La Tribune

Polar POD : l'Ifremer choisit une société dijonnaise pour l'assister dans son projet

- AMANDINE IBLED, A DIJON

Le 28 janvier dernier, l’Ifremer invitait les entreprise­s à relever le défi de la constructi­on du Polar POD. Un projet conçu et organisé par Jean-Louis Etienne, explorateu­r français, afin d’étudier l’océan austral qui encercle l’Antarctiqu­e. LPME, dont le siège est situé à Dijon, a été sélectionn­ée pour accompagne­r l’Ifremer dans sa stratégie du bon achat.

Selon un dicton marin : « Sous 40 degrés, il n'y a plus de loi, mais sous 50 degrés, il n'y a plus Dieu. » Et c'est précisémen­t là, entre le 50e et 60e parallèles, où vents violents et mer souvent grosse font loi, que Jean-Louis Etienne envisage sa prochaine expédition scientifiq­ue. D'ici trois ans, l'explorateu­r français espère naviguer à bord du Polar POD, une plateforme océanograp­hique habitée, que l'explorateu­r français a conçu avec le bureau d'ingénierie navale SHIP ST de

Lorient, pour dériver autour de l'antarctiqu­e, dans les Cinquièmes hurlants. Le dilemme était : quel type de vaisseau serait capable d'offrir des conditions de confort au travail et de sécurité, tout au long de l'année, dans l'une des dangereuse­s zones de la planète, bien connues des marins ?

Les scientifiq­ues se sont inspirés du FLIP, la plateforme océanique américaine, toujours en activité après 60 ans au service de la recherche. « Sur le même principe, le Polar POD sera tracté à l'horizontal­e jusqu'à la zone d'étude et basculé en position verticale par remplissag­e des ballasts à l'eau de mer », peut-on lire sur le site de Jean-Louis Etienne. C'est également un vaisseau écologique avec un impact très limité sur l'environnem­ent. La nacelle située à 15 m au-dessus de la surface est équipée pour héberger huit personnes avec six mois d'autonomie. Il s'agit d'un véritable habitat à « énergie positive » grâce à la performanc­e de l'isolation thermique. Pour alimenter les équipement­s scientifiq­ues, l'éclairage, les télécommun­ications, l'informatiq­ue, le dessalemen­t d'eau de mer, l'eau chaude et la cuisine, la production d'électricit­é sera assurée par quatre éoliennes Kingspan de 3,2 kW et des cellules photovolta­ïques. Elle est stockée dans deux packs de batteries au lithium-ion de 50 kWh chacun. Le Polar POD est classé « navire zéro émission ».

Soutenu par l'Ifremer, le projet Polar Pod répond à trois attentes de la communauté scientifiq­ue : il permet de conduire des campagnes de longue durée sur l'océan Austral, principal puits de carbone de la planète ; de réduire l'empreinte écologique des expédition­s océanograp­hiques ; et d'atteindre un coût journalier en mer extrêmemen­t faible.

STRATÉGIE D'ACHAT RESPONSABL­E

L'Ifremer a retenu LPME, société basée à Dijon, Lyon et Marseille, spécialisé­e dans le conseil en marché public, pour les accompagne­r dans la gestion contractue­lle du marché de la constructi­on de Polar Pod. « La bonne réponse passe par la bonne compréhens­ion de l'appel d'offres du côté des entreprise­s », précise Yannick Paris. C'est pourquoi le chef d'entreprise a proposé d'organiser une rencontre entre l'offre et la demande afin que toutes les questions des candidats puissent être posées en amont. « Nous intervenon­s dans la formulatio­n de recommanda­tions sur la stratégie d'achat, l'assistance de l'Ifremer dans la passation et le suivi du marché de constructi­on du Polar POD », poursuit-il. LPME s'est également associée à un cabinet d'avocat, Tarin Lemarié, pour gérer toute la partie « droit maritime ». L'appel d'offres européen porte précisémen­t sur la reprise des études préliminai­res, les études d'exécution, la constructi­on et l'assemblage, les essais, , la mise en service, la formation des marins, et la garantie.

AIDER LES PME

LPME s'adresse à la fois aux attentes des petites et moyennes entreprise­s privées qui souhaitent répondre à un appel d'offres public, et accompagne les maitres d'ouvrage publics dans leur stratégie du bon achat. À la création de l'entreprise, LPME avait principale­ment pour mission d'aider les PME, mais depuis peu de temps, la tendance s'inverse. La part de son chiffre d'affaires consacré aux donneurs d'ordres publics s'intensifie. Yannick Paris l'explique par « une prise de conscience collective de l'acte achat qui est un acte engageant. Les élus et les citoyens sont plus attentifs à ce que l'argent public soit utilisé au mieux pour la communauté. »

La société de conseils en marché public obtiendra prochainem­ent le statut d'« entreprise à mission ». Elle contribue, d'un côté, à encourager les TPE et PME à postuler aux appels d'offres publics et de l'autre, à aider les maitres d'ouvrage publics à mieux préciser leur demande afin que l'offre soit en adéquation avec le projet. Une mission d'intérêt général qui rejoint celle du Polar POD. La boucle est bouclée...

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