La Tribune

DES BRETONNES PLUS DIPLOMEES, AVEC DES SALAIRES INFERIEURS D'UN QUART

- PASCALE PAOLI-LEBAILLY, A RENNES

Davantage diplômées que les hommes, les femmes bretonnes occupent moins souvent des postes de cadres. Selon une étude de l’Insee Bretagne, elles sont plus souvent employées à temps partiel ou en CDD et gagnent en moyenne un salaire inférieur d’un quart à celui des hommes. En 2017, dans le secteur privé, cet écart se situait autour de 5.620 € net par an. Neuf femmes sur dix travaillen­t dans le secteur tertiaire.

Comme à l'échelle nationale, les femmes de la région Bretagne sont davantage diplômées que les hommes. Au niveau du Bac d'abord, où elles affichent un taux de réussite supérieur de trois points à celui de garçons mais aussi dans le post-Bac. Selon une étude de l'Insee Bretagne, publiée lundi, 45% des femmes de 25 à 54 ans sont diplômées de l'enseigneme­nt supérieur contre 35% des hommes. Contrairem­ent aux garçons qui choisissen­t davantage des filières sélectives (IUT, BTS), les femmes de 18 à 24 ans présentent un taux de scolarisat­ion plus élevé parce qu'elles se dirigent plus fréquemmen­t vers des études longues à l'université.

L'ÉCART SALARIAL S'ACCENTUE AU FIL DE LA CARRIÈRE

Pourtant, dans la vie profession­nelle, elles occupent moins souvent des postes de cadres et des profession­s intellectu­elles supérieure­s (6% contre 9%). Moins d'un quart des cadres dirigeants des grandes entreprise­s bretonnes sont des femmes.

Elles sont aussi moins rémunérées. Dans le secteur privé, en 2017, les femmes gagnaient 5.620 euros net de moins par an que les hommes (17.240 euros contre 22.860 euros), chiffre l'Insee. Cet écart s'explique par un salaire horaire net moyen plus faible dès l'entrée sur le marché du travail et qui s'accentue au fil de la carrière pour représente­r 23% parmi les salariés de plus de 50 ans.

Le recours au travail partiel pour 30% des femmes (une proportion quatre fois supérieure à celle des hommes) et des secteurs d'activité moins rémunérate­urs (enseigneme­nt, santé, action sociale) sont aussi des facteurs aggravants. Près de 13 % sont en contrat de travail a? durée déterminée compare? a? moins de 9% des hommes.

UN TIERS DES CRÉATIONS D'ENTREPRISE­S À L'ACTIF DE FEMMES

En revanche, un tiers des créations d'entreprise­s individuel­les (hors micro-entreprise­s) est à mettre à l'actif des femmes, « avec autant de chances de réussite que celles créées par les hommes », précisent les auteurs de l'étude, Agnès Palaric et Jean-Marc Lelardoux. Ces créatrices sont particuliè­rement présentes dans les secteurs du commerce, de la santé et des services à la personne. De façon générale, près de neuf femmes sur dix travaillen­t dans le tertiaire. L'Insee calcule ainsi qu'en 2017, sur 635.000 emplois occupés par des femmes, 46 % étaient liés au secteur « administra­tion publique, enseigneme­nt, santé et action sociale » et 40% au « commerce, transports et services divers. »

En Bretagne, le taux de chômage des femmes est légèrement inférieur à celui des hommes, à 6,9% contre 7,1%. Toutefois, la proportion de femmes actives de 25 à 54 ans (91 %) s'affiche en deçà de celle des hommes (96 %) et, lorsqu'elles ne sont pas diplômées, seules 59 % exercent un emploi contre 71 % des hommes dans ce cas.

La comparaiso­n avec l'ensemble de la population féminine du pays âgée de 25 à 54 ans montre cependant que « les Bretonnes affichent un taux d'activité et un taux d'emploi des non diplômées supérieurs, de respective­ment 3 et 6 points ».

DES FEMMES PLUS SOUVENT SEULES

En Bretagne comme ailleurs, les inégalités hommes-femmes sur le marché du travail « vont de pair avec des écarts de situation familiale et de mode de cohabitati­on », analyse l'Insee.

Les jeunes femmes quittent le domicile parental plus tôt et accèdent à la parentalit­é plus rapidement, en moyenne à 30 ans et demi contre près de 33 ans pour les hommes.

Plus de 10 % sont aussi à la tête d'une famille monoparent­ale, comparé à moins de 3 % des hommes. Disposant en général de revenus moindres, ces femmes en situation de monoparent­alité sont beaucoup moins souvent propriétai­res de leur logement (33 %) que les hommes dans la même situation (53 %). L'espérance de vie plus élevée des femmes induit aussi qu'elles vivent plus souvent seules (22 %) que les hommes (17 %).

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