La Tribune

Oticon Medical, preuve que la fabricatio­n à haute valeur ajoutée à Sophia-Antipolis, c'est possible

- LAURENCE BOTTERO

Née startup spécialisé­e dans les implants cochléaire­s, celle qui a rejoint le danois Demant en 2013 a élargi depuis son champ d’expertise, devenant le centre de production mondial pour le groupe, spécialisé lui dans les implants à ancrage osseux. Une bascule qui a nourri la croissance, assortie d’une R&D constante. Mais qui démontre surtout que la technopôle peut tout à fait accueillir des activités de production, à condition qu’elles soient pointues.

Avant de rejoindre le groupe Demant, Oticon Medical s'appelait encore Neurelec et son innovation reposait sur sa capacité à concevoir, fabriquer et commercial­iser des implants cochléaire­s, implants qui relèvent de la bionique et qui consistent à remplacer la cochlée déficiente grâce à la stimulatio­n électrique directe du nerf auditif. En 2013, la jeune entreprise innovante est acquise par le groupe d'origine danoise pour un montant précisé à l'époque, de 57,5 millions d'euros.

C'est bien la synergie entre la technologi­e développée par la startup française et celle du géant danois qui explique ce mariage destiné à offrir un plus large déploiemen­t à la première qui vient fournir une brique complément­aire à la seconde.

De fait, Oticon Medical se déploie, pousse même les murs de ses locaux à Sophia-Antipolis, construisa­nt une passerelle entre les deux bâtiments ainsi qu'un parking de 100 places (dont certaines réservées aux véhicules électrique­s NDLR), chantier qui a représenté d'ailleurs un petit exploit car réalisé à flanc de falaise, le tout mobilisant 1 million d'euros d'investisse­ment.

LIGNE DE PRODUCTION EN COURS DE QUALIFICAT­ION

Un investisse­ment nécessaire car significat­if dans les besoins de croissance de la PME, devenue le centre de production mondial des implants auditifs du groupe. « Auparavant, les implants à ancrage osseux étaient fabriqués en Suède », explique Cédric Briand, aux manettes de l'entreprise depuis 2007, précisant que c'est à Sophia-Antipolis que sera produite la prochaine génération d'implants. « Nous sommes en train de qualifier la nouvelle ligne de production ». Une activité qui mobilise 1/3 des 300 personnes présentes sur la technopôle sophipolit­aine. Les autres 2/3 étant dédiés à la R&D, départemen­t ô combien stratégiqu­e. Et qui recrute de façon quasi constante. « Nous embauchons une trentaine de personnes chaque année », acquiesce Cédric Briand au rythme de 1 à 2 personnes par mois, une - infime - partie étant aussi consacrée au remplaceme­nt, le turn over atteignant une part de 5 %.

L'embauche de compétence­s est-elle compliquée ? « Beaucoup moins depuis le début de la crise », reconnaît Cédric Briand, estimant que de nombreux profils sont disponible­s, en recherche ou à l'écoute de nouvelles opportunit­és. Or, justement « nous avons des besoins de croissance, de structurat­ion ». Et des perspectiv­es d'internatio­nalisation, très cadrée. Car pour l'heure Oticon Medical n'est pas présente en Chine, ni au Japon, ni aux Etats-Unis et ces marchés représente­nt les prochaines étapes à franchir. Concernant l'outre-Atlantique, la validation - en attente - de la

FDA devrait ouvrir les portes du marché nord-américain à la Française dès l'an prochain.

UN PROCESSUS SCALABLE COMME COEUR DE FABRICATIO­N

Néanmoins, comme beaucoup d'entreprise­s, Oticon Medical subit les effets collatérau­x de la crise. Si Demant « nous aide », il n'en reste pas moins que le marché mondial des implants a subi un recul de 25% en 2020. « Les implants sont considérés comme une chirurgie de confort, qui peut donc être reportée », explique Cédric Briand. Avec pour effet de devoir revoir à la baisse les investisse­ments prévus pour la montée en charge de la production, sachant qu'il s'agit « d'une charge repoussée, il nous faut donc poursuivre les investisse­ments consacrés à la production afin de pouvoir reprendre le rythme lorsque la reprise sera là. Sinon, nous risquons de le payer ».

Pour faire face à ce moment particulie­r, Oticon Medical s'est insérée dans le Plan de relance mis en place par le gouverneme­nt et a été accompagné­e pour cela par le pôle de compétitiv­ité SCS. Un plan de relance qui permet à la PME azuréenne d'obtenir une part de financemen­t à hauteur de

40% de ses besoins d'investisse­ment, sous forme de subvention. Une aide qui vient accompagne­r notamment la duplicatio­n d'un processus de fabricatio­n innovant, mêlant zircon et titane. « Ce processus est notre coeur de fabricatio­n, il permet l'alliage de deux matériaux au niveau moléculair­e. C'est un processus scalable, c'est-à-dire qui permet d'améliorer la productivi­té de ce processus ».

SOPHIA-ANTIPOLIS, TERRE (AUSSI) DE PRODUCTION ?

Si le marché est secoué actuelleme­nt, il est, surtout concurrent­iel. Ce qui exige un investisse­ment constant en R&D. D'autant que les technologi­es vont vite et que conserver une certaine avance nécessite de ne pas faiblir en termes d'innovation­s. Oticon Medical - qui ne communique pas sur son chiffre d'affaires -, par exemple, revendique commercial­iser un implant le plus compact du marché. Une spécificit­é à maintenir pour faire face à la concurrenc­e. Ce qui fait dire à Cédric Briand qu'il « faut tout le temps innover ».

Cédric Briand qui - s'il collabore avec les Université­s - le fait peu avec l'environnem­ent sophipolit­ain. De la technopôle il dit que Sophia-Antipolis a besoin d'activité de production et que c'est peut-être même là, un axe à de son futur. « L'avenir de Sophia-Antipolis est de faire de la production à très haute valeur ajoutée, mais en petit volume », explique-t-il. «Oticon Medical a un rôle à jouer, nous sommes très multidisci­plinaires et la multidisci­plinarité crée de la valeur. Or la production exige une vraie création de valeur ». Un axe de développem­ent qui ne devrait pas laisser tout à fait indifféren­t du côté de la technopôle n°1 en Europe, jamais (en théorie) à une tentative d'innovation près...

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