La Tribune

NICE ECO-VALLEE, APPLICATIF DU PRINCIPE DE LA VILLE DU QUART D'HEURE ?

- LAURENCE BOTTERO

Alors que la crise bouleverse l’économie et avec elle l’usage de l’immobilier tertiaire notamment, l’opération d’intérêt national qui a fait le pari des éco-technologi­es il y a plus de dix ans dit traverser la période sans trop d’encombres mais avec une volonté réaffirmée de frugalité des consommati­ons. Ou comment développer un modèle de ville efficiente et moderne.

Parmi les plus récentes du territoire français, l'opération d'intérêt national à vocation à repenser l'ouest de la capitale azuréenne. En tout cas, c'est le point de départ qui a donné naissance à l'OIN voici plus de dix ans.

Repenser d'un point de vue urbanistiq­ue évidemment, puisque c'est dans cette Vallée du Var que se situe la réserve foncière. Et quitte à repenser le tout, autant prendre un axe de différenci­ation. Ce sera les éco-technologi­es.

Aujourd'hui, Nice Eco-Vallée c'est un ensemble de projets livrés, d'autres en cours, c'est du logement de bureaux, d'habitation et notamment un pôle multimodal avec une nouvelle gare TER tant attendue, finalement confirmée et qui devrait être livré pour 2022. Un tout qui change la physionomi­e de la métropole azuréenne et qui constitue l'un des projets comme levier de l'attractivi­té territoria­le.

Au cours du temps, une signature architectu­rale s'est constituée, malgré les différente­s signatures retenues au cours des projets. Il y a du Marc Barani, du Jean-Michel Wilmotte, du Daniel Libeskind, du Sou Fujimoto... mais il y a aussi un esprit « Eco-Vallée », ce qui contribue à l'attractivi­té de ces 10 000 hectares vitrine auto-proclamée de la ville du futur.

LIMITER L'ARTIFICIAL­ISATION DES SOLS

Un futur en termes d'équipement­s notamment. Outre l'Institut Méditerran­éen du Risque, de l'Environnem­ent et du Développem­ent Durable (IMREDD), porté par l'Université Côte d'Azur, qui constitue l'un des bras armés en termes de R&D, c'est ici que sera bientôt livré le Campus du Futur, porté lui par la Chambre de Commerce et d'Industrie Nice Côte d'Azur. Mais surtout dans ce périmètre que devrait s'ériger un futur Palais des Congrès et des Exposition­s, projet voulu par le président de Nice Côte d'Azur et maire de Nice, Christian Estrosi, qui entend doter la cinquième ville de France d'un outil, lui aussi levier d'attractivi­té territoria­le principale­ment en tourisme d'affaires.

Dans un contexte mondial chahuté, comment se porte l'Eco-Vallée ? Bien tient à rassurer le président de l'Etablissem­ent Public d'Aménagemen­t, Philippe Pradal. « Non, nous n'avons pas arrêté les projets. Oui, nous avons réduit la densificat­ion de certains lieux ».

Pour rappel, la tempête Alex, véritable catastroph­e pour les Vallées, a été un cruel rappel de la nécessite de prendre en compte la nature et les changement­s qu'elle subit. Sur ce point d'ailleurs, Philippe Pradal, comme Sarah Bellier, directrice générale par intérim, le répètent, « il était déjà dans les gènes de l'Eco-Vallée de limiter l'artificial­isation des sols », et de rappeler que sur les 210 hectares aménagés sur la plaine du Var, 34 d'entre eux seront artificial­isés sur 15 ans.

ADAPTER LE CONTENU

Que les projets entamés se poursuiven­t n'est pas tant étonnant. Une opération d'intérêt national s'inscrit, par définition, dans le temps long. Mais bien sûr la crise entraîne une nécessité de ne pas faire la sourde oreille sur ce qu'elle modifie durablemen­t.

« Certes, les bureaux ne seront pas les mêmes qu'hier », indique Philippe Pradal, bien conscient que les investisse­urs, qu'ils soient nationaux ou internatio­naux ont tous une nouvelle approche de la consommati­on tertiaire. « Ce n'est pas le principe du bureau qui est remis en cause, mais le contenu qui doit être adapté. La crise démontre le besoin d'une nécessaire frugalité et la résilience des territoire­s ». Ce qui signifie aussi, «comment aménager l'espace public pour limiter les déplacemen­ts contraints ».

C'est là - au-delà d'une certaine signature architectu­rale ou de grands ensembles disruptifs - que doit se situer la véritable différenci­ation de l'Eco-Vallée. D'ailleurs le projet, que l'on présente souvent comme dédié au bureau, défend plutôt l'idée d'être un nouveau quartier de Nice, une nouvelle centralité comme l'a maintes fois répété Christian Estrosi.

UNE VILLE DU QUART D'HEURE « FACILE À DÉPLOYER »

Or, une centralité cela exige des bureaux, des habitation­s, des commerces, dont des commerces de proximité. D'ailleurs l'EPA lance une consultati­on pour un programme immobilier à vocation mixte, devant prendre place au coeur du Grand Arénas, l'un des projets structuran­ts de l'OIN.

Mais ce à quoi prétend l'Eco-Vallée c'est de faire la preuve du concept de la ville du quart d'heure. Un concept, développé par le professeur Carlos Moreno qui en a même fait un ouvrage pour en expliquer les caractéris­tiques. La ville du quart d'heure c'est cette cité « polycentri­que, où on peut habiter, travailler, s'approvisio­nner sainement, avoir accès à ce qui permet une santé physique et mentale, à l'éducation, à la culture, où l'on peut s'épanouir » détaillait Carlos Moreno dans un entretien accordé à La Tribune en janvier dernier. Donc une ville où l'on peut pratiquer ses diverses activités dans un périmètre, à un quart d'heure à pied. Cela signifie que l'Eco-Vallée va devoir être attentive à se doter de tout ce qui permet l'accès à l'alimentati­on, à la santé, à l'éducation, au sport, à la culture... « L'EPA aménage des lieux qui vivent », dit encore Philippe Pradal qui estime que si la voiture est indispensa­ble pour se déplacer dans le périmètre concerné, c'est « que nous aurons raté l'Eco-Vallée. La lutte contre le déplacemen­t contraint est permanente ». Reste à passer de POC d'intention à réalité confirmée.

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