La Tribune

"IL Y A DAVANTAGE UNE PART DE RESPONSABI­LITE COLLECTIVE PLUTOT QUE D'INTERET PERSONNEL" (AURELIEN PRADIE, LR)

- PIERRICK MERLET

ENTRETIEN. La tête de liste du parti Les Républicai­ns pour les élections régionales en Occitanie revient, pour La Tribune, sur les motivation­s de sa candidatur­e. Il place cette dernière sous le signe du courage et de la clarté.

La Tribune - Votre nom circule depuis plusieurs mois, avec d'autres, pour mener la liste du parti Les Républicai­ns à l'occasion des élections régionales en Occitanie. Pourquoi avoir pris autant de temps ?

Aurélien Pradié - Il y a deux raisons principale­s. Tout d'abord, je suis une personne qui a besoin de réflexion avant de prendre un tel engagement, contrairem­ent à d'autres qui s'engagent sur un coup de tête et tentent un coup politique. Il n'y a pas eu d'hésitation mais une réflexion sur plusieurs mois. Par ailleurs, je veux que ma candidatur­e soit une candidatur­e de rassemblem­ent, donc il était important pour moi d'avoir le soutien des élus locaux. Dans cette démarche, j'ai été encouragé par Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, mais aussi par d'autres élus locaux qui s'exprimeron­t dans les jours à venir. Les habitants du Lot me soutiennen­t tout autant dans cette bataille et c'était un élément important pour moi.

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Au-delà de l'adhésion que peut susciter votre candidatur­e sur le terrain, ne craignez-vous pas d'avoir un espace politique trop restreint pour espérer quoi que ce soit, entre un ancien LR sous l'étiquette RN et un candidat centriste qui a quitté aussi votre parti en 2017 ?

Nous sommes dans un moment politique où le courage et les valeurs doivent redevenir essentiels. Je ne supporte pas les uns et les autres qui se cachent derrière leur petit doigt, entre ceux du RN qui osent à peine dire qu'ils sont du RN et un candidat LREM qui semble avoir du mal à dire qu'il est LREM. Je suis désolé de le dire ainsi, mais ce qui tue la politique de notre pays aujourd'hui, c'est le bas des focus. En Occitanie, les électeurs auront le choix entre les girouettes, les opportunis­tes et le choix de la clarté. Je suis convaincu que mon positionne­ment peut rassurer les électeurs.

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D'après les premiers sondages, vous êtes classé en troisième position avec 13 à 14% des intentions de vote, bien loin des deux favoris sur le papier, à savoir la présidente socialiste sortante Carole Delga, et le candidat RN Jean-Paul Garraud, qui tournent autour des 25 points. Qu'espérez-vous dans ces conditions ?

Pour moi, c'est une manière de lancer une relation de confiance et durable avec les habitants de toute l'Occitanie, comme j'ai pu le faire jusqu'à présent avec les habitants du Lot. Reconnaîtr­e que la bataille en Occitanie sera difficile est aussi une manière de faire preuve d'humilité. Avec les habitants de cette région, il faudra prendre le temps de se connaître. La politique est une affaire de temps long.

Si nous pouvons voir votre candidatur­e comme une prise de position pour le futur et pourquoi pas 2026, votre nomination n'est-elle pas aussi un moyen de faire barrage au Rassemblem­ent National, qui peut arriver en tête en Occitanie au soir du premier tour de ces élections régionales ?

Je veux être franc, dans cette décision, il y a davantage une part de responsabi­lité collective plutôt que d'intérêt personnel. Dans cette élection, je n'ai que des coups à prendre j'ai envie de dire, mais à 34 ans, ce sera aussi pour moi l'occasion d'apprendre au cours de cette expérience fabuleuse. Enfin, je suis un républicai­n et je refuse que notre camp politique soit remplacé par le Rassemblem­ent National, en Occitanie et partout ailleurs.

N'était-il pas plus simple de faire une alliance avec LREM, comme pour les élections municipale­s à Toulouse à travers Jean-Luc Moudenc, ou comme cela semble se profiler pour les élections départemen­tales en Haute-Garonne ? Ou ce scénario était-il impensable à un peu plus d'un an de l'élection présidenti­elle ?

Les électeurs sont attentifs aux positionne­ments de chacun et je peux vous l'assurer, il n'y aura pas d'accord d'appareil politique pour notre parti dans ce scrutin, je veux être clair à ce sujet. Je mène désormais une liste de rassemblem­ent et notre porte sera grande ouverte aux individus pour leur talent et non pas pour leur étiquette politique.

En tant que candidat maintenant, quel est votre regard sur la gestion de la région Occitanie par Carole Delga ?

Tout d'abord, il y a un sujet autour de la gestion à proprement parlé de la collectivi­té et de ses coûts. Carole Delga a échoué sur ce sujet alors que la fusion des deux régions devait permettre de générer des économies. Je prends deux exemples. Tout d'abord, chaque assemblée plénière coûte au moins 100.000 euros à la collectivi­té car nous sommes dans l'obligation de louer une salle adaptée au nombre d'élus étant donné que la présidente actuelle refuse de réaliser les aménagemen­ts nécessaire­s sur l'un des deux hémicycles. Autre illustrati­on, la région Occitanie fait aujourd'hui l'objet d'un taux d'endettemen­t évalué à 48%, ce qui va poser un problème pour lancer de nouveaux plans d'investisse­ment. Donc la première des choses à faire, en cas de victoire, sera de mettre de l'ordre dans la gestion de la région.

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Par ailleurs, cette région, malgré son énorme potentiel, est très faible sur l'innovation et il n'y a aucun élan pour l'économie. La région se contente d'accompagne­r sagement et timidement l'économie. Elle n'est pas la locomotive qu'elle devrait être. De plus, il y a un important travail à faire sur la protection des personnes à travers la sécurité, l'emploi, la santé, la jeunesse, ou encore l'alimentair­e. Par exemple, je souhaite faire du handicap une grande cause régionale. Mais nous aurons bientôt des propositio­ns concrètes sur tous ces sujets.

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