La Tribune

Malgré la crise, les coeurs de villes moyennes restent dynamiques

- CESAR ARMAND AVEC MARIE LYAN

De Villefranc­he-sur-Saône (Rhône) à Romans-sur-Isère (Drôme), 30 villes moyennes sur 200, situées dans dix régions de France, tirent leur épingle du jeu depuis le début de la crise économique et sanitaire. C'est ce qui ressort du premier palmarès des centres-villes dynamiques réalisé par l'assoc ...

De Villefranc­he-sur-Saône (Rhône) à Romans-sur-Isère (Drôme), 30 villes moyennes sur 200, situées dans dix régions de France, tirent leur épingle du jeu depuis le début de la crise économique et sanitaire. C'est ce qui ressort du premier palmarès des centres-villes dynamiques réalisé par l'associatio­n d'élus Villes de France et la jeune pousse MyTraffic.

Un rideau de fer baissé. Une vitrine de magasin bardée d'autocollan­ts « A vendre » ou « A céder ». Quel que soit le contexte - confinemen­t, reconfinem­ent ou en temps normal -, de nombreuses communes subissent la désertific­ation de leurs centres-villes. Pour sortir de cette fatalité, le gouverneme­nt a mis en route, dès mars 2018, le plan « Action Coeur de Ville » doté de 5 milliards d'euros sur cinq ans au profit de 222 villes moyennes, c'est-à-dire recensant entre 20.000 et 100.000 habitants.

Trois ans plus tard, le 15 mars dernier, le gouverneme­nt a présenté un premier bilan du programme. Il en ressort que 2,1 milliards d'euros ont déjà été engagés : 840 millions par la Banque des territoire­s (groupe Caisse des Dépôts), 550 millions par Action Logement, 373 millions par l'Agence nationale de l'habitat et 334 millions par l'Etat.

VILLEFRANC­HE-SUR-SAÔNE (RHÔNE) SORT DU LOT

Hasard ou coïncidenc­e, l'associatio­n d'élus Villes de France, qui représente ces collectivi­tés, et la jeune pousse MyTraffic, qui extrait les flux de passants et de véhicules au service des communes et des enseignes, publient ce 22 mars leur premier palmarès des centres-villes dynamiques. Trente villes moyennes situées dans dix régions différente­s sortent du lot, à commencer par la commune de Villefranc­he-sur-Saône (Rhône).

Pour le maire (UDI) depuis 2017, Thomas Ravier, ce succès "est d'abord celui d'un travail de qualité mené avec les commerçant­s et artisans", dans une ville "historique­ment construite autour de son artère principale, qui constitue le coeur de l'économie mais aussi son coeur identitair­e".

L'édile de Villefranc­he-sur-Saône, qui peut se targuer d'avoir réussi à conserver 83% des flux préexistan­ts au coeur de son centre-ville depuis l'arrivée du Covid-19, affirme qu'il s'agit des résultats d'une politique mêlant différents ingrédient­s. À commencer par une volonté de densifier le centrevill­e, de capitalise­r sur une politique d'animation régulière, une capacité de vidéosurve­illance qui double sur l'échelle du mandat, mais aussi un équilibre recherché entre un centre-ville apaisé et la conservati­on de la place pour le stationnem­ent et la circulatio­n des véhicules. Avec un objectif : ne pas se laisser cannibalis­er par les flux de la métropole voisine, Lyon.

Lire aussi : "L'enjeu des villes moyennes sera de jouer sur leur taille humaine" (Villefranc­he-surSaône)

La région Auvergne Rhône-Alpes tire d'ailleurs particuliè­rement son épingle du jeu, avec près de six villes lauréates, confirmant que le succès n'est pas nécessaire­ment une affaire de taille. Outre la grande gagnante Villefranc­he-sur-Saône et Beauvais - 16ème - ce classement récompense Chambéry, Pau, Arras, Valencienn­es, Colmar, Chartres, Lens, Vannes et Roanne. Suivent Valence, Mâcon, Saint-Quentin, Agen, Bourg-en-Bresse, Creil, Nevers, Albi, ainsi que Auxerre, Thionville, Draguignan, Niort, Quimper, Alès, Bastia, Mont-de-Marsan, Charlevill­e-Mézières, Brivela-Gaillarde et Romans-sur-Isère.

Pour la présidente (LR) de Villes de France Caroline Cayeux, cette « hétérogéné­ité géographiq­ue » témoigne qu'« aucun territoire n'a le monopole du dynamisme » et que « les villes moyennes s'en tirent bien malgré les confinemen­ts ». « Chacune a lutté contre ses faiblesses et ses handicaps pour repartir sur un certain dynamisme. Ces résultats sont le fruit de stratégies de long-terme », ajoute la maire de Beauvais (Oise).

PLUSIEURS FACTEURS DE RÉUSSITE IDENTIFIÉS

Pour ce classement, l'élue locale s'est appuyée sur l'expertise de MyTraffic. Depuis 2016, cette startup récupère les informatio­ns - anonymisée­s - de géolocalis­ation des téléphones portables puis les couple avec du comptage manuel pour en extraire des données. En 2020, elle a mesuré, heure par heure, les flux piétons dans près de 200 villes.

« Nous permettons aux enseignes et aux villes de connaître les rues plus commerçant­es que d'autres, de pouvoir comparer entre les endroits et plus généraleme­nt de comprendre comment le commerce évolue », résume Gauthier Macheton, co-fondateur.

Plusieurs facteurs de réussite ont été identifiés : la concentrat­ion des activités économique­s et commercial­es en parallèle du blocage des installati­ons en périphérie, la volonté de lutter contre la vacance des logements en centre-ville, l'accessibil­ité de ces derniers (zones 20 km/h, 30 km/h, élargissem­ent des trottoirs), l'investisse­ment dans un poste de manager de centre-ville ou encore la création d'une foncière locale pour rénover puis louer les fonds de commerce.

« Nous essayons de trouver un équilibre entre des parkings plus ou moins chers, de la gratuité et de la piétonnisa­tion pour attirer les gens », témoigne Caroline Cayeux. « De même que nous décrochons notre téléphone quand les propriétai­res des cellules commercial­es demandent des loyers trop élevés, afin de négocier avec eux », poursuit la maire de Beauvais.

1 MILLIARD D'EUROS DE LA BANQUE DES TERRITOIRE­S

Toutes ces villes moyennes sont en outre aidées par la Banque des territoire­s. En octobre dernier, l'entité de la Caisse des Dépôts a débloqué 1 milliard d'euros pour revitalise­r leurs centres-villes, dont 600 millions de prêts, 300 millions d'investisse­ments et 100 millions de crédits d'ingénierie.

« Nous n'avions pas vocation à intervenir dans ce domaine, mais il nous est apparu essentiel d'avoir un volet de soutien », a expliqué le 18 mars dernier son directeur Olivier Sichel lors d'une visioconfé­rence de presse.

En plus des collectivi­tés et les enseignes, MyTraffic propose ce service aux commerçant­s indépendan­ts qui souhaitent définir leur implantati­on, notamment en regardant l'emplacemen­t de leurs concurrent­s. De la même manière que les profession­nels de l'immobilier peuvent y recourir pour déterminer la valeur des immeubles et le niveau des loyers au regard des flux de passants et de véhicules.

Lire aussi : Relance: la Banque des Territoire­s prête à apporter 47 milliards à l'économie

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