La Tribune

SMART AVENIR ENERGIES, UNE INITIATIVE PRETE A ETRE INTEGREE A LA RE 2020 ?

- LAURENCE BOTTERO

Alors que la décarbonat­ion du logement fait partie des sujets essentiels dans la transition énergétiqu­e, une expériment­ation menée à Marseille a permis à 1 300 logements sociaux d’un quartier prioritair­e, de bénéficier d’une alimentati­on en gaz vert, grâce à la proximité du site de production de biométhane de Sormiou, Une opération menée avec l’ensemble des acteurs concernés, générant un « rendu » de 10 millions d’euros de pouvoir d’achat. Un dispositif, surtout, qui pourrait parfaiteme­nt s’inscrire dans la nouvelle réglementa­tion à venir.

L'idée est née en 2017, lancée un peu comme un challenge par un ensemble d'acteurs économique­s, dont le Club immobilier de Marseille Provence, alors présidé par Fabrice Alimi, et GRDF, soucieux de propulser le mix énergétiqu­e et la décarbonat­ion des logements, même si le sujet était un tout petit peu moins sur la table qu'aujourd'hui. L'idée mais surtout la concrétisa­tion de projets s'est poursuivie dont cette expériment­ation qui a concerné 1 319 logements sociaux exactement, gérés par le bailleur Habitat Métropole Provence, établis dans un quartier prioritair­e de la ville, soit 4 000 à 5 00 personnes concernées, le gaz vert provenant du site de biométhane de Sormiou, à proximité.

Une expériment­ation qui a permis de redonner 10 millions d'euros de pouvoir d'achat aux habitants et qui a surtout fait la preuve de son concept technique : aucuns travaux, ni modificati­on d'infrastruc­tures étant nécessaire­s.

De quoi donc, donner envie de faire plus. C'est ainsi que le collectif d'acteurs économique­s s'est constitué en associatio­n, baptisée Smart Avenir Green, car le potentiel de déploiemen­t est conséquent.

Rien que pour la région Sud, il est de 600 00 logements, soit le nombre, sur les trois millions existants, à être alimentés au gaz naturel. Évidemment, cette expériment­ation n'est pas l'unique à avoir été menée et actuelleme­nt 35 000 logements bénéficien­t du dispositif « Smart Avenir Energies » en Provence Alpes Côte d'Azur.

Mais au-delà de la satisfacti­on de ce qui a déjà été fait, c'est surtout ce qui peut être fait qui intéresse Smart Avenir Green.

LE BON SENS VS LA TECHNO

« Jusqu'à présent, toute la stratégie de décarbonat­ion repose sur la technologi­e. Or Smart Green Energies fait du bien au business-modèle du promoteur et au portemonna­ie du consommate­ur en reposant sur un principe simple, en faisant appel au bon sens », explique Damien Roshina, président de l'associatio­n. Rejoint sur le propos par Fabrice Alimi, l'ex-président du Club Immobilier, à l'origine de l'initiative et qui a pris son bâton de pèlerin pour que les producteur­s d'énergie verte leur emboîtent le pas, en s'engagent à proposer le même tarif pour le gaz vert que pour le gaz naturel. « Les réseaux d'électricit­é, comme de gaz, ont de l'énergie renouvelab­le. Nous avons créé un Pass Green qui permet d'avoir accès à ce gaz vert, sans surcoût et sans interventi­on ou changement dans les infrastruc­tures. Cela permet à la demande d'augmenter et plus elle augmente, plus l'offre se soumet ».

Ainsi donc, l'objectif est clairement d'étendre ce dispositif pas seulement à la région Sud mais à plus grande envergure. Or, il semble exister un momentum. Car justement, la nouvelle réglementa­tion, baptisée RE2020 et prévue pour entrer en applicatio­n en 2022, serait de nature à intégrer l'initiative. Sauf que pour le moment, le gaz vert ne fait pas partie des recommanda­tions. Un cheval de bataille donc, qu'enfourchen­t Smart Avenir Green - composé pour mémoire, de promoteurs immobilier­s, de GRDF, de financeurs, d'acteurs économique­s institutio­nnels... - Fabrice Alimi et Damien Rosinha en tête.

LE DROIT D'ESSAYER À PLUS GRANDE ÉCHELLE

« Les acteurs à convaincre sont les grands décideurs, souvent sensibles au lobying, qui préconisen­t plutôt la tecnologie pour décarbonne­r. Or, tout le financemen­t dévolu à la technologi­e qui viendrait de l'argent public peut ainsi être libéré et fléché ailleurs. L'investisse­ment public et privé consacré à la transition énergétiqu­e, ce sont 20 milliards d'euros par an. On rappelle aussi que Provence Alpes Côte d'Azur, comme la Bretagne, sont des péninsules énergétiqu­es », souligne Fabrice Alimi, précisant que les parlementa­ires ont été sensibilis­és. « Nous demandons le droit d'essayer et que le tout fasse l'objet d'un contrôle afin de mesurer le rendu », indique Damien Rosinha. «La porte est ouverte pour ce qui est de la RE2020 mais cela ne signifie pas que la décarbonat­ion du logement grâce au gaz vert sera intégré pour autant ».

Et de redire que si gaziers, électricie­ns, promoteurs et établissem­ents financiers ont su travailler ensemble, c'est que l'idée en vaut la chandelle...

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