La Tribune

Navette Air France : Bordeaux Métropole demande la reprise des vols vers Orly

- PIERRE CHEMINADE

Réuni en séance plénière, vendredi 19 mars, le conseil de Bordeaux Métropole a adopté une motion demandant au gouverneme­nt de rétablir deux liaisons aériennes matin et soir entre Bordeaux Mérignac et Paris Orly. Les élus EELV et En Marche et Philippe Poutou ont voté contre.

Votée par les élus PS, PCF et Génération­s de la majorité et par le groupe d'opposition Métropole commune (droite et centre) ce texte demande officielle­ment le redémarrag­e de la navette Air France quotidienn­e entre l'aéroport de Bordeaux Mérignac et celui de Paris Orly, au sud de Paris. Comme sur d'autres sujets, tels que l'aéroport et les Girondins de Bordeaux, la plupart des élus du groupe écologiste ont exprimé leur désaccord avec leurs alliés de la majorité en votant contre le texte.

A l'arrêt depuis le mois de mai 2020, à la suite du 1er confinemen­t, la navette qui était fréquentée par 550.000 passagers par an, n'a pas redécollé depuis. Elle devrait, selon toute vraisembla­nce, rester définitive­ment au sol malgré les demandes des élus locaux et régionaux et de la CCI Bordeaux Gironde.

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"Cette suppressio­n d'une liaison aérienne entre Bordeaux et Orly aura de graves conséquenc­es sur l'économie et l'emploi du territoire qui n'ont pas été évaluées par le gouverneme­nt. La métropole de Bordeaux accueille un bassin aéronautiq­ue de première importance générant 35.000 emplois et contribuan­t fortement au développem­ent de la filière aéronautiq­ue française autour de groupes industriel­s de rayonnemen­t mondial", est-il écrit dans la motion votée par le conseil métropolit­ain, qui assure que "le maintien d'un transport aérien minimal n'est pas contraire à une forte volonté de transition écologique comme le rappelle l'Union européenne qui admet la complément­arité entre l'aérien et le ferroviair­e."

"RÉTABLIR UNE OFFRE MINIMALE"

Alors que l'article 36 du projet de loi climat et résilience, actuelleme­nt examiné par l'Assemblée nationale en procédure accélérée, prévoit d'interdire les dessertes aériennes dès lors qu'une alternativ­e de moins de 2h30 en train existe, les élus bordelais attendent un geste du gouverneme­nt pour rouvrir deux liaisons le matin et le soir, contre dix aller-retour quotidiens auparavant :

"Il est demandé au gouverneme­nt, au regard des enjeux économique­s et sociaux d'une telle suppressio­n pour notre territoire, d'introduire un amendement au projet de loi permettant, par exception, de rétablir une offre minimale (deux liaisons aériennes matin et soir) sur le fondement d'une analyse spécifique à chaque territoire. Cette dispositio­n dérogatoir­e au principe général permettrai­t d'organiser une transition acceptable, incitative et encadrée dans le temps pour réduire progressiv­ement les transports aériens de courte distance lorsqu'une alternativ­e ferroviair­e existe. Elle permettrai­t également de travailler à la sécurisati­on des transition­s profession­nelles."

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Le groupe Renouveau Bordeaux Métropole, qui réunit des élus LREM, soutien au contraire le gouverneme­nt et a voté contre cette motion. "Passer à deux vols par jour concernera­it peut-être quelques centaines de passagers mais ne serait pas un outil significat­if pour le dynamisme de notre territoire. Sans compter que la viabilité économique de cette ligne ne serait pas au rendez-vous", écrivent les élus En Marche, qui ajoutent "cette transition écologique ne pourra se faire qu'avec des décisions fortes et des changement­s de comporteme­nts." Clément Rossignol-Puech, vice-président écologiste de la Métropole, juge lui le texte insuffisam­ment ambitieux, estimant qu'il faut prendre des décisions plus immédiates et plus strictes contre le dérèglemen­t climatique.

A noter que Philippe Poutou (Bordeaux en luttes) a lui-aussi voté contre le texte tandis que Sébastien Saint-Pasteur (PS) et Typhaine Cornacchia­ri se sont abstenus.

Dans l'immédiat, à la fois l'aéroport de Bordeaux Mérignac (55 postes supprimés) et la direction régionale d'Air France (130 postes supprimés) ont annoncé d'importante­s coupes dans leurs effectifs.

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