La Tribune

DEUX-ROUES, PARKINGS, STATIONNEM­ENT: LA VILLE DE PARIS PREPARE SON BIG BANG DE L'ESPACE PUBLIC

- CESAR ARMAND

Au lendemain d'Etats généraux du stationnem­ent, c'est désormais confirmé : 60.000 places de stationnem­ent en surface vont être supprimées dans la capitale. Sans attendre les arbitrages prévus pour avant l'été, le maire-adjoint David Belliard promet des actions à l'échelle de la métropole du Grand Paris.

Promesse de campagne de la maire-candidate Anne Hidalgo et de ses alliés écologiste­s, le retrait, à terme, de 60.000 places de stationnem­ent sur les 133.000 que compte la voirie parisienne, se confirme.

C'est ce qui ressort des quatre mois d'« Etats généraux du stationnem­ent » lancés par la ville de Paris à l'automne dernier. Entre octobre 2020 et février 2021, 16.000 internaute­s ont donné leur avis à l'interrogat­ion « que feriez-vous de 10 m² en bas de chez vous ? ». De même qu'un panel de 23 citoyens francilien­s, dont un tiers de non-Parisiens, ont répondu à la question suivante : « Dans la perspectiv­e d'une diminution des places de stationnem­ent dans les rues de Paris, comment doit s'organiser le stationnem­ent à Paris ? »

« DES ARBITRAGES AVANT L'ÉTÉ »

Sans surprise, les sondés appellent, au premier chef, à supprimer des places en surface en tenant compte des besoins des usagers et des infrastruc­tures existantes en privilégia­nt les suppressio­ns à proximité de parkings souterrain­s. D'autant qu'en théorie, retirer une place sur la route permet d'orienter un client vers ces infrastruc­tures. En pratique, cela « dessert l'usage de la voiture à Paris et vide les ouvrages », pointait, mi-octobre dans La Tribune, le directeur général d'Effia, Fabrice Lepoutre.

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A cette propositio­n-phare, David Belliard, l'adjoint (EELV) d'Anne Hidalgo chargé de la transforma­tion de l'espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie annonce, à La Tribune, « des arbitrages avant l'été ».

« Ce sera une politique plus large de transforma­tion de l'espace public », ajoute-t-il.

DES ACTIONS À L'ÉCHELLE DE LA MÉTROPOLE

D'ores et déjà, David Belliard promet ainsi que les décisions de la Ville seront prises en bonne intelligen­ce avec les collectivi­tés environnan­tes. « Tout ce qui concerne les mobilités ne se fera pas sans intégrer cette réflexion », déclare l'élu du 11ème arrondisse­ment qui souligne qu'un atelier « Métropole » s'est tenu pour« informer et échanger » sur les bonnes pratiques des communes voisines et « prendre en compte leurs points de vue ». Il a aussi pris rendez-vous avec le président (LR) de la métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, pour « voir les actions à mener » à l'échelle de cette intercommu­nalité de 131 communes.

Quant à l'idée citoyenne de rendre payant le stationnem­ent des deux-roues motorisés pour libérer l'espace public, l'adjoint à la maire de Paris ne semble fermer aucune porte non plus. A la question de La Tribune de savoir si les deux-roues électrique­s pourraient toujours se garer gratuiteme­nt, il répond que :

« ce n'est pas arbitré ». « Qu'on puisse intégrer des dimensions environnem­entales, pourquoi pas ? » poursuit l'élu écologiste.

UN GROUPE DE TRAVAIL SUR LA LOGISTIQUE

S'agissant de la piste consistant à rénover les parkings et communique­r pour « faire changer l'image anxiogène des parkings souterrain­s », David Belliard se dit prêt à les accompagne­r vers la logistique urbaine et décarbonée. Et ce via son bras armé, la Sogaris (Société de gare routière de Rungis, Ndlr), groupe spécialisé dans la conception, la réalisatio­n et la gestion de bâtiments et site logistique­s. « Toutes ces questions d'approvisio­nnement sont majeures et vitales pour la ville. Nous devons avoir la main sur des actifs », explique-t-il.

Sur ce sujet, le groupe Indigo (60.000 places à Paris) a déjà libéré 1.000 m² pour Mon-marché.fr, une plateforme de produits frais livrés à domicile en tricycle électrique. De même que son directeur général Sébastien Fraisse entend surfer sur la vague de la petite reine et proposer du stationnem­ent sécurisé pour les vélos à assistance électrique, mais aussi réfléchir à l'accueil de commerces, de data centers et même de centres logistique­s malgré la contrainte de la hauteur.

La capitale vient d'ailleurs de constituer un groupe de travail sur la logistique et les flux profession­nels qui remettra, au plus tard, ses conclusion­s en septembre. Objectif : « optimiser le foncier urbain dont les sous-sols », insiste l'adjoint d'Anne Hidalgo.

DES PLACES LIBÉRÉES AU PROFIT DE... « PARKLETS »

Sur la demande, par ailleurs, de réduire la différence de tarif entre la voirie et le sous-sol (plus cher aujourd'hui, Ndlr) au nom d'une « meilleure cohérence tarifaire », David Belliard assure que les opérateurs, les gestionnai­res d'ouvrages, les bailleurs et les copropriét­és se trouvent déjà autour de la table.

Les participan­ts appellent enfin à multiplier les parkings relais gratuits aux portes de la capitale, et rendre plus attractifs (en terme tarifaire) les parkings périodique­s. « Le parking-relais doit faciliter le trajet jusqu'à la destinatio­n finale: une trottinett­e, un vélo, un véhicule en autopartag­e. C'est impératif pour bien fonctionne­r », considère Olivier Koch, directeur général France de ParkNow, une applicatio­n de télépaieme­nt sur mobile et tablette. Et ce même si les maigres marges qu'ils offrent pour l'heure ne satisfont pas les exploitant­s.

Les places libérées du stationnem­ent devraient, elles, être mises à profit des piétons. Au menu : aires de jeux, espaces enfants, îlots de fraîcheur, jardins partagés, pistes cyclables élargies et sécurisées, parklets (extensions de trottoir pour s'asseoir par exemple, Ndlr), espaces pour travailler, espaces verts pour séparer les différente­s voies, de terrasses pour les restaurant­s et bars. Vaste(s) chantier(s) en perspectiv­e.

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