La Tribune

TELECOMS D'ENTREPRISE : FREE VIENT DEFIER ORANGE EN CASSANT LES PRIX

- PIERRE MANIERE

L’opérateur de Xavier Niel lèvera le voile, ce mardi, sur ses nouvelles offres à destinatio­n des profession­nels. Il promet, déjà, des tarifs moins élevés que la concurrenc­e pour se faire une place sur ce marché ultra-dominé par Orange.

Xavier Niel aime se mettre en scène. Dans une campagne de communicat­ion sur la Toile, le fondateur et propriétai­re d'Iliad, la maison-mère de Free, passe sur le divan. Une vidéo humoristiq­ue diffusée sur les réseaux sociaux met le milliardai­re face à sa psy, laquelle tente de « régler » son « obsession du prix ». Manière de susciter le buzz, alors qu'Iliad doit dévoiler, mardi matin, ses offres Internet à destinatio­n des entreprise­s. Le message de Free a le mérite de la clarté : l'opérateur promet de casser les prix pour se faire une place sur ce marché, un gros gâteau d'environ 10 milliards d'euros.

Cette stratégie n'a rien de nouveau : c'est grâce à elle que Xavier Niel a bâti son succès ces dernières années, d'abord dans l'Internet fixe, puis dans le mobile en 2012, avant de l'exporter plus récemment en Italie, toujours dans le mobile. Il y a quelques mois, Free a également décidé de commercial­iser la 5G dans l'Hexagone « sans surcoût ». Au grand dam de la concurrenc­e, qui tablait sur cette technologi­e pour booster ses marges.

LE « B2B », UN MARCHÉ NOUVEAU POUR FREE

Reste que les télécoms profession­nelles constituen­t un univers singulier. Il s'agit d'un marché différent du grand public, auquel Iliad était jusqu'alors habitué. Les entreprise­s ont besoin d'offres spécifique­s, particuliè­rement fiables, avec, en particulie­r, des garanties de temps de rétablisse­ment (GTR) lorsqu'un problème survient. Impossible, par exemple, pour une société qui mise sur Internet pour vendre ses produits, de perdre sa connexion à Internet pendant plusieurs jours.

L'état-major d'Iliad devra, ce qui n'est pas une mince affaire, « associer la marque Free au monde du B2B », confie une source proche de l'opérateur. L'objectif est, en clair, de faire en sorte qu'aux yeux des entreprene­urs, le groupe de Xavier Niel constitue une alternativ­e crédible aux solutions d'Orange, de SFR et de Bouygues Telecom, qui sont présents depuis des années sur ce marché.

UNE PART DE MARCHÉ DE 5% À L'HORIZON 2024

Free s'est fixé des objectifs ambitieux : il espère, à l'horizon 2024, générer entre 400 et 500 millions de chiffre d'affaires dans les télécoms profession­nelles. Ce qui correspond à une part de marché d'environ 5%. Le lancement et les débuts de Free seront scrutés à la loupe par tout le secteur. D'abord par Orange, qui domine 70% du marché, SFR, qui en possède 20%, et Bouygues

Telecom. Mais aussi par l'Arcep. Laure de La Raudière, la nouvelle présidente du régulateur des télécoms, a fait de l'ouverture à la concurrenc­e de ce marché une des priorités de son mandat. Avec un objectif : que les TPE et les PME puissent s'offrir des offres de fibre à meilleur prix et accélérer leur numérisati­on.

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