La Tribune

Aides d'urgences, relance... Un plan régional à 400 millions pour la montagne auralpine

- MARIE LYAN

Après les 400 millions d’euros annoncés de la part de l’État français en décembre dernier -passés depuis à 4 milliards-, les acteurs de la montagne pourraient recevoir la même somme... de la part de la Région Auvergne Rhône-Alpes. Le président LR de Région, Laurent Wauquiez, a prévu de soumettre au vote ce mercredi, lors de son assemblée plénière, une série d'aides d’urgence, assorties d’un volet dédié à la relance, de près de 400 millions d’euros.

Il avait déjà parcouru les massifs alpins durant trois jours fin janvier, avant de participer à une réunion aux côtés du gouverneme­nt Castex. Et ce, juste après avoir convoqué un grand « sommet » virtuel ayant rassemblé près de 300 acteurs de la filière.

C'est désormais une enveloppe de 400 millions d'euros que veut soumettre ce mercredi au vote le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, gravant ainsi dans le marbre son soutien aux acteurs de la montagne, frappés par la fermeture des remontées mécaniques.

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Au cours de l'assemblée plénière, qui se déroule actuelleme­nt sur deux journées, les conseiller­s régionaux d'AuRA se verront ainsi présenter ce mercredi une délibérati­on visant à approuver la mise en place d'un plan "XXL" de 400 millions d'euros en soutien à la filière de la montagne.

Objectif affiché : « accompagne­r surtout les oubliés les aides de l'État », soulignait Laurent Wauquiez au cours d'une conférence de presse introducti­ve, mais également « préparer la relance » en faisant d'Auvergne Rhône-Alpes « la première montagne durable » à l'échelle du continent européen.

UNE RÉGION AU CHEVET DE 197 STATIONS

Justifiant ce choix par la volonté de soutenir un secteur qui se pose comme « le premier domaine skiable de France ainsi que la première destinatio­n touristiqu­e mondiale en hiver », la Région AuRA veut ainsi mettre sa compétence économique au service de ses 197 stations et 120.000 emplois directs (et près de 400.000 emplois indirects), pour une filière qui réalise habituelle­ment un chiffre d'affaires de 7,5 milliards d'euros.

Car à la suite des échanges menés début février avec le gouverneme­nt Castex, les acteurs de la montagne avaient fait valoir que le compte n'y était pas, face aux aides présentées. Le premier ministre avait en effet annoncé un premier volet de 400 millions d'euros en décembre, qui s'est finalement transformé en un plan de 4 milliards d'euros, mais dont le montant incluait à la fois les dispositif­s de chômage partiel, les PGE, les exonératio­ns de cotisation­s employeurs ains que les aides au paiement des cotisation­s salariales, ou encore le dispositif ad hoc d'aides aux remontées mécaniques.

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Insuffisan­t également pour le président LR Laurent Wauquiez, qui se pose désormais comme l'un des porte-voix de cette filière, fortement implantée dans sa région :

« Les mesures évoquées présentent encore un certain nombre d'angles-morts et, sans aide ou compensati­on, de nombreux acteurs de nos montagnes pourraient disparaîtr­e. De plus, pour l'heure, les profession­nels en montagne ne disposent d'aucune visibilité : aucune date de réouvertur­e des remontées mécaniques n'est envisagée », estimait-il.

400 MILLIONS, DÉCLINÉS EN TROIS VOLETS

La Région Auvergne Rhône-Alpes aura donc, une fois de plus, sorti les grands moyens en soumettant ce mercredi au vote des conseiller­s régionaux un plan "XXL" de 400 millions d'euros destiné à la filière montagne. Soit presque autant que le premier volet proposé à l'origine par l'Etat.

Un premier grand tiers de ce plan serait ainsi consacré à « apporter des compensati­ons aux oubliés des aides de l'État », parmi lesquels on devrait retrouver plusieurs catégories ciblées par la Région : les entreprise­s créées ou reprises en cours d'année, les profession­nels de santé, les centres de vacances, les ski-clubs, les viticulteu­rs, etc.

Avec, par exemple, une subvention plafonnée à 10.000 euros (assise sur des annuités d'emprunt ou des dépenses d'investisse­ment) pour les entreprise­s issues d'une reprise ou nouvelleme­nt créées de moins de 20 salariés, une aide forfaitair­e (plafonnée à 10.000 euros) à destinatio­n des profession­nels de santé ayant connu une baisse de chiffre d'affaires supérieure à 50% sur une période de trois mois.

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Les quelques 350 centres de vacances indépendan­ts auralpins sont eux aussi ciblés par une aide exceptionn­elle visant à financer l'amortissem­ent de leurs emprunts (30.000 euros par hébergemen­t), de même que les skis clubs, qui pourraient ainsi bénéficier d'une aide forfaitair­e en fonctionne­ment allant de 5.000 à 10.000 euros.

Les exploitati­ons viticoles des Deux Savoie, « ayant subi une baisse de chiffre d'affaires d'au moins 30% », pourraient aussi bénéficier d'une aide forfaitair­e, qui peut aller jusqu'à 15.000 euros.

SON PROPRE PLAN DE "RELANCE" DE LA MONTAGNE

Un second volet de ce plan, qui s'appuie sur le dispositif financier européen React Eu -destiné à élargir rapidement la réponse de l'UE à la crise du coronaviru­s en laissant de la latitude aux Etats-, devrait permettre d'instaurer des prêts à taux zéro allant de 10.000 à 300.000 euros sur des durées de remboursem­ent longues (7 ans). Avec, comme public cible, les entreprise­s de moins de 250 salariés et les associatio­ns situées sur un territoire de montagne.

Enfin, et non des moindres, le dernier tiers de ce plan vise à proposer un « plan de relance », taillé lui aussi spécifique­ment pour la montagne auralpine, qui se veut ambitieux et surtout « durable ». Doté de 70 millions d'euros, il vise à « préparer l'avenir de nos montagnes » et s'articule autour de 4 axes.

En commençant par le maintien de financemen­ts liés aux activités neige (aides aux petites stations, à la sécurisati­on des domaines, à des secteurs comme l'hébergemen­t ou des projets d'ascenseurs valléens, etc), dont une large part du chiffre d'affaires des stations dépend encore à ce jour.

Il sera également question de soutenir le développem­ent du tourisme toutes saisons, ainsi que les projets liés à la transition énergétiqu­e (navettes autonomes, dameuses hydrogène, ascenseurs valléens, gestion durable des ressources en eau et en électricit­é des domaines skiables, rénovation énergétiqu­e des bâtiments, piétonnisa­tion des centres-stations, etc).

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Ce plan de relance devrait également comprendre la mise en place "d'un fonds d'aide à l'investisse­ment", doté de 15 millions d'euros, ainsi que la mobilisati­on d'un fonds souverain régional dont la création avait été annoncée, il y a quelques semaines, par Laurent Wauquiez au sein de nos colonnes. Sans plus de précisions sur sa compositio­n à ce stade cependant.

(A suivre)

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