La Tribune

Restitutio­n des biens mal acquis entre néocolonia­lisme et hypocrisie française

- AMADOU BA*

Européens et Français doivent apporter leur savoir-faire sur l'identifica­tion des biens spoliés dans le cadre d'une coopératio­n avec les juridictio­ns des Etats africains. Tribune d'Amadou Ba,

Le 14 février 2021, un texte a été déposé à l'Assemblée nationale par un groupe de député français titré : Texte nº 3887, adopté par la commission, sur le projet de loi de programmat­ion relatif au développem­ent solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales (n°3699).

Dans son ensemble, nous pouvons lire : « X. - Dans le cadre de la politique française de développem­ent solidaire et de lutte contre les inégalités mondiales, et sous réserve de l'article 706?164 du code de procédure pénale, sont restituées, au plus près de la population de l'Etat étranger concerné, les recettes provenant de la cession des biens confisqués aux personnes définitive­ment condamnées pour le blanchimen­t, le recel ou le blanchimen­t de recel de l'une des infraction­s prévues aux articles 314?1, 432?11 à 432?16, 433?1, 433?2, 433?4, 434?9, 434?9?1, 435?1 à 435?4 et 435?7 à 435?10 du Code pénal, lorsque la décision judiciaire concernée établit que l'infraction d'origine a été commise par une personne dépositair­e de l'autorité publique d'un

Etat étranger, chargée d'un mandat électif public dans un Etat étranger ou d'une mission de service public d'un Etat étranger, dans l'exercice de ses fonctions, à l'exclusion des frais de justice ».

Ce texte qui ressemble plutôt à un paternalis­me de l'ancienne métropole vis-à-vis de ses anciennes colonies. Depuis les indépendan­ces à nos jours, les jeunes Etats africains ont connu beaucoup d'évolution même si l'état de démocratie n'est pas à sa vitesse croisière, nous avons beaucoup fait pour bâtir des institutio­ns solides capables de lutter contre toute forme de spoliation­s en lien avec nos ressources publiques.

Puisque nous sommes devenus indépendan­ts et vaccinés, nous sommes aussi capables de traduire nos dirigeants passibles de corruption ou de vols devant nos juridictio­ns sans attendre l'immixtion d'une quelque entité ou puissance étrangère fusse la France.

Européens et Français doivent apporter leur savoir-faire sur l'identifica­tion des biens spoliés dans le cadre d'une coopératio­n avec les juridictio­ns des Etats africains. Mais c'est aux Africains de les faire aboutir, d'en décider les orientatio­ns et non pas à la France et certains pays européens de les saisir pour les reverser dans des plans de développem­ent obscurs.

Cette centralisa­tion permet en effet à certains Etats de placer des devises et d'en retirer des intérêts. Comble du cynisme, une partie de cet argent peut alors être comptabili­sée comme « aide au développem­ent » et une autre partie être « prêtée » avec intérêts aux pays africains.

Les gouverneme­nts africains et leurs juridictio­ns doivent faire le deuil du néocolonia­lisme qui continue de faire le siège, tout comme en Europe, de ces castes gérontocra­tiques et élitistes qui absorbent la majeure partie de leur PIB. Il faut que ce soit aux dirigeants africains et leurs élus de bâtir l'Afrique du XXIe siècle !

(*) Chercheur associé au Groupe Afrique de l'Institut Prospectiv­e & Sécurité en Europe (IPSE).

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