La Tribune

La solidité financière d'Axa résiste à la crise

- ERIC BENHAMOU

Le groupe d’assurance affiche un ratio de solvabilit­é de 200%, supérieur aux attentes, ce qui permet à Axa de distribuer un dividende élevé. Toutefois, les résultats 2020 sont globalemen­t conformes aux prévisions des analystes, avec une facture totale liée au Covid de 1,5 milliard d’euros, soit le montant annoncé en juin dernier. Le groupe mise sur un résultat opérationn­el de 1,2 milliard d’euros pour sa filiale Axa XL en 2021.

« Nous avons très bien résisté à la crise », résume Thomas Burberl, directeur général d'Axa, lors de la présentati­on des résultats annuels du groupe d'assurance. Un avis partagé par le marché, où le titre gagne plus de 2% en matinée. Une hausse également soutenue par l'annonce du versement d'un dividende de 1,43 euro en 2021, soit un rendement de 7% aux cours actuels.

Malgré les appels à la modération des régulateur­s européen (EIOPA) et français (ACPR), les deux assureurs français cotés, Axa et Scor, ont malgré tout décidé de revenir à une politique généreuse de redistribu­tion aux actionnair­es. Mais il est vrai que les recommanda­tions des régulateur­s en matière de dividende sont moins contraigna­ntes dans l'univers de l'assurance que dans celui de la banque.

Les résultats d'Axa en 2020 sont globalemen­t en ligne avec les attentes des analystes financiers. Le chiffre d'affaires (primes) reste stable (-1%) à 97 milliards d'euros et le résultat opérationn­el, en recul de 34% à 4,3 milliards d'euros, est affecté, comme prévu, par la crise sanitaire.

OBJECTIF RENTABILIT­É POUR AXA XL

La facture du Covid, sur l'année 2020, est conforme aux prévisions du groupe de juin dernier, soit 1,5 milliard d'euros, pour l'essentiel portée par Axa XL, la filiale grands risques du groupe. Au second semestre, le groupe a constaté une hausse des pertes liées au Covid mais cette hausse a été compensée par la baisse de sinistrali­té en assurance de particulie­rs, plus forte que prévu.

Au total, Axa XL affiche une perte opérationn­elle de 1,4 milliard d'euros en 2020 mais le groupe confirme son objectif de retour à la profitabil­ité de sa filiale en visant un résultat opérationn­el de 1,2 milliard en 2021. Pour parvenir à ce résultat, le groupe compte sur sa nouvelle politique de souscripti­on, plus restrictiv­e, la réduction de son exposition aux risques de catastroph­es naturelles et la mise en place d'une couverture de réassuranc­e spécifique sur certains risques, notamment les sinistres de responsabi­lité civile aux Etats-Unis.

Mais la filiale entend également pleinement profiter du nouveau cycle haussier des tarifs dans l'assurance dommages aux entreprise­s, qui ont déjà progressé de 20% l'an dernier, et même de 22% au dernier trimestre. Axa souligne enfin le travail accompli pour restaurer la rentabilit­é de sa filiale, achetée au prix fort en 2018. « Hors les effets exceptionn­els liés à la crise, notre ratio combiné (sinistres et frais généraux rapporté aux primes encaissés, NDLR) a continué de baisser à 94,2%, pour un objectif à 93% », explique Thomas Burberl, directeur général d'Axa. « Nous sommes sur la bonne voie », ajoute-t-il.

AXA CONFIRME SON RETRAIT DU PROJET NORD STREAM 2

Sur les grands risques, l'assureur français a confirmé son retrait du projet de gazoduc Nord Stream 2 qui doit relier la Russie à l'Allemagne, un projet pourtant porté par l'Allemagne et la France. Mais la menace de sanctions américaine­s, à la suite de la condamnati­on de l'opposant russe Alexeï Nalvalny, l'a emporté. « Nous souhaitons éviter un risque géopolitiq­ue qui serait négatif pour nous et nous avons suivi la décision d'autres assureurs, beaucoup plus impliqués dans le projet »,a expliqué Thomas Burberl.

En effet, de nombreux assureurs, comme Munich Re ou Zurich Insurance, ont décidé de réduire leur exposition à ce projet, mené par Gazprom, le géant gazier russe détenu par l'Etat, et réputé très proche de Vladimir Poutine. Le retrait des assureurs risque ainsi de remettre en cause le projet, qui ne peut se concevoir sans couverture d'assurance.

BONNE DYNAMIQUE COMMERCIAL­E

Malgré la crise, le ratio de solvabilit­é progresse plus que prévu pour atteindre 200% (soit 20 points de base de plus qu'en septembre dernier), ce qui démontre, selon Thomas Burberl, la « stabilité et la solidité » du groupe et la pertinence de ses choix stratégiqu­es. Toutefois, cette progressio­n de la solvabilit­é est due à un changement de modèle interne qui intègre pleinement Axa XL.

La dynamique commercial­e des métiers prioritair­es (dommages aux entreprise­s, santé et prévoyance) est « bonne » et la croissance sur ces segments « est même accélérée au troisième et quatrième trimestres ».

Enfin le groupe a poursuivi sa politique de transforma­tion du mix sur l'épargne, en se focalisant sur des produits moins consommate­urs de fonds propres. « Tous ces éléments nous permettent de bien commencer cette année 2021, à la fois en termes de dynamique commercial­e et de profitabil­ité », conclut Thomas Burberl.

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