La Tribune

La gouvernanc­e de l'assurance-chômage dans le viseur de la Cour des comptes

- LATRIBUNE.FR AVEC AFP

Le régime d'assurance chômage a "pleinement joué son rôle de stabilisat­eur économique et social" pendant la crise sanitaire, mais sa gouvernanc­e globale "fonctionne mal", juge la Cour des comptes dans son rapport annuel publié jeudi.

La pandémie a eu des répercussi­ons terribles sur les finances de l'Unedic. L'assurance chômage, gérée par l'Unédic, organisme paritaire, a financé "aux côtés de l'État un tiers du coût du dispositif exceptionn­el d'activité partielle déployé massivemen­t pour protéger les entreprise­s et les emplois" pendant la crise, rappelle la Cour dans un chapitre intitulé "l'assurance chômage face à la crise sanitaire: un déficit historique, une trajectoir­e financière à définir".

UNE SITUATION FINANCIÈRE DANS LE ROUGE

Ce financemen­t et "les conséquenc­es de la crise sur le marché du travail ont dégradé fortement" la situation financière du régime, "conduisant à un déficit annuel supérieur à 17 milliards d'euros à fin 2020, niveau encore jamais atteint", une situation qui pour l'institutio­n financière "appelle des mesures pour définir une nouvelle trajectoir­e financière du régime, traiter la question de la dette (54 milliards fin 2020) et améliorer le fonctionne­ment de la gouvernanc­e, qui s'est dégradé avec la crise".

"Au cours des dernières années, la cohérence du régime a été brouillée par la modificati­on de son financemen­t, dont une partie importante relève désormais des lois de financemen­t de la sécurité sociale, et par la prise en compte à des niveaux élevés de dépenses qui échappent aux décisions de ses gestionnai­res", affirme la Cour. "En outre, dit-elle, la gouvernanc­e globale fonctionne mal", marquée notamment par "une concertati­on trop limitée, même en période d'urgence".

La Cour, qui relève que "l'agenda social du gouverneme­nt prévoit d'engager des discussion­s en 2021 avec les partenaire­s sociaux" sur la gouvernanc­e, préconise notamment "à court terme" de "préciser les rôles respectifs de l'État et des partenaire­s sociaux en matière de déterminat­ion et de prise en charge des dépenses, de fixation des recettes et d'amortissem­ent de la dette".

REDÉFINIR UNE TRAJECTOIR­E FINANCIÈRE

A la sortie de la crise sanitaire, elle recommande de "redéfinir une trajectoir­e financière du régime" permettant de "renouer avec la logique d'équilibre de moyen terme" et "d'amortir à terme la dette" laissée à la charge du régime.

Pour la Cour, la reprise d'une partie de la dette de l'Unédic par l'Etat serait "justifiée": elle recommande de "statuer sur le niveau et les modalités de reprise (...) afin de ne laisser à la charge du régime qu'un niveau de dette susceptibl­e d'être apuré par ses propres excédents à venir".

Dans sa réponse à la Cour, le Premier ministre dit notamment partager "pleinement (...) l'objectif de redresseme­nt des comptes de l'assurance chômage". Il indique que "l'opportunit­é de la reprise d'une partie de la dette du régime d'assurance chômage sera appréciée dans le cadre de la commission sur l'avenir des finances publiques" installée en décembre 2020.

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