La Tribune

COMWATT RAPATRIE LA FABRICATIO­N DE SES BOX CONNECTEES EN FRANCE

- CECILE CHAIGNEAU

L’entreprise montpellié­raine Comwatt, spécialisé­e dans les solutions d’autoconsom­mation d’électricit­é solaire, franchit un nouveau cap en fabricant désormais elle-même en France la 4e génération de sa box connectée, dans son usine en Alsace.

Comwatt propose des solutions de gestion intelligen­te de l'énergie visant à réduire automatiqu­ement et jusqu'à 70% la consommati­on d'énergie via un kit d'autoconsom­mation. Reliée à une installati­on photovolta­ïque, sa box Comwatt Power gère en temps réel le déclenchem­ent en priorité des équipement­s les plus énergivore­s lorsque l'électricit­é est produite, mais assure aussi le pilotage des climatisat­ions et autres pompes à chaleur. Comwatt revendique à ce jour 23.000 clients utilisateu­rs de sa technologi­e.

Créée en 2013 à Montpellie­r, Comwatt a fait le pari de synchronis­er production et consommati­on via sa box. Si l'entreprise s'est d'abord concentrée sur le software (algorithme­s brevetés capables de piloter la consommati­on du logement, en prenant en compte les besoins des résidents, leurs habitudes, ainsi que l'inertie thermique des équipement­s et du bâtiment) en achetant l'électroniq­ue à des fabricants au Royaume Unis, en Allemagne ou en Chine, elle vient de franchir un nouveau cap en rapatriant en France la fabricatio­n de sa box 4e génération qui sort aujourd'hui et sera vendue à compter de la semaine prochaine.

UN PLAN R&D DE 5 MILLIONS D'EUROS

« Dans un projet d'autoconsom­mation, il n'y a pas que les panneaux solaires, rappelle Grégory Lamotte, cofondateu­r et dirigeant de Comwatt. Dans l'imaginaire collectif, choisir le photovolta­ïque, c'est créer des emplois en Chine... Il y a vingt ans, c'était vrai car le panneau représenta­it alors 90% de la création de valeur du projet. En 2021, les panneaux photovolta­ïques, dont le prix a été divisé par 40 pour passer de 8 €/Wc à 0,2 €/Wc, représente­nt moins de 10% du prix du projet résidentie­l en autoconsom­mation. Cette situation ouvre des opportunit­és très intéressan­tes de création de valeur autour du module photovolta­ïque dans la gestion de l'énergie et les services associés. »

D'intégrateu­r, Comwatt devient donc fabricant du volet hardware de sa technologi­e. Depuis trois ans, l'entreprise annonce avoir investi 5 millions d'euros dans un plan R&D afin de faire elle-même les composants dont elle a besoin pour sa box. Ce qui lui permet d'augmenter l'efficacité de l'autoconsom­mation tout en réduisant les coûts globaux. Outre les coûts, la sous-traitance à l'étranger de la fabricatio­n de ses équipement­s avait aussi des limites en raison de la « non-maîtrise de toute la chaîne technique qui provoque des risques sur la qualité » et de «la facilité pour un concurrent de proposer une copie rapidement ».

« Nous travaillon­s ainsi en circuits courts, ce qui est une façon d'être cohérents jusqu'au bout dans notre démarche », ajoute Grégory Lamotte.

3.000 BOX PAR MOIS

La conception électroniq­ue, la fabricatio­n des prototypes, les tests, les homologati­ons et la fabricatio­n industriel­le sont réalisés sur trois sites en France : le développem­ent informatiq­ue à Montpellie­r, l'usine de fabricatio­n à Strasbourg et le volet homologati­on des produits à Paris.

« Nous allons d'ailleurs faire homologuer notre box par Origine France Garantie », souligne le dirigeant montpellié­rain.

L'usine de Comwatt à Strasbourg (© Comwatt).

Les capacités de production sont actuelleme­nt de 3.000 box par mois, mais Comwatt se dit en mesure de pouvoir augmenter le nombre de lignes de production pour rapidement monter à 10.000 box par mois.

« Aujourd'hui, nous sommes principale­ment sur le marché de l'autoconsom­mation individuel­le et d'ici dix ans, ce sont entre 4 et 10 millions de maisons qui pourraient passer à l'autoconsom­mation, explique Grégory Comwatt. Mais cette technologi­e est facilement adaptable à d'autres sujets connexes comme l'autoconsom­mation collective, les communauté­s d'énergie ou la facturatio­n dynamique, c'est à dire le prix de l'énergie différente à chaque heure. C'est notamment ce marché colossal que nous visons à terme. Nous sommes persuadés qu'au même titre qu'il y a une box derrière chaque abonnement télécom, il se passera la même chose dans le secteur de l'énergie, ce qui permettra la facturatio­n dynamique. Et nous voulons mettre les box Comwatt dans les offres commercial­es. Dans le secteur de l'énergie digitale, il existe donc un véritable boulevard devant nous pour l'innovation technologi­que "made in France". »

GÉRER UN MILLION DE CLIENTS

Le plan R&D a également permis à Comwatt de créer sa plateforme d'objets connectés « de manière à ce qu'elle soit en capacité de gérer jusqu'à un million de clients, qu'on espère atteindre d'ici cinq ans », précise Grégory Lamotte. Car le dirigeant, qui a développé des services associés acquisitio­n digitale, dimensionn­ement, visio-vente, démarches administra­tives, gestion des processus qualité et accompagne­ment client - voit grand.

« Comwatt, qui travaille déjà avec Mint Énergie, Ekwateur ou Selectra, a été retenue par Ikea, qui commercial­ise une offre d'installati­on de panneaux solaires, en partenaria­t avec Voltalia, depuis septembre 2020 en France. Nous sommes sous-traitants de Voltalia pour cette offre. »

Comwatt, qui emploie aujourd'hui 50 salariés, annonce un chiffre d'affaires 2019 de 3 millions d'euros.

Son dirigeant, qui avait levé 1,2 million d'euros en 2015, prévoit d'ouvrir à nouveau le capital pour un closing à l'été 2021 à hauteur de 5 à 10 millions d'euros « pour entrer sur le marché de la facturatio­n dynamique ».

Le recrutemen­t d'une vingtaine de personnes devrait intervenir à l'issue de cette opération financière.

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