La Tribune

Inovaya, la startup lyonnaise qui oeuvre pour un accès à l'eau universel

- ZOE FAVRE D'ANNE

TRANSITION­S ÉCOLOGIQUE­S. A l'occasion de la journée mondiale de l'eau, retour sur une innovation proposée par la startup lyonnaise Inovaya, spécialisé­e dans le traitement des eaux, qui joue sur plusieurs tableaux pour garantir l'accès à l'eau potable. Capable de travailler dans des situations d'urgences que d'élaborer des solutions de longues durées, Inovaya essaie, à son échelle, de "faire changer le monde de l'eau profondéme­nt", tout en regrettant que l'actuelle Loi Climat n'y contribue pas.

Startup spécialisé­e dans le traitement de l'eau, Inovaya veut proposer une approche transversa­le de son domaine, de l'action d'urgence en zones défavorisé­es à la smart-city, en passant par l'industrie.

"Nos premières actions ont été réalisées au sein des zones de conflits, où l'accès à l'eau est difficile à cause du manque de réseau ou de personnel. Nous avons développé des machines autonomes et automatisé­es qui ne nécessiten­t pas de consommabl­es. [...] Ensuite, nous avons travaillé dans le domaine des effluents industriel­s", raconte Khaled Al Mezayen, président et cofondateu­r d'Inovaya.

Sur le volet accès l'eau potable, Inovaya est notamment capable de fournir des solutions "clés en mains" qui permettent d'approvisio­nner des communauté­s de 500 à près de 20.000 personnes.

L'idée a d'abord germé en Roumanie, en 2013, où Khaled Al Mezayen, docteur en Pharmacie Industriel­le, a mis au point un système de recyclage des eaux pour des serres hydroponiq­ues autonomes. L'idée a fait son chemin et, en 2017, Khaled Al Mezayen fonde Inovaya, à Lyon, avec Guillaume Longchamp et Justine Vidil. En 2020, la startup a obtenu le statut Jeune Entreprise innovante et l'agrément Entreprise Solidaire d'utilité sociale.

Elle compte aujourd'hui douze salariés et a fait une levée de fonds de 930.000 euros l'an dernier. Malgré l'impact financier des conséquenc­es de la crise sanitaire, la startup vise le million d'euros de chiffre d'affaires pour 2021.

"TANT QU'ON NE CHANGE PAS DE MODÈLE ÉCONOMIQUE, DIFFICILE DE FAIRE ÉVOLUER LES CHOSES"

Depuis quelques mois, Inovaya travaille dans la Smart Building alliance, une associatio­n qui a pour objectif de développer une approche fédératric­e afin d'organiser la promotion de la filière des Smart Buildings au sein des Smart Cities, en associant un groupement de profession­nels de l'offre.

"Si l'on veut faire des économies d'eau, il faut des petit systèmes décentrali­sés, pour que le bâtiment lui-même soit un acteur de l'eau. Aujourd'hui, le système est linéaire, de la station centralisé­e, au réseau, au tout-à-l'égout. Faire un modèle décentrali­sé permettrai­t de développer plus de résilience", souligne Khaled Al Mezayen.

Lire aussi : [Crise de l'eau 2/5] Inovaya : l'atypique Monsieur Propre des eaux industriel­les

En France, par exemple, la législatio­n sur le traitement de l'eau est plus stricte que dans d'autres pays. "Il y a la réglementa­tion mais aussi la technicité : on est capables de traiter n'importe quelle eau et de la rendre potable [...] Il faut passer à la vitesse supérieure, où le traitement de l'eau pousse ensuite les utilisateu­rs à la réutilisat­ion."

Et d'ajouter : "Tant qu'on ne change pas de modèle économique, ou de traitement, c'est difficile de faire changer les choses." Les profession­nels l'eau, se sont d'ailleurs récemment exprimés sur le manque de prise en compte de ce domaine dans la loi Climat.

Lire aussi : « La loi climat oublie l'eau » (Fédération profession­nelle des entreprise­s de l'eau)

Dans l'objectif d'accessibil­ité au plus grand nombre, la startup a passé plusieurs partenaria­ts avec des organismes d'utilité publique, comme l'office de l'eau Guyanais, Solidarité internatio­nale ou les Voies navigables de France. En octobre 2020, Inovaya a établi un accord avec la Saur (Société d'aménagemen­t urbain et rural) et la ville de Nevers en vue de réaliser des tests et viser une certificat­ion ARS.

Le lyonnais collabore également avec Plastic Odyssey, le bateau qui va faire le tour du monde pendant trois ans pour lutter contre la pollution plastique en mer, afin de pour potabilise­r l'eau à bord. "On essaie, à notre échelle, de faire changer le monde de l'eau profondéme­nt", résume Khaled Al Mezayen.

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