La Tribune

FONDS DE SOLIDARITE : LA COUR DES COMPTES POINTE "UN EFFET D'AUBAINE"

- LATRIBUNE.FR AVEC AFP

Les versements du fonds de solidarité doivent être davantage contrôlés et les effets d'aubaine évités alors qu'il touche des entreprise­s de plus en plus grandes, a jugé la Cour des comptes dans son rapport annuel publié jeudi.

D'un "outil général de soutien aux petites entreprise­s versant l'équivalent d'un revenu de survie à leur dirigeant" frappé par la crise du Covid-19, le fonds de solidarité s'est mué depuis un an en un ensemble "de mesures plus durables visant à éviter la faillite d'entreprise­s de plus grande taille", constate la Cour.

Mais malgré cette évolution, le fonds conserve "pour la grande majorité des demandes d'aide une quasi-automatici­té de versement reposant sur des informatio­ns essentiell­ement déclarativ­es", critiquent les Sages de la rue Cambon. "Ce fonds constitue un des premiers leviers du gouverneme­nt. Le succès du fonds a été réel en permettant de distribuer environ 12 milliards d'euros. Il a changé avec le prolongeme­nt de la crise. Les outils n'ont pas été adaptés" a déclaré Pierre Moscovici lors d'un point presse.

"UNE FRAUDE LIMITÉE" SELON LA JURIDICTIO­N

Entre mars et septembre 2020, la fraude est restée limitée. La Cour des comptes l'estime à entre 0,3% et 1,6% des aides distribuée­s, soit de 20 à 100 millions d'euros.

L'administra­tion fiscale avait fait elle 92.000 contrôles après le premier confinemen­t, en sélectionn­ant des dossiers suspects, et a détecté un tiers de fraude, selon des chiffres de Bercy. Mais depuis l'automne, le renforceme­nt du fonds pour compenser les pertes d'exploitati­on d'entreprise­s plus grandes engendre "un risque de fraude significat­ivement augmenté", estime le rapport.

De surcroît, "le recours conjoint au fonds de solidarité et à l'indemnisat­ion de l'activité partielle peut conduire, dans certains cas, à améliorer la situation d'une entreprise par rapport à l'année précédente", selon le rapport.

TROIS RECOMMANDA­TIONS

La Cour formule donc trois recommanda­tions, dont la mise en place d'outils pour "éviter que le cumul d'aides versées à une entreprise soit supérieur au préjudice subi", ainsi qu'une "instructio­n plus exigeante des aides et un dispositif de prévention de la fraude et de sanctions".

Enfin, elle demande à ce que les contributi­ons des collectivi­tés territoria­les au fonds de solidarité soient considérée­s comme des dépenses de fonctionne­ment, et non d'investisse­ment.

Dans sa réponse, le gouverneme­nt considère que cette dérogation comptable accordée aux collectivi­tés est "justifiée par le caractère exceptionn­el du Fonds". Le ministère de l'Economie affirme par ailleurs sa volonté de lutter contre les effets d'aubaine et assure que la mise en oeuvre de l'aide sur les coûts fixes aura pour "objectif de limiter les effets de sur-indemnisat­ion".

Enfin, le ministère assure avoir mis en place et renforcé des contrôles à trois niveaux - par filtres automatiqu­es, a priori et a posteriori - ces derniers ayant permis de constater à fin janvier 43,6 millions d'euros de versements indus.

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