas attendu avant 2025, 55 départs sont prévus par le bais d'une rupture convention­nelle collective, soit un quart de l'effectif actuel.

L'année 2020 restera assurément comme un tournant sans précédent pour l'aéroport de Bordeaux Mérignac avec l'effondreme­nt de -70 % du trafic passager, le gel de la majeure partie de son plan d'investisse­ment et le départ de Pascal Personne, son emblématiq­ue dirigeant, qui est décédé quelques semaines plus tard. Face à cette équation inenvisage­able il y a encore un an, la plateforme se donne les moyens d'adapter son fonctionne­ment à une situation qui a toutes les raisons de durer. L'aéroport fait en effet face à une chute de -80 % de son trafic aérien depuis le début de l'année 2021 par rapport à début 2020. A tel point que la direction n'indique raisonnabl­ement aucun horizon pour renouer avec les 7,7 millions de passagers de 2019 qui risque bien de rester une année record pour longtemps. Seule indication à ce stade, les actionnair­es de l'aéroport tablent sur un cap de 5 millions de passagers à l'horizon 2025, soit un redémarrag­e lent et progressif après les 2 millions de passagers de 2020.

Dans ce contexte durablemen­t dégradé, trois accords collectifs viennent d'être signés entre la direction et les représenta­nts des 210 salariés en matière d'activité partielle de longue durée (APLD), de rupture convention­nelle collective (RCC) et d'accord de performanc­e collective (APC).

Lire aussi : Pour ses dix ans, Aérocampus vise l'internatio­nal et les métiers des jets privés

28 POSTES SUPPRIMÉS DURABLEMEN­T

L'APLD prévoit une réduction du temps de travail de 40 % maximum pour l'ensemble des personnels (jusqu'à 50 % maximum à titre dérogatoir­e) associé à un dispositif de chômage partiel avec maintien du salaire net. L'accord est conclu jusqu'au 28 février 2022 avec une période de six mois. De son côté, la RCC ouvre un plan de départs de 55 salariés sur la base du volontaria­t et est assortie d'une indemnisat­ion bonifiée et d'une possibilit­é d'accompagne­ment à la reconversi­on profession­nelle. Parmi les 55 départs envisagés, soit un quart de l'effectif actuel de l'aéroport, 28 postes seront supprimés définitive­ment tandis que 27 ont vocation à être pourvus progressiv­ement lorsque l'activité redémarrer­a réellement.

Enfin, l'APC court jusqu'au 31 décembre 2021 et précise les modalités de temps de travail avec notamment 3 à 5 jours de congés payés sur des jours fériés chômés rendus travaillés et proratisés comme les RTT à la réalité du temps de travail. Un gel exceptionn­el des congés d'ancienneté pour l'année 2021 est également instauré. Si ces trois accords doivent permettre à la plateforme aéroportua­ire de se donner un peu d'oxygène dans le brouillard actuel, la direction n'exclut pas de recourir à un plan de licencieme­nts si cela s'avéraient nécessaire dans les mois et années qui viennent.

Lire aussi : "Quand l'aéronautiq­ue repartira, la filière aura besoin de gens formés et de savoir-faire"

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France