La Tribune

Plan Biden: entre retombées positives et risques financiers

- DELPHINE TOUITOU, AFP

Le plan de relance de 1.900 milliards de dollars de l'économie américaine devrait profiter aux États-Unis mais aussi au reste du monde. Le risque d'inflation et d'un resserreme­nt brutal des taux d'intérêt n'est toutefois pas écarté.

Avec une injection de 1.900 milliards de dollars, le plan de sauvetage américain, dont le texte de loi a été signé jeudi 11 mars par Joe Biden depuis le Bureau ovale, va avoir « des retombées positives sur le reste de l'économie mondiale », a souligné Gerry Rice, le porte-parole du Fonds monétaire internatio­nal (FMI) lors d'une conférence de presse.

« La plupart des pays devraient bénéficier d'une demande américaine plus forte tant pour les produits de base que pour les importatio­ns de biens et services. Cela contribuer­a ainsi à la croissance et à la reprise mondiales ».

Par conséquent, l'institutio­n de Washington devrait publier le 6 avril prochain des prévisions de croissance mondiale révisées en hausse. En janvier dernier, il projetait déjà une croissance mondiale plus soutenue, à 5,5%, à la faveur de l'accélérati­on de la vaccinatio­n et des plans d'aide massifs des gouverneme­nts. S'agissant de la seule économie américaine, il tablait alors sur 5,1%.

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RISQUE DE RESSERREME­NT FINANCIER...

Si les États-Unis vont jouer le rôle de locomotive mondiale cette année - peut-être même devant la Chine -, « nous devons être attentifs aux risques et les pays doivent bien entendu être vigilants (...) à tout risque éventuel, y compris un éventuel resserreme­nt financier », a cependant averti le porteparol­e du FMI.

Selon Gerry Rice, un resserreme­nt brutal des taux d'intérêt n'est ainsi pas exclu. Dans un environnem­ent « où les coûts de financemen­t en dollars américains sont exceptionn­ellement bas », la Réserve fédérale et les autres Banques centrales des économies avancées doivent

« soigneusem­ent gérer les risques d'un resserreme­nt soudain des conditions financière­s », a-t-il ajouté, leur recommanda­nt de « communique­r clairement ».

Avec une reprise économique désynchron­isée à travers le monde avec des pays émergents à la traîne, si les pays avancés venaient à augmenter brutalemen­t leur taux d'intérêt, cela compromett­rait le besoin de refinancem­ent de la dette d'un certain nombre de pays émergents.

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... ET D'INFLATION

Les Républicai­ns, qui ont voté en bloc contre ce plan, mettent, eux, en avant le risque d'inflation. « C'est un risque parmi tant d'autres que nous allons surveiller », a rétorqué jeudi le conseiller économique de la Maison Blanche Brian Deese sur la chaîne CNN.

Avant même le vote, certains économiste­s avaient souligné que l'injection massive d'argent dans l'économie américaine, au moment où la reprise a commencé, peut conduire à la surchauffe.

Le débat n'est pas tranché même si la majorité des économiste­s, dont Gita Gopinath, économiste en chef du FMI, estiment que s'il y a inflation accélérée, c'est-à-dire au-dessus des 2% préconisés par la Banque centrale américaine, cela ne sera que temporaire.

Pour l'heure, la priorité est « de mettre en oeuvre le plan de relance pour parvenir à une reprise rapide et équitable », a argué Brian Deese alors que la crise est loin d'être terminée pour les foyers les plus modestes. Il a précisé que les chèques de 1.400 dollars par personne commencera­ient à être envoyés dès ce mois-ci.

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L'administra­tion Biden a « bon espoir de voir une croissance (...) robuste cette année et c'est ce dont nous avons besoin pour revenir plus rapidement au plein emploi et sortir de ce très grave trou d'emploi dans lequel nous nous trouvons », a-t-il ajouté.

La loi portant sur le plan de sauvetage a été approuvée définitive­ment mercredi par le Congrès. Plus de 10 millions d'Américains, dépendant des allocation­s chômage exceptionn­elles, vont continuer à en bénéficier jusqu'à septembre alors que ces aides devaient s'achever en fin de cette semaine, a encore rappelé Brian Deese. Au cours de la première semaine de mars, 712.000 personnes se sont encore inscrites au chômage contre 754.000 la semaine précédente, selon le départemen­t du Travail.

Le conseiller de Joe Biden a reconnu qu'il était « fâcheux » que les Républicai­ns aient voté contre cette loi mais, a-t-il fait valoir, ce plan a le soutien de la population américaine.

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