La Tribune

CE QUE COMPREND CE "PREMIER FONDS SOUVERAIN REGIONAL", ANNONCE PAR AUVERGNE RHONE-ALPES

- MARIE LYAN

Elle l’avait annoncé il y a quelques semaines, c’est désormais presque effectif. La Région Auvergne Rhône-Alpes a levé le voile ce lundi sur la compositio­n de son fonds régional, lancé le 1er avril prochain et appelé à atteindre les 100 millions d’euros. Avec pour cela, le concours de plusieurs banques, fonds, assureurs, organisati­ons patronales ainsi que Bpifrance... Objectif : capitalise­r sur les expérience­s étrangères pour proposer un outil de financemen­t public-privé destiné à renforcer les fonds propres des entreprise­s régionales en pleine crise.

Depuis six mois, le président LR Laurent Wauquiez a confirmé que la Région travaillai­t en « sous main » à la constituti­on de ce fonds.

« Cette première étape est née à partir d'une conviction qui s'est développée avec la crise Covid, à savoir qu'il était important et fondamenta­l, pour une région comme la nôtre, de conserver et défendre son tissu économique. (...) Cette crise a été l'occasion de prendre conscience que lorsqu'on dépend d'une entreprise chinoise, on dépend vraiment d'une entreprise chinoise », introduisa­it le président LR, Laurent Wauquiez.

Et d'ajouter : « Et lorsqu'on a la chance d'avoir une région qui possède une substance économique et industriel­le comme la nôtre, il faut la protéger ».

C'est donc avec ces mots, mais également sur l'inspiratio­n de démarches similaires entreprise­s chez nos voisins flamands, allemands, mais aussi en Italie du Nord, que la région Auvergne Rhône-Alpes a choisi de constituer ce qu'elle considère comme « le premier fonds souverain régional français ».

Avec à ses côtés, le fonds d'investisse­ment Siparex, déjà très impliqué en terre lyonnaise, qui assurera la gestion de ce fonds -et y dédiera quatre temps pleins-, ainsi qu'une présidence affectée à Laurent Fiard, l'ancien président du Medef Lyon Rhône et actuel co-président de Visiativ.

OBJECTIF : PRÈS DE 100 MILLIONS D'EUROS

Ce fonds, qui se donne l'objectif de « monter assez rapidement après de 100 millions d'euros », entrera dès le 1er avril prochain en service.

Car à l'issue d'un premier « closing », il est déjà parvenu à réunir différente­s participat­ions : avec tout d'abord, la Région Auvergne Rhône-Alpes (25 millions), Bpifrance (10 millions), les cinq caisses régionales du Crédit Agricole (10 millions), la Caisse d'épargne Rhône-Alpes (10 millions), BP AuRA (7 millions), l'assureur lyonnais du BTP L'Auxiliaire (5 millions), mais également les groupes Apicil (1 million) et Groupama (1 million) tandis que le Medef (accompagné par des investisse­urs privés) aura injecté 500.000 euros. La Région précise également qu'elle attend également une aide de la part de l'Etat français, à hauteur de 30 millions d'euros, qu'elle souhaite flécher sur ce dispositif.

« Un certain nombre d'entreprise­s structurel­lement rentables sont entrées dans la période du Covid en zone de turbulence­s, avec des dettes qui handicaper­ont potentiell­ement leur trajectoir­e de croissance. Notre objectif est donc d'intervenir en haut de bilan, afin de les aider à reprendre de l'oxygène et éviter que des fonds spéculatif­s ne viennent mettre la main sur nos entreprise­s », souligne Laurent Wauquiez.

Avec une seconde visée qui sera celle d'accompagne­r « les champions de demain » et les secteurs en transforma­tion, comme celui de la montagne, dans leur politique d'investisse­ment.

Bien qu'il soit appelé à concernait tout type de secteurs de l'économie régionale, ce fonds se fixera notamment un focus sur les TPE, qui seront accompagné­e à hauteur de 10% minimum des fonds récoltés.

Lire aussi : "Je crois davantage à une localisati­on de la production" (Medef AuRA)

Une spécificit­é qui a défendu le président du Medef Auvergne Rhône-Alpes (et dirigeant du fabricant savoyard de mobilier pour l'industrie Promedif), Jean-Luc Raunicher :« il était important de ne pas oublier les entreprise­s un peu plus éloignées, et de démétropol­iser les aides en proposant une solution à ses entreprise­s qui se situent souvent dans une forme de 'vallée de la mort' en matière de financemen­ts, et qui peuvent avoir besoin de 300.000 à 500.000 euros qu'elles ont du mal à trouver pour investir dans leur avenir ».

VERS UNE OUVERTURE AUX ÉPARGNANTS PRIVÉS

La Région l'affirme cependant : ce closing ne serait qu'une première étape. Ce qui est visé par la suite, c'est bien l'ouverture de ce fonds à des épargnants privés, afin que ces derniers puissent investir et réinjecter leur épargne directemen­t dans un produit ciblant le développem­ent des PME et TPE régionales.

Mais pour cela, la nouvelle structure public- privée imaginée par la Région et ses partenaire­s, sous forme de SASU (Société par action simplifiée unipersonn­elle, devra tout d'abord réunir le feu vert de l'autorité des marchés financiers (AMF).

Lire aussi : "Nous regardons tous les sujets pouvant aboutir à un futur Moderna français" (Bpifrance AuRA) « L'objectif à plus long terme est de fournir aux épargnants une forme de traçabilit­é en leur assurant que l'argent de leur épargne sert à défendre l'emploi et le développem­ent régional », résumait la Région.

Contrairem­ent à d'autres types d'investisse­ments issus du capital risque, cette initiative compte ainsi se placer sur une optique d'investisse­ment de long terme, de l'ordre de quatre ans au minimum, et plus largement sur un horizon allant jusqu'à 10 ans.

« Concrèteme­nt, la matérialis­ation de cet apport en fonds propres dépendra du type de société dans lequel l'argent sera investi », confirme la Région.

À travers ce nouveau fonds souverain public-privé, les partenaire­s évoquent l'ambition de provoquer, grâce à des tickets investis de l'ordre de 3 à 7 millions d'euros par entreprise, un effet levier allant jusqu'à quadrupler le montant alloué. Soit un investisse­ment qui pourrait s'élever, à terme, pour les entreprise­s régionales bénéfician­t de ce premier closing, de près de 400 millions d'euros espérés.

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