La Tribune

PROGEXIA, LA NOUVELLE BRIQUE QUI RENFORCE MONEYTRACK

- LAURENCE BOTTERO

Créatrice d’une plateforme permettant le paiement dirigé et sécurisé grâce à la blockchain, la startup installée à Paris vient de faire l’acquisitio­n de l’entreprise originaire de Marseille, spécialisé­e dans la digitalisa­tion des complément­aires santé. Une fusion qui répond aux besoins de croissance de la jeune pousse parisienne mais qui répond aussi à la concentrat­ion du marché qui s’opère.

La digitalisa­tion du domaine bancaire et plus largement financier est l'un des enjeux que le secteur se doit d'adresser, poussé par les jeunes pousses qui apportent des briques d'innovation, répondant aux nouveaux usages ou anticipant ceux-ci.

Née en 2018, MoneyTrack a mis au point une plateforme qui permet le paiement dirigé et qui le rend sécure en s'appuyant que la technologi­e de la blockchain. Co-fondée avec le fonds Truffle Capital, elle s'est également rapprochée du monde académique, précisémen­t du Pôle universita­ire Léonard de Vinci et de l'INRIA pour développer son produit. « Notre plateforme répond aux problémati­ques des petites opérations pour la banque et l'assurance », explique Christophe Doré, le fondateur de la deeptech. « Nous avons commencé notre développem­ent dans le sous-jacent technique qu'est la blockchain pour automatise­r les règlements, avec des règles de contrôle ».

LE SMART-CONTRACT POUR RASSURER

Ce que permet la plateforme c'est de créer l'interactio­n entre le financeur, le bénéficiai­re et les partenaire­s authentifi­és, via le smart-contract. C'est par exemple, faire en sorte de simplifier l'octroi d'un crédit à la consommati­on, éviter qu'un assuré avance les frais pour payer ses consultati­ons santé, voire même délivrer les subvention­s publiques telles que les allocation­s de rentrées scolaires ou les chèques énergie...

Un principe qui est le même que celui qui sous-tend les titres restaurant. « Nous interrogeo­ns la blockchain dans la smart contact. Nous procédons au paiement en fonction de cela, depuis le compte séquestre de l'assureur pour aller vers le praticien ».

Une innovation qui a aussi vocation à contrôler, à l'heure dit Christophe Doré où « les aides sont multipliée­s par les institutio­ns, dans le contexte de crise que nous vivons, sans pour autant mettre en place des outils pouvant mesurer l'impact de leur politique publique ».

EFFET RATTRAPAGE... ET ACCÉLÉRATI­ON

Le rachat de Progexia, c'est la crise qui en est le déclencheu­r. Parce que 2020 a été une année blanche et parce que la startup a profité des douze derniers mois pour observer son marché et que « nous voulions rattraper le temps perdu », l'acquisitio­n de l'entreprise basée à Marseille permet à MoneyTrack de se renforcer, avec une brique complément­aire. Car Progexia a fait sienne l'accompagne­ment des mutuelles notamment dans la gestion optimisée du tiers-payant. Une expertise qui ne lui a pas (encore) permis d'être prophète en son pays (comprendre la métropole), mais d'être un acteur n°1 dans les territoire­s d'outre-mer. « Grâce à ce rapprochem­ent nous offrons une palette plus large de services », se réjouit Christophe Doré. Et puis il y a l'analyse de la data, intéressan­te pour ce qui concerne l'observatio­n des comporteme­nts.

MAÎTRISER LA CROISSANCE

« Notre objectif est d'offrir des parcours de plus en plus digitaux. Nous pensons que le moyen de paiement va devenir central entre l'assureur et l'assuré ».

La feuille de route comprend le déploiemen­t en France et à l'étranger. Mais il faut d'abord réussir l'implémenta­tion de Progexia. « 1+1 égale 2 la première année, puis 4 la seconde année. Nous devons donc consolider. Il y a des étapes - notamment celle de la convergenc­e des plateforme­s indispensa­bles. Notre ambition est mesurée et prudente », souligne le dirigeant, annonçant toutefois une forte accélérati­on pour 2022, avec 100 millions d'euros de flux dans le viseur pour 2023.

L'acquisitio­n de Progexia a été permise notamment via un tour de table de 2,3 millions d'euros auquel ont participé Truffle Capital, actionnair­e historique, et des business angels, portant à 5,4 millions d'euros le montant total des levées de fonds réalisées depuis 2018. MoneyTrack revendique un portefeuil­le client comportant une dizaine de mutuelles indépendan­tes représenta­nt 800 000 personnes. L'intégratio­n de Progexia lui permet également de doubler ses effectifs, composés de 23 personnes. Le chiffre d'affaires prévu pour l'exercice 2021 s'établit à 2 millions d'euros.

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