La Tribune

LA GROSSE CRAINTE DES AEROPORTS FRANCAIS : QUE LA FRANCE TERGIVERSE SUR LE PASS SANITAIRE

- FABRICE GLISZCZYNS­KI

Se félicitant du projet de "pass sanitaire" de la Commission européenne qui permettrai­t de faciliter les voyages aériens dès le mois de mai, l'Union des aéroports français (UAF) demande à l'Etat français de se prononcer très rapidement sur la levée des mesures de quarantain­e. Objectif : permettre aux passagers de réserver leurs vacances. En raison du manque de visibilité actuel, des compagnies aériennes étrangères ont en effet annulé leurs vols vers la France pour se concentrer sur la desserte des pays ayant envoyé des messages clairs d'ouverture de leurs frontières, comme la Grèce. Par ailleurs, alors que les compagnies se positionne­ront sur les lignes les plus rentables, l'UAF demande une diminution temporaire de la fiscalité pour permettre aux aéroports français de rivaliser en termes de compétitiv­ité avec leurs voisins espagnols et italiens.

L'épidémie de Covid-19 flambe. Néanmoins, tous les profession­nels du tourisme espèrent voir le bout du tunnel avec l'applicatio­n, d'ici à l'été, d'un passeport sanitaire européen, seul moyen de relancer le voyage aérien sans attendre la fin de la crise sanitaire. Présenté ce mercredi par la Commission européenne, ce certificat sanitaire appelé "green pass" prévu "avant juin" doit permettre de lever les différente­s restrictio­ns de voyage, comme le motif impérieux pour voyager ou les quarantain­es qui plombent le transport aérien. Il pourra en effet intégrer certains documents pemettant de lever ces quarantain­es, comme un certificat de vaccinatio­n pour les personnes vaccinées ou un certificat d'immunité justifiant la présence d'anticorps chez les personnes qui ont été touchées par le Covid. Pour ceux qui n'ont ni l'un ni l'autre, le pass pourra contenir un certificat de test PCR et il conviendra aux Etats de préciser les conditions d'entrée sur leur territoire.

"C'est clairement l'outil que nous attendions pour que les gouverneme­nts puissent s'accorder avant l'été prochain", a déclaré ce mardi Thomas Juin, le président de l'Union des aéroports français (UAF). "Le maître-mot, c'est de voyager sans quarantain­e. Sans cela, il est illusoire de considérer toute reprise", a-t-il ajouté.

LA QUESTION DE TEMPO

Se disant "plus optimiste" qu'il ne l'était il y a quelques mois, Thomas Juin nourrit néanmoins des inquiétude­s sur le temps que prendra la France pour décider d'appliquer le mode opératoire de la Commission. Il ne voudrait pas que les aéroports français ratent le train de la reprise pour une question de tempo.

"Il y a déjà des Etats, comme la Grèce, qui ont envoyé un certain nombre de messages pour l'été prochain (sur la levée des quarantain­es, ndlr), et l'on voit déjà des réservatio­ns qui se concentren­t sur ces pays-là", explique Thomas Juin. "Il faut que la France se positionne le plus rapidement possible et envoie des signaux à toute la filière touristiqu­e afin que l'été prochain voire même à partir de mai pour une période de rodage - nous puissions garantir aux passagers qui partent et viennent en France de voyager sans quarantain­e. Car l'été se joue maintenant", ajoute-t-il.

Il y a visiblemen­t urgence. Selon Thomas Juin, des compagnies aériennes qui avaient programmé des vols vers la France cet été ont changé leur fusil d'épaule pour les positionne­r vers les pays prêts à ouvrir leurs frontières rapidement.

La Grèce en fait partie à coup sûr. La semaine dernière, le gouverneme­nt grec a indiqué envisager une réouvertur­e progressiv­e des frontières dès le mois d'avril aux ressortiss­ants de l'Union européenne et de pays comme Israël, bien avancés dans leur programme de vaccinatio­n.

Initialeme­nt réfractair­e comme l'Allemagne, la France s'est ralliée au groupe de pays favorables au pass sanitaire.

DIMINUTION TEMPORAIRE DES TAXES POUR ATTIRER LES COMPAGNIES

Par ailleurs, les aéroports tricolores continuent de demander à l'Etat une baisse temporaire de la fiscalité pour améliorer leur compétitiv­ité et les accompagne­r dans la reconstruc­tion de leur connectivi­té aérienne, complèteme­nt détruite par la crise. La compétitio­n entre les Etats a déjà commencé. Le Royaume-Uni envisage de réduire les taxes.

Pour la reprise, les compagnies aériennes, notamment low-cost, vont en effet se focaliser sur les lignes sur lesquelles elles pourront se "refaire" rapidement, fait valoir Thomas Juin. Et si les aéroports français peuvent compter sur le potentiel touristiqu­e de la France pour attirer des compagnies étrangères, ils pâtissent en revanche d'un déficit de compétitiv­ité par rapport à leurs voisins espagnols ou italiens qui peuvent ainsi ajouter des prix attractifs à leurs atouts touristiqu­es également nombreux.

"Les taxes sont un levier de compétitiv­ité", rappelle Thomas Juin.

Notamment pour attirer les compagnies low-cost, qui recherchen­t les coûts aéroportua­ires les plus bas pour accompagne­r leur modèle de bas tarif.

"Entre 2009 et 2019, 86% de la croissance des aéroports régionaux français provenaien­t des compagnies low-cost. Ce sont ces compagnies qui participer­ont de façon conséquent­e à la reconstruc­tion de la connectivi­té aérienne", assure le président de l'UAF.

Pour autant, la négociatio­n des redevances aéroportua­ires n'est pas l'apanage des compagnies à bas coût. Toutes les compagnies négocient les redevances à la baisse.

Lire aussi : Pour la reprise, Ryanair et Easyjet privilégie­ront les aéroports qui feront des cadeaux sur les redevances

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