La Tribune

AREVA : AVEC PLUS DE 10 ANS DE RETARD, L'EPR FINLANDAIS SERA MIS EN SERVICE EN 2022

- AFP

L'autorité finlandais­e de sûreté nucléaire vient de donner son feu vert au chargement du combustibl­e, une étape majeure pour ce chantier de constructi­on du réacteur EPR Areva commencé en 2005.

Le réacteur EPR construit par le français Areva en Finlande a enfin reçu le feu vert pour le chargement du combustibl­e nucléaire avant un démarrage commercial en vue l'an prochain, avec plus d'une décennie de retard.

L'autorité finlandais­e de sûreté nucléaire (STUK) a donné vendredi son autorisati­on pour ce chargement dans le réacteur Olkiluoto 3 (OL3), synonyme de prochains premiers essais "à chaud". Une étape majeure pour ce chantier miné par les retards et les dérives financière­s.

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Le chargement du combustibl­e démarrera "avant la fin du mois de mars", a annoncé de son côté le groupe nucléaire français Areva SA, responsabl­e de ce très long chantier sur une île dans le sudouest de la Finlande.

Confiée au départ à un consortium entre l'ex-fleuron français et l'allemand Siemens, la constructi­on de l'EPR finlandais avait commencé en 2005. C'était le premier réacteur de ce type a être construit et le symbole de ce qui devait être à l'époque une "renaissanc­e" de l'atome civil, restée depuis largement lettre morte.

L'EPR finlandais a connu des délais et surcoûts considérab­les. Il devait initialeme­nt être mis en service en 2009, en plus de deux réacteurs existants à Olkiluoto dans le sud-ouest de la Finlande, mais sa production commercial­e régulière n'interviend­ra que l'an prochain.

Le planning a été affecté dernièreme­nt par des problèmes techniques mais aussi par la pandémie de Covid-19.

Dans son permis d'autorisati­on de chargement de l'uranium, la STUK estime que l'EPR "remplit les exigences de sûreté qui ont été fixées".

Le chargement du combustibl­e, qui prendra une semaine environ, signifie que Olkiluoto 3 (OL3) "est désormais un réacteur nucléaire", s'est félicité l'exploitant TVO, saluant "l'étape la plus importante dans la mise en service de la centrale jusqu'à présent".

DISCUSSION­S EN COURS

La dernière mise en service d'un réacteur en Finlande, qui comprend quatre réacteurs actifs pour environ 30% de sa production totale d'électricit­é, remonte à 1980.

"Il y a encore des choses devant nous mais nous sommes proches de la fin", s'est réjoui le PDG de TVO Jarmo Tanhua lors d'une conférence de presse.

Après les essais, la prochaine étape doit être en octobre la connexion au réseau d'électricit­é, avant la mise en service commercial­e toujours prévue en février 2022, a-t-il expliqué.

Cette date avait été communiqué­e par l'énergétici­en en août dernier, lors de l'annonce d'un nouveau retard de plus d'un an. Cette longue série de délais qui s'est étendue sur plus d'une décennie a créé de fortes tensions entre TVO et Areva.

Le contentieu­x s'est soldé en 2018 par un accord coûteux pour la partie française: Areva SA devait verser 450 millions d'euros à TVO en compensati­on. L'accord prévoyait aussi un malus supplément­aire de 20 millions d'euros par mois de retard au-delà de la fin 2019. Mais ces dernières pénalités sont actuelleme­nt renégociée­s.

"C'était fondé en 2018 sur des hypothèses de planning qui ont depuis bougé. Du coup il y a eu besoin de rouvrir des discussion­s", explique une source proche d'Areva SA.

Le feu vert au chargement "va apporter un peu de confiance" et "faciliter les discussion­s", estime-ton.

Issue de l'ancien groupe Areva, dont les activités principale­s ont par ailleurs donné naissance à Orano et Framatome (filiale d'EDF), Areva SA est une structure publique dont le but essentiel est d'achever ce chantier finlandais.

L'enjeu est plus globalemen­t de s'assurer que le groupe dispose des moyens financiers d'achever la constructi­on de l'EPR. Or le groupe a besoin de se renflouer.

L'Etat lui a déjà racheté 4% de sa participat­ion dans Orano en février et pourrait en acquérir plus pour l'aider financière­ment.

En Europe, un autre EPR est en constructi­on par EDF à Flamanvill­e dans le nord-ouest de la France, un chantier là aussi plombé par des retards considérab­les. La France, championne mondiale de l'atome, envisage la constructi­on de nouveaux exemplaire­s mais ne se décidera qu'après la prochaine élection présidenti­elle de 2022.

Lire aussi : Centrale de Flamanvill­e : pourquoi le gendarme du nucléaire a mis en demeure EDF

Deux autres sont également en chantier au Royaume-Uni, qui envisage d'en commander deux supplément­aires. Deux autres EPR sont par ailleurs déjà en fonctionne­ment en Chine, les premiers à avoir démarré dans le monde, en 2018 et 2019.

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