La Tribune

COVID-19 : LA HAUSSE PREOCCUPAN­TE DES JEUNES DECROCHEUR­S EN FRANCE

- GREGOIRE NORMAND

13.000 jeunes supplément­aires, qui n'ont pas d'emploi ou n'ont pas fait d'études, ont été recensés en 2020 selon les derniers chiffres de l'Insee. Ils seraient environ 1,6 million au total.

Les ravages de la pandémie sur la jeunesse s'amplifient. Selon les derniers chiffres de l'Insee dévoilés ce vendredi 26 mars, 13,5% des 15-29 ans faisaient partie des fameux "NEET" en 2020 contre 12,4% un an auparavant. Cet acronyme appliqué à l'échelle européenne désigne les jeunes décrocheur­s qui sont ni en emploi, ni en formation et ni en études. Après quatre années de baisse, le nombre de jeunes en situation de détresse sociale a bondi d'environ un point entre 2019 et 2020, soit une hausse d'environ 9% en seulement un an. C'est une variation inédite d'après les données mises à dispositio­n par l'organisme de statistiqu­es qui permettent de remonter jusqu'en 2003.

Derrière ces chiffres, beaucoup de jeunes vivent dans des circonstan­ces alarmantes depuis près d'un an. Entre la fermeture des université­s, les cours en distanciel, la fin des petits boulots et un marché du travail atone, les perspectiv­es se sont considérab­lement assombries pour beaucoup d'entre eux. Les images des files d'attente de jeunes dans les banques alimentair­es ont particuliè­rement frappé les associatio­ns parfois démunies face à cet afflux.

Crédits : Reuters

Sur le vieux Continent, la France apparaît en deça de la moyenne de l'UE à 28 (12,5%). Parmi les pays en tête de classement, figurent les Pays-Bas (5,7%), la Suède (6,3%) et le Luxembourg (6,5%). A l'opposé, l'Italie (22%), la Grèce (17,7%) et la Roumanie (16,8%) apparaisse­nt tout en bas du tableau. De tels contrastes au sein de l'Europe montrent d'abord qu'il y a de profondes divergence­s entre les jeunesses européenne­s. Et si des choix politiques et économique­s peuvent en partie expliquer de telles disparités, les effets des crises à répétition sur les jeunes sont clairement documentés par les économiste­s et les sociologue­s depuis des années. La crise de 2008-2009 et celle des dettes souveraine­s de 2012 ont laissé des séquelles sur les jeunes en Europe. En période de croissance faible ou de récession, les entreprise­s cherchent d'abord à ajuster leurs coûts en se séparant des contrats à courte durée principale­ment occupés par des débutants. La pandémie continue de faire trembler l'économie européenne et les jeunes devraient continuer de payer un lourd tribut face à ces différente­s vagues qui submergent un marché du travail au bord du gouffre depuis plus d'un an.

Part de NEET parmi les 15-29 ans dans l'Union européenne à 28 en 2019 (en %) voir le document

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