L'EBENISTE HERVET MANUFACTURIER FAIT FEU DE TOUT BOIS DE HONG-KONG A LOS ANGELES
La marqueterie semblait passée de mode. Or les créations de meubles et autres objets rétrofuturistes conçus par cette petite manufacture du Perche font le tour du monde.
Il faut disposer d'un peu de temps - au moins trois mois de délai pour chaque commande - et d'un portefeuille bien garni pour s'offrir l'un des douze exemplaires - douze et pas un de plus - de chacune des oeuvres d'Hervet Manufacturier. A défaut, il est permis de s'abimer dans la contemplation de leurs étonnantes créations qu'on croirait toutes droites sorties d'un épisode de Star Trek. Eux, ce sont les cousins Hervet, rejetons d'au moins cinq générations de travailleurs du bois, foi d'arbre généalogique.
Nicolas, ébéniste et marqueteur de profession et par passion, est aux commandes de leur atelier niché dans la campagne normande, à un jet de pierre de la riante bourgade de Bellême. Cédric, diplômé de la vénérable école Boulle, a posé ses valises à Los Angeles pour rester proche des Daft Punk dont il fut directeur artistique et pour qui il a dessiné une gamme de skateboards. Entre les deux cousins quadras biberonnés à la pop culture, une osmose parfaite que le décalage horaire est impuissant à perturber.
L'ANTI FAST FASHION
La fabrication est 100% made in Perche mais le design se fait à quatre mains et exclusivement à partir de bois précieux : palissandre dos santos, ébène de Macassar, zebrano d'Afrique... La « patte » Hervet est reconnaissable entre mille avec ses angles aigus adoucis par des stries ondulantes. N'entrent dans la manufacture « que des bois d'exception à grosses veines » insiste Nicolas qui avoue un faible pour les chanfreins par opposition aux moulures. Ou comment dépoussiérer la marqueterie.
Depuis qu'il a pignon sur rue dans la capitale, l'ébéniste est aussi approché par des grands comptes dont un célèbre horloger récemment. Il a ainsi conçu pour PSA le tableau de bord du concept car e-Legend habillé d'un placage de paldão, une essence importée des Philippines. Mais les futurs clients sont prévenus, ils vont devoir faire preuve de patience. En bons artisans d'art, les cousins n'aiment pas jouer la montre mais ils songent à créer une nouvelle gamme d'objets accessibles à toutes les bourses avant, peut-être, d'ouvrir leur propre école de formation dans le bocage normand. Un vieux rêve.