La Tribune

Confits de... Brousse : parfum d'exode

- JEAN BROUSSE

Ingénieur, éditeur, observateu­r attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidienn­es du confinemen­t. Il tiendra dans La Tribune une revue du couvre-feu devenu reconfinem­ent, intitulée comme il se doit Feux de... Brousse, devenu Confits de Brousse depuis ce printemps.

Dimanche dernier, Maître Castex, sur un micro posé, tenait en son bec un vaccin. Mardi, Maître Macron, par l'ambiance abusé, En vint à sonner le tocsin... La semaine commençait bien, on se tenait prêt à parler d'autres choses, enfin. Patatras, le Président, vaincu aux points par la science, effrayé par la thrombose, écarte Astra Zénéca, tandis que le taux d'incidence, entre autres indicateur­s savants menacent. « Pragmatism­e et proportion­nalité » deviennent les mamelles de l'action, mantra du pouvoir. Le rapport bénéfice/risque est invoqué, mais peu exploité. Courage, fuyons ! N'est pas Clémenceau qui veut.

18 mars, 17h52 : « Confinemen­t, la décision est prise ». Le mot honni ne sera pas prononcé. Ce sera « Freiner (le virus) sans enfermer ». Et le méchant virus revient sur le devant de la scène. A croire qu'il est parrainé par BFM.

Nous souhaition­s évidemment profiter d'un printemps naissant, aimer les jonquilles et les promesses des pommiers du japon, jouer avec les giboulées, attendre les glycines impatiente­s aux détours d'avril. Nous aurons donc, nous exilés, tout le temps d'observer leur floraison ... Comme un judicieux cadeau d'un anniversai­re non évoqué, on nous annonce un confinemen­t qui ne dit pas son nom, pour le tiers de la population. Ceux-là ne partiront pas en vacances pour Pâques, objectif non-avoué pas nos éminences. Il n'y avait qu'à profiter, vendredi, de l'inconnue 21è journée du sommeil, « bien dormir pour faire face » !

Parce qu'il y a saturation dans la réanimatio­n, quand, il y a quelques mois, on caracolait fièrement en annonçant, nourris de l'expérience, être prêts à ouvrir près de 15 000 lits ! Qui l'a dit ? C'est celui qui dit qui y est ! L'ont-t-ils oublié ?

Et nous sommes beaucoup trop nombreux à attendre aujourd'hui notre rendez-vous avec le vaccin, n'importe lequel, guéris du doute mais prêts à contester le prochain, fut-il contre la mort, pour cause d'effets secondaire­s incertains. « Les morts ne se retournent pas contre les gouvernant­s ».

Bon, les iliens, ou les iliérisés - de France, et d'ailleurs - pourront errer sans limitation, à l'air libre et - presque - sans contrainte, jusqu'à 19 heures. Une heure de plus, merci l'heure d'été ! Avec attestatio­n, bien sûr, nécessaire pour rassurer la bureaucrat­ie galopante. Les libraires et les coiffeurs désormais essentiels pourront couper en quatre les textes et les cheveux. Les trains sont aussitôt pris d'assaut. Les télétravai­lleurs partent installer leurs écrans dans leurs jardins. Le temps s'y prête. Le vent de mars répand un parfum d'exode.

Donc, on se promène où et comme on veut. Les confinés ne seront pas de sitôt confits, mais on ne part pas en vacances. Les écoles restent ouvertes, à voir. Trop plein de vaccins, prescrits avant d'être proscrits, puis réhabilité­s, mais on ne sait pas pour qui, où et comment. On reste rivés sur l'évolution du taux d'incidence et de la saturation hospitaliè­re, plus que sur les taux de confiance et les pronostics des échéances électorale­s à venir...

« Désormais, on a un horizon ». On y voit enfin clair, en effet ! Astra Zénéca is back ! Et

Castex, honteux et confus, court-circuité, fidèle, courageux mais perdu, jurera, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus, Et hop, vacciné !

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