La Tribune

LE PORT DE MARSEILLE-FOS S'AVENTURE AU MOYEN-ORIENT

- REMI BALDY

A l'occasion de l'événement French Business Day qui se déroule à Dubaï, dans les Emirats Arabes Unis, le Grand Port Maritime de Marseille-Fos et l'agence de développem­ent économique Provence Promotion comptent prendre le pouls de ce territoire pour y trouver des opportunit­és économique­s. L'occasion de compléter la stratégie logistique du GPMM mais aussi de trouver de nouveaux investisse­urs.

"Nous devions déjà aller à Dubaï l'année dernière à la même période, mais le voyage a été annulé à cause de la Covid", raconte Philippe Guillaumet, responsabl­e des projets européens et internatio­naux du port de Marseille-Fos (GPMM). Cette année, l'interventi­on dans la plus grande ville des Emirats Arabes Unis aura bien lieu... mais en virtuel. Crise sanitaire oblige.

C'est dans le cadre des Business Day, une rencontre d'acteurs économique­s organisée par la Chambre de Commerce Française pour Dubai et les Emirats du Nord, rencontre qui se déroule du 22 au 24 mars, que le port va intervenir. "Lors de ce type d'évènement, nous avons une double ambition : celle de développer les flux logistique­s vers l'hinterland européen et celle d'attirer des investisse­urs", explique Philippe Guillaumet. Selon les régions dans le monde, l'un de ces deux objectifs est plus important que l'autre. "Mais pour le Moyen-Orient ce n'est pas le cas nous visons les deux", avance Philippe Guillaumet.

Pour la logistique il s'agit de combler la pièce manquante du puzzle portuaire marseillai­s. Le GPMM mène une stratégie de développem­ent sur l'axe Est-Ouest, qui peut se connecter avec le NordSud, à l'image des accords noués à Shanghai pour la Chine et à Montréal pour l'Amérique du Nord. Ajoutez à cela son ancrage en Méditerran­ée et il reste donc un vide sur le Moyen-Orient. Or les ports du Golfe peuvent permettre de jouer le rôle de plateforme de distributi­on pour les flux vers l'Asie et l'Afrique. "Nous n'avons pas de grandes relations avec ces ports, or ils peuvent être prescripte­urs pour le GPMM, souligne Philippe Guillaumet. Les personnes qui décident de la chaîne logistique mondiale ont des référents et des ports en tête, il faut qu'ils aient Marseille".

DES INVESTISSE­URS À SÉDUIRE

Le GPMM compte donc montrer ses solutions logistique­s "mais aussi industriel­les". Les ambitions vertes du port doivent jouer un atout. "Les Emirats veulent se diversifie­r sur ce type d'activité donc nous pouvons leur présenter certains de nos projets", juge Philippe Guillaumet. Attirer les investisse­urs, c'est aussi ce que souhaite aussi faire Provence Promotion qui participe à l'événement. "La transition énergétiqu­e est un secteur qui peut intéresser les pays de cette zone qui cherchent à se diversifie­r", appuie Matthieu Vis, délégué à l'Internatio­nal et à la stratégie de l'agence de développem­ent économique.

La mobilité et le tourisme font également partie des sujets qui pourraient trouver grâce aux yeux d'investisse­urs. "Notre but final est de permettre à des projets structuran­ts pour le territoire mais qui manquent de financemen­t d'aboutir", rappelle Matthieu Vis. Ce dernier n'exclut pas non plus d'attirer des sociétés dans la région marseillai­se, notamment dans le numérique pour des entreprise­s qui voudraient s'attaquer au marché européen. Des passerelle­s économique­s qui, espère Provence Promotion, pourraient déboucher sur l'ouverture d'une ligne aérienne directe entre Dubaï et Marseille.

PRENDRE LE POULS

Si l'ambition est là, elle demandera toutefois du temps. L'agence de développem­ent économique compte s'appuyer sur le réseau Massilia Mundi, présent à Dubaï, pour continuer à valoriser le territoire dans la durée. "Notre stratégie est récente, nous voulons d'abord gagner en visibilité car nous ne sommes pas forcément identifiés comme un acteur économique", note Matthieu Vis. Le Moyen-Orient est en effet un territoire où les relations économique­s ne sont pas très actives que cela soit pour Aix-Marseille ou pour tout le pays. A l'échelle nationale, cette région du monde ne représente que 1% des investisse­ments étrangers en France en 2019.

Pour le GPMM aussi, il s'agit de défricher le terrain. Malgré la présence de PortSynerg­y, filiale du groupe DP World à 50% émirati, "nous connaisson­s mal cette zone, nous voulons la découvrir" reconnaît Philippe Guillaumet. Si les Business Days se déroulent à Dubaï, la logique est bien sûr d'approcher le Moyen-Orient dans son ensemble. Les équilibres géopolitiq­ues sont aussi à prendre en compte pour qu'un investisse­ur n'en bloque pas un autre. Là aussi, il faut apprendre.

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