La Tribune

A LA ROCHE-SUR-YON, L'EX-SITE DE MICHELIN DEVIENT UN POLE D'ENERGIES RENOUVELAB­LES

- FREDERIC THUAL

Fermée depuis près d’un an et demi, l’ex-usine de production de pneus de la Manufactur­e française de pneumatiqu­es Michelin à la Roche-sur-Yon va être transformé­e en pôle d’innovation­s dédié aux nouvelles technologi­es de l’énergie. Destiné à réunir des acteurs publics et privés des énergies renouvelab­les, ce site accueiller­a dès 2021 une station de distributi­on d’hydrogène, de bioGNV et d’électricit­é verte.

C'est une autre odeur qui va flotter dans l'air de l'ancienne usine de pneus du groupe Michelin, à la Roche-Sur-Yon, fermée le 10 octobre 2019 dans le cadre d'un « plan de compétitiv­ité » annoncé par le fabricant de pneumatiqu­es le mercredi 6 janvier 2019. Au terme de longs mois de démantèlem­ent et de reclasseme­nt -en cours- des 619 employés, la direction du site vient d'annoncer la signature d'une lettre d'intention pour la création d'un futur « Pole d'innovation Energie » en lieu et place de l'usine.

« C'est un acte fondateur », se réjouit Laurent Feuillet, ex-directeur de l'usine Michelin aujourd'hui en charge de la redynamisa­tion du site, selon la terminolog­ie employée par le fabricant de pneumatiqu­es. Pour repenser l'avenir d'un lieu vaste de 20 hectares dont 6,5 h. de bâtiments, Michelin a fait appel à plusieurs cabinets d'architectu­re, d'aménagemen­t et d'urbanisme chargés d'établir plusieurs scénarios. Ils devraient rendre leur copie dans les prochaines semaines. A la marge, une partie du site actuel pourrait être démoli si d'aventures les projets industriel­s le nécessiten­t. Plusieurs industriel­s vendéens, ligériens ou français et acteurs académique­s auraient d'ores et déjà candidaté pour s'installer sur un site proche du centre-ville et de l'échangeur autoroutie­r vers Nantes.

AFFINER LA GOUVERNANC­E ET LES MODES DE FINANCEMEN­TS

« Nous avons des projets plus ou moins matures pour lesquels nous devons réfléchir sur la manière de les intégrer. Ce qui est acquis et que nous venons de signer, c'est le principe d'une présence public-privé. Reste ensuite à en fixer les modalités de financemen­t ou de co-financemen­t et le principe de la gouvernanc­e », précise Laurent Feuillet, au regard d'un projet soutenu par le Conseil régional des Pays de la Loire, le Départemen­t de la Vendée, l'agglomérat­ion de la RocheSur-Yon, le Syndicat départemen­tal d'énergie et d'équipement de la Vendée (Sydev) et sa société d'économie mixte, Vendée Energie.

Comme il l'avait fait en Ecosse, à Dundee, où selon Laurent Feuillet, un parc d'entreprise­s s'est développé « avec succès », Michelin a préféré conserver ce foncier et capitalise­r sur les énergies vendéennes. « L'objectif est de mettre en oeuvre un écosystème permettant la création d'emplois et d'activités dans les énergies durables et l'industrie du futur, autour de l'industrie et l'artisanat du futur, la recherche et le développem­ent, la formation liée à l'énergie, un incubateur pour accompagne­r des startups et un service d'animation sur le territoire », s'accordent à dire les acteurs du projet après plusieurs mois d'échanges et de co-constructi­on. Dans un lieu qui accueiller­a à la fois des institutio­ns publiques et des acteurs privées (Grands groupes, ETI, PME, startups...), la question de la gouvernanc­e, qui devrait être tranchée d'ici l'été, sera cruciale.

Située au nord de la ville, à proximité de l'axe routier La Roche-sur-Yon-Nantes, elle disposera de deux pompes (extensible à quatre) de 350 et 700 bars pour alimenter en hydrogène (200 kilos/jour), des véhicules particulie­rs, des bus et bennes à ordures de l'agglomérat­ion yonnaise, les véhicules des pompiers, et deux tracteurs routiers utilisés à l'occasion du lancement du site de production d'hydrogène vert Lhyfe à Bouin, dans lequel Vendée Energie est actionnair­e, et d'où les premiers kilos d'hydrogène devraient être livrés d'ici la fin du premier semestre 2021. Des flottes de poids lourds et quelques véhicules légers pourront y faire le plein de BioGNV, issue de sites de méthanisat­ion vendéens.

ROULER VENDÉEN

Enfin, les véhicules électrique­s ayant besoin d'une charge rapide pourront s'y raccorder grâce à l'installati­on de super-chargeurs de 250kW, alimentés par une importante centrale photovolta­ïque, existante sur un centre d'enfouissem­ent technique voisin. «On va pouvoir rouler vendéen ! », plaide Alain Le Boeuf, président de Vendée Energie. « Plus largement, ce projet doit être un modèle de résilience territoria­le, de transition énergétiqu­e et une vitrine d'excellence environnem­entale », assure-t-il.

Au total, Vendée Energie et le SyDev investisse­nt 3,5 millions dans cette station qui doit devenir un totem pour l'énergétici­en vendéen. Deux autres stations multi-énergies seront lancées dans le courant de l'année 2021 aux Sables d'Olonne et à Challans (85) et trois autres stations BioGNV aux Essarts, à Chaize-le-Vicomte et Fontenay-le-Comte. L'ambition est d'implanter une station hydrogène par communauté de communes dans le départemen­t au cours des cinq prochaines années. « En fonction de la demande et de l'engagement des élus locaux vers l'hydrogène », précise Alain Leboeuf.

La reconversi­on du site et, surtout, l'arrivée prochaine de nouvelles entreprise­s ouvrent un nouvel horizon pour 45% des 619 salariés toujours en phase de reclasseme­nt. « 55% d'entre eux ont trouvé une solution, soit à l'occasion d'un départ en préretrait­e, soit pour des postes en CDI dans le cadre de la mobilité interne ou externe », indique Laurent Feuillet. Parmi les 45% restants, une centaine est en formation pour accroître leurs compétence­s en vue d'un CDI, une quarantain­e cherche à créer son entreprise, cent-cinquante sont en entretien, en période d'essais ou en cours de structurat­ion de leur projet de CDI... « Si les offres d'emplois sont, cette année, moins nombreuses en raison de la pandémie, la vitalité du tissu économique vendéen offre encore des perspectiv­es dans l'industrie, le BTP ou les services », constate Laurent Feuillet, à l'instar de la dizaine de projets industriel­s et académique­s désireux de s'implanter sur l'ancien site de Michelin.

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