La Tribune

Malgré le Covid, Veolia se dit "résilient" et déterminé à acheter Suez

- GIULIETTA GAMBERINI

En 2020, le chiffre d'affaires a baissé de 4,3%, et le bénéfice net de 86%. Veolia s'appuie toutefois sur les performanc­es du 4e trimestre pour prévoir en 2021 un chiffre d'affaires supérieur à 2019, et pour finaliser son projet de fusion avec Suez.

Malgré des performanc­es en baisse en raison de la crise sanitaire, Veolia compte continuer de tracer sa route. Lors de la présentati­on de ses résultats sur l'exercice 2020, le groupe de services à l'environnem­ent a en effet affiché son optimisme quant à sa capacité non seulement à rebondir en 2021, mais aussi à mener à terme son projet de fusion avec son rival Suez, annoncé fin août.

Pourtant, le chiffre d'affaires de la société a baissé de 4,3% en 2020, en s'établissan­t à 26 milliards d'euros. Le bénéfice net a même chuté de 86%, jusqu'à 86 millions d'euros. Le PDG de de Veolia, Antoine Frérot, souligne toutefois les performanc­es encouragea­ntes du 3e trimestre, lorsque "l'activité du groupe a retrouvé son niveau de 2019", et encore plus du quatrième trimestre, lorsque le chiffre d'affaires a crû de 0,9% à changes constants et l'excédent brut d'exploitati­on (Ebitda) de 4,2% par rapport à la même période de l'année précédente, et ce malgré la deuxième vague du Covid en Europe.

Grâce une mobilisati­on rapide, ainsi qu'à une réduction des coûts de 550 millions d'euros (deux fois plus qu'initialeme­nt prévu), "les conséquenc­es du Covid ont été adressées en moins de 9 mois", résume Antoine Frérot.

MAINTIEN DU PLAN STRATÉGIQU­E POUR 2023

Cette "résilience" justifie la confiance affichée par Veolia pour 2021. Cette année, le groupe prévoit en effet un chiffre d'affaires dépassant le niveau de 2019, et un Ebitda supérieur à 4 milliards, en croissance de plus de 10% par rapport à 2020, aussi grâce à de nouvelles économies de 350 millions d'euros. Veolia, qui propose pour 2020 d'augmenter le dividende de 0,70 euros par action, affiche l'objectif de revenir ensuite à sa politique de distributi­on d'avant crise, et de réduire sa dette financière nette en dessous de 12 milliards d'euros.

Convaincu que 2020 a prouvé le bon équilibre de son portefeuil­le réparti entre diverses régions géographiq­ues et entre clients municipaux et clients industriel­s de plusieurs secteurs, Veolia confirme également le maintien de son plan stratégiqu­e pour 2023, ainsi que son intention de poursuivre la rotation d'actifs et les investisse­ments annoncés en mars 2020.

Lire: Veolia irrigue sa stratégie 2020-2023 de sa raison d'être

UN ACCORD À LA FUSION "D'ICI 7 À 13 MOIS"

Malgré la farouche opposition de sa cible, Veolia, qui le 5 octobre a acheté 29,9% des capitaux de Suez à Engie, reste déterminé à poursuivre son projet de fusion. Le groupe a d'ailleurs marqué cette semaine un nouveau point dans la guerre judiciaire qui l'oppose à son concurrent: le tribunal de commerce de Nanterre, qui lui avait ordonné de suspendre l'offre publique d'achat (OPA) hostile déposée le 8 février devant l'Autorité des marchés financiers, s'est finalement déclaré incompéten­t, renvoyant l'affaire devant le tribunal de commerce de Paris. Le financemen­t de l'opération est "sécurisé", et le dialogue avec les autorités de la concurrenc­e se poursuit, a assuré Veolia, qui espère désormais obtenir un accord à la fusion "d'ici 7 à 13 mois".

Les discussion­s avec Suez n'ont toutefois pas avancé, a admis Antoine Frérot. Il y a deux jours, le PDG de Veolia a renouvelé sa propositio­n d'exposer son projet devant le Conseil d'administra­tion de sa cible, qui doit d'ailleurs instruire l'OPA qu'il a déposée, souligne-t-il. Il se dit également prêt à négocier les conditions nécessaire­s afin que Suez Eau France, qui devra être cédé pour des raisons antitrust, soit un concurrent solide et de long terme.

JE SERAI LE MEILLEUR MÉDIATEUR"

Antoine Frérot refuse toutefois de discuter tout projet alternatif à celui de Veolia. Quant à la propositio­n de plusieurs parlementa­ires et du gouverneme­nt de nommer un médiateur dans ce dossier sensible, il n'en voit pas l'utilité:

"Sur la mise en oeuvre de notre projet, je serai le meilleur médiateur ", a-il affirmé.

Pourtant, en janvier, Suez, soutenu par les fonds Ardian et GIP, avait proposé de discuter autour de solutions alternativ­es. Veolia compte sur l'attractivi­té de son offre de 18 euros par action pour convaincre les actionnair­es de Suez, qui seront sans doute amenés à se prononcer sur le projet de fusion lors de l'assemblée générale ordinaire prévue en mai.

Jeudi matin à la Bourse de Paris, les investisse­urs se montraient plutôt convaincus. A 13h34, l'action de Veolia progressai­t de 0,99% à 23,58 euros, dans un marché en progressio­n de 0,02%. Suez doit publier à son tour ses résultats annuels vendredi.

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