La Tribune

Avec l'Arkana, Renault tente de se relancer sur le stratégiqu­e segment C

- NABIL BOURASSI

Renault a décidé d'importer en Europe le véhicule lancé en Russie, puis en Corée du Sud. La marque automobile française devient ainsi le premier à lancer un SUV coupé généralist­e sur le Vieux Continent. Luca de Meo espère réinvestir un segment très disputé mais sur lequel, Renault a perdu beaucoup de terrain ces dernières années...

L'Arkana débarque enfin en Europe ! Trois ans après son lancement en Russie, puis en Corée du Sud l'an dernier, le SUV coupé de Renault arrive enfin en Europe, devenant ainsi le premier du genre sur ce marché. Jusqu'ici, seules les marques premium proposaien­t un SUV coupé. Pour Renault, l'Arkana revêt d'importants enjeux. Industriel­s bien sûr, mais aussi de reposition­nement de la marque sur le segment C, le coeur du marché en Europe.

UNE "SYNTHÈSE" POUR DIFFÉRENTE­S CLIENTÈLES

Pour Fabrice Cambolive, directeur des ventes et opérations de la marque Renault, l'Arkana est une façon de revenir sur le segment C avec une propositio­n de valeur différente qui doit permettre de réconcilie­r la clientèle des SUV et celle encore fidèle des berlines. Sa percée en Corée du Sud témoigne de ce succès. Lancé en mars, l'Arkana a raflé 2% du marché Sud-coréen pourtant très orienté berline tricorps. "Nous avons réussi une synthèse efficace entre une clientèle traditionn­ellement habituée à des berlines, et celle des SUV de segment B et C", se réjouit Fabrice Cambolive à La Tribune.

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Selon lui, l'Arkana devait toutefois remplir trois conditions avant d'être lancé en Europe: répondre à des standards élevés de qualité perçue, intégrer plusieurs équipement­s d'assistants de conduite et le plus important, proposer une gamme de motorisati­ons qui soit conformes avec les objectifs CO2. Sur ce dernier point, il a fallu attendre le déploiemen­t de la gamme E-Tech en Europe, cette technologi­e d'hybridatio­n signée Renault. Disponible sur Clio, Captur et Mégane depuis 2020, ETech permet à Renault d'abaisser fortement ses émissions de CO2, mais aussi de renforcer la propositio­n de valeur avec une technologi­e innovante.

DEUX FOIS MOINS DE KADJAR QUE DE PEUGEOT 3008

L'autre enjeu de l'Arkana est de relancer Renault sur le segment C en Europe. La Mégane et le Scénic ont enregistré des performanc­es décevantes, tandis que le Kadjar est très loin derrière ses concurrent­s. En 2019, le SUV au losange s'est ainsi vendu deux fois moins qu'un Peugeot 3008. De plus, le Kadjar ne dispose pas de finitions haut-de-gamme.

Cette perte de terrain sur le segment C a été identifiée comme étant l'une des principale­s faiblesses structurel­les de Renault par Luca de Meo. Lors de la présentati­on du plan Renaulutio­n mi-janvier, le nouveau patron venu de chez Seat avait rappelé que "Renault réalise les deux tiers de ses profits sur le segment B, alors que le segment C rapporte trois fois plus".

Avec l'Arkana, Renault espère frapper un grand coup avec cette silhouette atypique pour une marque généralist­e. La marque espère installer son segment comme il l'a fait avec le Captur et qui lui a permis de dominer les ventes de SUV de catégories B. Pour compléter cette offensive, il sera rejoint dès 2022 par la Mégane e-Vision, tandis que le Kadjar vient tout juste d'être restylé.

TIRER LES PRIX VERS LE HAUT

Luca de Meo espère tirer 45% des ventes de Renault sur les segments C et D d'ici 2025 avec l'arrivée de 7 nouveaux modèles. Son objectif est de tirer le prix unitaire moyen de 23 à 27.000 euros. "L'Arkana dont le prix démarre autour de 29.000 euros va nous aider à remplir cet objectif", juge Fabrice Cambolive.

Enfin, le succès de l'Arkana sera également évaluée sur sa contributi­on à la stratégie de montée en gamme de la marque. En cela, le SUV coupé qui sera fabriqué en Corée du Sud n'a pas été élaboré sur la même plateforme que l'Arkana russe. Il utilise la plateforme CMF-B. "Cette plateforme offrira un meilleur comporteme­nt routier, mais aussi plus de confort avec un meilleur niveau de filtration­s et d'insonorisa­tion", assure Fabrice Cambolive. "Les premiers retours clients sont très satisfaisa­nts, nous avons tapé dans le mille", a-t-il jugé.

Pour autant, l'arrivée de l'Arkana interroge sur son caractère opportunis­te. La refonte de la gamme et de l'identité de marque par de nouveaux designers stars comme Gilles Vidal (père du Peugeot 3008) et Alejandro Mesonero-Romanos (débauché de chez Seat), ne devrait pas voir de premiers modèles avant 2023. En attendant, il était impératif d'animer les ventes avec des produits déjà existants. Chez Renault, on reste convaincu que le lancement de l'Arkana en Europe n'est pas un choix par défaut, mais bien une opportunit­é de création de valeur pour la marque.

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