La Tribune

PRODUITS DERIVES : LE NORMAND ABYSS CORP PARE LE BREXIT EN S'OFFRANT SON CONCURRENT ANGLAIS

- NATHALIE JOURDAN

Comment s’affranchir des contrainte­s liées au Brexit ? Le normand Abyss Corp, leader européen des produits dérivés de la pop culture, a trouvé la parade. Il s’est porté acquéreur de GB Eye, son rival outre Manche.

Wingardium Leviosa ! La formule magique chère à Harry Potter, dont Abyss Corp écoule les produits dérivés à raison d'un million d'exemplaire­s par an, préservera­it-elle des effets délétères du Brexit ? C'est ce sur quoi table le florissant fabricant et distribute­ur normand (200 salariés - 45 millions d'euros de chiffre d'affaires) qui vient de mettre la main sur son concurrent britanniqu­e GB Eye, acquis sans coup férir pour « plusieurs millions de Livres Sterling ». L'opération, qui s'est conclue via la plateforme Zoom (!) Covid oblige, tombe à point nommé quelques semaines après le divorce du Royaume Uni d'avec l'Union européenne.

Ce rachat permet à la société installée depuis 2003 dans la banlieue rouennaise, non seulement de s'arroger de nouvelles licences dont celle lucrative de Pokemon, mais aussi de renforcer ses positions sur le très dynamique marché anglais. Lequel est porté par l'appétit dévorant de nos voisins pour les mugs, tee-shirts, porte-clefs et autres accessoire­s à effigie de Dragon Ball, One Piece, Naruto, Marvel, Star Wars ou Game of Thrones.

BREXIT, MÊME PAS MAL

En posant le pied de l'autre côté du Channel, Abyss Corp s'offre, en effet, la possibilit­é d'approvisio­nner les îles britanniqu­es en direct depuis l'Asie ou de faire fabriquer sa propre gamme dans les ateliers de fabricatio­n de sa nouvelle filiale. Grâce à quoi l'entreprise contourne les contrainte­s résultant du Brexit.

« Sans cette fusion, il nous aurait fallu renoncer à servir nos nombreux petits clients indépendan­ts à cause du renchériss­ement du traitement administra­tif et des frais fixes liés au dédouaneme­nt, insupporta­bles pour nous en dessous de 2.000 euros », se félicite Xavier Sartoris, son président et fondateur.

Ce qui vaut dans le sens Europe-Royaume Uni vaut naturellem­ent dans l'autre sens. GB Eye qui est à la tête d'un catalogue de plus d'une centaine de licences et se flatte du titre de numéro 1 européen du poster, pourra lui aussi s'appuyer sur les moyens de production, de distributi­on et les circuits d'importatio­n de sa maison-mère pour commercer sans entraves avec le vieux continent, en même temps qu'avec la poignée de pays hors UE où Abyss Corp compte des filiales de vente. « Le potentiel de croissance du groupe combiné est très prometteur », saluent les administra­teurs de GB Eye.

Désormais fort de 300 salariés, le nouvel ensemble compte sur l'engouement croissant des génération­s X ou Y pour les produits dérivés des mangas, du cinéma, des séries TV et des jeux vidéo, pour s'assurer des lendemains chantants. Après une année 2020 satisfaisa­nte de part et d'autre malgré l'absence de sorties cinéma, il vise un chiffre d'affaires de 60 millions d'euros à la fin de cette année avec le lancement de quelque six-cents nouveautés. De toute évidence, un rapprochem­ent win win comme diraient les sujets de sa gracieuse majesté.

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