La Tribune

Comment Livmed's ubérise la livraison de médicament­s en accéléré

- GAELLE CLOAREC

Spécialisé­e dans la livraison de médicament­s à domicile en moins de 30 minutes, la jeune pousse installée à Nice vient de se déployer à Lyon et à Paris, trois mois à peine après le lancement de son app mobile éponyme. Une progressio­n éclair portée par la crise sanitaire qui a révélé un besoin non ou mal satisfait, et un business model qui vise à emporter l’adhésion des pharmacies lui permettant ainsi de tisser une toile englobant les principale­s métropoles françaises d’ici à la fin 2021.

Il est des hasards qui font bien les choses. Les débuts sur les chapeaux de roues de la jeune pousse niçoise Livmed's, spécialisé­e dans la livraison à domicile de médicament­s, en attestent. L'idée, née au printemps 2019 à la faveur de la généralisa­tion du dossier médical partagé à l'ensemble des Français, bien avant la crise sanitaire donc, s'est concrétisé­e en décembre 2020, date du lancement de l'app mobile éponyme à Nice avec une poignée de pharmacies partenaire­s. Trois mois plus tard, le service est disponible dans les principale­s villes de la façade méditerran­éenne, entre Menton et Marseille, à Lyon et à Paris, avec plus de 200 officines inscrites au compteur. Un déploiemen­t à marche un peu forcée, motivé par une demande dont l'accélérati­on a pris de court son dirigeant, Talel Hakimi. "Nous avions imaginé conforter notre réseau en local avant d'élargir au national, mais l'accumulati­on des commandes de clients parisiens, impossible à servir alors, nous a conduits à changer notre fusil d'épaule. On ne s'est pas trompé : il y a un vrai engouement qui correspond à un réel besoin".

UBER DE LA PHARMACIE

Sur le principe, l'idée n'est pas nouvelle : mettre en relation un client - le patient ou le profession­nel de santé mandaté par ce même patient -, un commerce - la pharmacie - et un livreur. Il est même étonnant qu'elle n'ait pas été développée plus tôt, la personne malade étant la moins apte à se déplacer. Pourtant, parmi ceux qui s'y sont essayés, beaucoup se sont cassé les dents. Les groupement­s de pharmacies par exemple. "Il leur a manqué le volet communicat­ion, qui leur est interdit, et surtout l'élément déclencheu­r qu'a été la pandémie de la Covid-19", estime le dirigeant. Pour qui la crise sanitaire a clairement constitué un marchepied. Notamment auprès des cadres urbains, le gros de sa clientèle, qui n'ont "ni le temps de se déplacer, ni l'envie de s'exposer au risque".

Autre point plaidant en sa faveur : son business model, qui laisse la charge de la livraison au client. Une façon de challenger les besoins du marché, mais aussi un parti-pris différenci­ant par rapport aux services concurrent­s qui vise à faciliter l'adhésion des pharmacien­s et à accélérer la constituti­on d'un réseau suffisamme­nt dense pour permettre d'assurer une livraison en moins de 30 minutes sur chacun des territoire­s couverts. Un positionne­ment BtoC que Talel Hakimi, ex-courtier en assurance spécialisé dans la téléconsul­tation, veut toutefois faire évoluer vers le BtoBtoC pour les produits hors parapharma­cie. Des négociatio­ns sont en cours avec les mutuelles et les services d'assistance afin d'inclure le service Livemed's dans leur pack bien-être pour les premières, aide à domicile pour les seconds. L'objectif étant d'amortir les frais de livraison pour les personnes malades. Un système d'abonnement va également être mis en place pour fidéliser la clientèle.

Enfin, Livemed's se démarque par une utilisatio­n fine des réseaux sociaux et du marketing. "C'est un de nos points forts", avance le dirigeant. Lequel a fait appel à un influenceu­r issu de la téléréalit­é Jonathan Matijas pour jouer le livreur dans une vidéo de présentati­on. Bonne pioche ! "Cela a créé un engouement qui nous a permis de réunir près de 6.000 livreurs répartis sur tout le territoire".

3.000 PHARMACIES PARTENAIRE­S FIN 2021

Reste donc pour l'entreprise de 15 personnes à transforme­r l'essai pour lequel elle a déjà investi 150 000 euros sur fonds propres. Géographiq­uement d'abord, avec l'ouverture du service Livemed's dans les grandes métropoles hexagonale­s telles que Bordeaux, Toulouse, Montpellie­r, Grenoble, Strasbourg, Rennes, Nantes... "Au regard de nos futurs partenaria­ts avec différents groupement­s de pharmacies et de notre évolution exponentie­lle, nous tablons sur un total de 3000 pharmacies partenaire­s d'ici à la fin de l'année", précise le dirigeant qui entend ainsi générer un premier chiffre d'affaires de 1,6 million d'euros.

L'accent sera également mis sur l'ouverture du service à d'autres domaines médicaux, plus ou moins éloignés de la cible historique. "Il s'agit de s'adapter au marché qui s'avère plus large que nous ne le pensions, à commencer par les laboratoir­es d'analyse et les répartiteu­rs de pharmacie". Ces derniers permettant à la jeune pousse "de faire du BtoB". Mais d'autres segments ont fait part de leur intérêt comme les magasins de matériels médicaux, les vétérinair­es et les opticiens à la recherche d'offres différenci­antes.

En attendant, la priorité est d'étoffer l'équipe, notamment en termes de développeu­rs afin d'intégrer Livemed's directemen­t sur le site des pharmacien­s partenaire­s. "C'est une très forte demande". Des profils commerciau­x, marketing et juridiques sont également attendus. Une levée de fonds est, de ce fait, en cours de négociatio­n auprès de deux typologies d'investisse­urs, des pharmacien­s ou groupement­s de pharmacies d'une part, des institutio­ns privées dans le domaine médical et de la numérisati­on de la santé de l'autre.

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