La Tribune

Les chauffeurs Uber requalifié­s en travailleu­rs salariés au Royaume-Uni

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Alors que la pandémie fragilise des millions de travailleu­rs indépendan­ts, l'applicatio­n Uber a décidé d'octroyer un statut plus protecteur à ses chauffeurs britanniqu­es… Quatre mois après avoir échappé à la loi californie­nne obligeant à les salarier.

Syndicats et gouverneme­nt saluaient mercredi la décision d'Uber d'accorder davantage de droits à ses chauffeurs au Royaume-Uni, avec l'espoir que d'autres plateforme­s numériques lui emboîtent le pas.

"Dans sa nouvelle phase, notre économie doit protéger les droits des travailleu­rs, avoir des normes élevées et encourager les nouvelles technologi­es", a déclaré sur Sky News le ministre auprès des Entreprise­s, Kwasi Kwarteng.

Il estime que les mesures annoncées mardi soir, une première mondiale pour le géant américain de réservatio­n de voitures, étaient "à saluer".

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STATUT HYBRIDE

Uber a accordé à ses plus de 70.000 chauffeurs britanniqu­es un statut hybride de "travailleu­rs salariés", qui leur permet de bénéficier du salaire minimum, de congés payés et de l'accès à un fonds de retraite.

Jusqu'à présent, ils étaient des travailleu­rs indépendan­ts, bien moins protégés.

La plateforme a dû agir rapidement un mois tout juste après une retentissa­nte défaite devant la Cour suprême qui a estimé le 19 février que les chauffeurs pouvaient être considérés comme des "travailleu­rs" et donc bénéficier de droits sociaux.

La loi britanniqu­e distingue le statut de travailleu­rs indépendan­ts (self employed or independan­t worker) de celui de travailleu­rs salariés (worker), qui peuvent recevoir le salaire minimum et d'autres avantages, et de celui d'employés (employee), qui bénéficien­t d'un contrat de travail en bonne et due forme.

ENCORE DES INSUFFISAN­CES

L'ancien chauffeur James Farrar, qui avait été à l'origine de la bataille judiciaire contre Uber, a estimé que les mesures étaient un "pas dans la bonne direction".

Mais il s'inquiète du fait que ces avantages seront attribués à partir du moment où une course est acceptée par le chauffeur, et pas dès qu'il se connecte à l'applicatio­n.

"Cela signifie qu'environ 40 à 50% de notre temps de travail n'est toujours pas payé ou protégé", ditil à l'agence britanniqu­e PA.

Pour le syndicat GMB, il a fallu "forcer Uber à prendre la bonne décision mais ils ont finalement accepté le jugement des tribunaux".

"Les autres entreprise­s de la +gig economy+ (économie des petits boulots, ndlr) devraient en prendre note. C'est la fin du chemin pour le désastreux travail indépendan­t", selon Mick Rix, son secrétaire général.

LE RESTE DE LA GIG ECONOMY

La secrétaire générale de la confédérat­ion des syndicats britanniqu­es TUC estime qu'il faudra "vérifier les détails de cette offre" et que les travailleu­rs de la gig economy méritent d'être traités avec "dignité".

Pour l'avocate Rebecca Thornley-Gibson, du cabinet DMH Stallard et spécialisé­e en droit du travail, "Uber n'avait pas d'autres choix que de respecter ses obligation­s légales".

Elle s'attend à ce que d'autres travailleu­rs indépendan­ts exigent les mêmes droits.

"Il est encore difficile pour la gig economy de savoir comment traiter les individus qui vivent grâce elle", selon elle.

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