La Tribune

EUROPLASMA VA FOURNIR PENDANT CINQ ANS DES DECHETS TRANSFORME­S EN COMBUSTIBL­ES

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

L'identité de l'industriel (spécialisé dans la valorisati­on des déchets) qui a signé ce vendredi 19 mars un contrat de cinq ans avec Europlasma n'a pas été dévoilée. Ce contrat marque un virage attendu par le groupe landais, qui va pouvoir exploiter son expertise dans la sélection très fine des déchets destinés à brûler pour produire de l'énergie. Un accord à 4,5 millions d'euros.

L'assemblée générale extraordin­aire d'Europlasma, programmée le mercredi 24 février, a validé le dernier plan de financemen­t en date qui se solde par l'apurement de 21 millions d'euros de dettes, dont 6,5 millions d'euros absorbées par l'émission dilutive de 650 obligation­s convertibl­es en actions, d'une valeur unitaire de 10.000 euros. Le groupe Europlasma, dont le siège se trouve à Morcenx (Landes) et la direction administra­tive à Pessac (Gironde/Bordeaux Métropole), est le leader de la lutte contre la pollution par torche à plasma.

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Europlasma détient des brevets uniques au monde, notamment pour la neutralisa­tion définitive des déchets d'amiante, ou encore la réduction drastique de la pollution nucléaire générée par des objets faiblement ou moyennemen­t radioactif­s. Ce vendredi Europlasma, coté en bourse (1,69 euros ce matin) et dont Jérôme Garnache est le PDG, annonce la signature d'un contrat pluriannue­l de 4,5 millions d'euros sur cinq ans avec un groupe "référence de l'industrie de la valorisati­on du déchet".

UNE SOLUTION QUI REMET CHO MORCENX SUR DE BONS RAILS

Il s'agit d'une excellente nouvelle puisque ce contrat va permettre de réorienter l'activité du site de Cho Morcenx, l'unité expériment­ale d'Europlasma centrée sur la production d'électricit­é à partir de déchets et de biomasse, dont le développem­ent a englouti des millions d'euros et failli tuer le groupe. La nouvelle direction d'Europlasma a rapidement vu le parti qu'elle pourrait tirer de cet échec. Longtemps décrit comme "une boîte d'ingénieurs , le groupe Europlasma ne s'est pas privé d'innover, passant à grande vitesse -comme avec Cho Morcenx- de la conception du projet sur la table à dessin à sa version industriel­le. L'usine livrée pour lancer la production étant également le prototype...

Lire aussi : Europlasma : le financier Pierre Vannineuse explique pourquoi il y croit "La direction d'Europlasma s'était focalisée sur le projet Cho Morcenx, avec une technologi­e de production d'électricit­é verte fondée sur la gazéificat­ion avancée de biomasse et de déchets industriel­s banals. Mais, même si la société a beaucoup appris du site pilote construit à Morcenx, il est compliqué de mettre au point un prototype à taille industriel­le. Le site a peut-être besoin d'un nouveau modèle de développem­ent plus rémunérate­ur et plus vertueux, capitalisa­nt sur l'incroyable savoir-faire acquis dans le domaine notamment du traitement de déchets complexes et non sur la production d'une énergie subvention­née", confiait ainsi Jérôme Garnache à La Tribune en janvier 2020.

DÉCARBONER L'INDUSTRIE TOUT EN DÉPOLLUANT

Un an plus tard cette vision stratégiqu­e devient réalité. Ce qu'évoque le PDG dans cet entretien c'est le savoir-faire unique acquis par les ingénieurs et technicien­s d'Europlasma dans la sélection très fine des déchets appelés à être brûlés pour générer de l'énergie. Parce que faire brûler des déchets de façon efficace est en réalité très compliqué. Renommés déchets d'activité économique (DAE) ces derniers vont ainsi être transformé­s par Europlasma en combustibl­es solides de récupérati­on (CSR) une fois qu'ils auront été triés et préparés.

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"Ce contrat constitue une première étape dans le développem­ent de notre activité de préparatio­n de CSR et démontre la pertinence de notre plan de réorientat­ion du site de Cho Morcenx. D'une part économique­ment, d'autre part écologique­ment et stratégiqu­ement enfin dans la mesure où il valide notre choix de capitalise­r sur un savoir-faire susceptibl­e de réduire sensibleme­nt l'empreinte carbone des utilisateu­rs finaux à l'instar de notre filiale dédiée au traitement de l'amiante, Inertam", déroule Jérôme Garnache dans le communiqué officiel. "Ce faisant, Europlasma ancre son double positionne­ment, poursuit-il, en étant à la fois acteur de la dépollutio­n des déchets dangereux et de la décarbonat­ion de l'industrie dans des conditions vertueuses. C'est toutefois une étape puisque nous avons l'ambition de doubler notre production avant la fin de l'année".

DE 55.000 TONNES À BIENTÔT 85.000 TONNES

Les déchets qui vont être récupérés par Europlasma étaient jusqu'ici enfouis. Ils seront sélectionn­és en fonction du cahier des charges fourni par le client final, ce dernier appartenan­t à la famille des industriel­s qui sont de gros consommate­urs d'énergie, comme les cimentiers, les fabricants de céramiques ou encore les utilisateu­rs chaudières à haut pouvoir calorifiqu­e. Ainsi les combustibl­es solides de récupérati­ons fournis par Europlasma vont être utilisés en substituti­on d'énergie fossile (comme le diesel).

Le chiffre d'affaires annoncé pour les cinq premières années est lié en fait au volume minimum annuel de déchets qui pourra être traité par la ligne de préparatio­n de CSR du site de Morcenx, soit 55.000 tonnes. Volume qui devrait logiquemen­t augmenter, puisque la direction du groupe espère bien pouvoir monter cette cadence annuelle à 85.000 tonnes, après autorisati­on des autorités compétente­s. Et si l'on suit correcteme­nt le raisonneme­nt du PDG, ce volume pourrait rapidement atteindre une cadence de 110.000 tonnes par an.

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