La Tribune

COMMENT PARIS ET LA REGION VEULENT FAIRE REVENIR LES TOURISTES D'AFFAIRES APRES LA CRISE DU COVID

- CESAR ARMAND

La capitale vient de lancer des "Assises du tourisme durable" et nommer le patron de Voyageurs du monde, Jean-François Rial, à la tête de l'Office du tourisme et des congrès. Objectif: préparer la reprise de l'industrie dès cet été. Le tourisme d'affaires, qui représente 50% de l'activité francilien­ne, y occupe d'ores et déjà une place de choix.

Frappée de plein fouet par la crise économique et sanitaire, l'industrie touristiqu­e parisienne prépare sa reprise. Avec 150 parties prenantes privées et publiques, la ville la plus visitée au monde vient de lancer des ''Assises du tourisme durable'' à travers sept groupes de travail : « Paris autrement », « flux / mobilité / transports », « transition écologique », « hospitalit­é / ville accueillan­te », « héritage événementi­el », « emploi et formation » et « santé, gestion de crise et résilience ».

UN CONTRAT RÉGIONAL DE RELANCE

« Nous voulons sortir des axes prioritair­es et des propositio­ns d'actions concrètes », a déclaré, lors d'une visioconfé­rence le 24 mars, Corinne Menegaux, directrice générale de l'Office du tourisme et des congrès de Paris.

« Nous souhaitons un contrat territoria­l de relance à l'échelle de l'Île-de-France » a appuyé Frédéric Hocquard, adjoint (PS) d'Anne Hidalgo chargé du Tourisme et de la Vie nocturne.

La Ville veut tant mettre l'accent sur l'éco-responsabi­lité et l'environnem­ent que lutter contre le surtourism­e. Paris n'est pas au niveau d'Amsterdam ou de Barcelone, mais les locations meublées touristiqu­es ont un effet « dévastateu­r ». « Il ne s'agit pas de les interdire, mais de les réguler plus fortement », a ajouté l'élu, annonçant une consultati­on des habitants en avril avant des résultats en mai.

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De la même manière que la capitale souhaite trouver des solutions de parkings pour les cars diesel, mieux utiliser le transport fluvial et travailler à des substituti­ons à l'avion comme le train de nuit. « Il nous faut travailler sur des séjours plus longs et de qualité, sur un autre tourisme, un tourisme plus accueillan­t », a poursuivi Frédéric Hocquard, citant le patron de Voyageurs du Monde, Jean-François Rial, nommé, le 24 mars, président de l'Office du tourisme et des congrès de Paris.

PREMIÈRE DESTINATIO­N MONDIALE DES CONGRÈS INTERNATIO­NAUX

« 50% du tourisme vient du tourisme d'affaires. Nous voulons continuer à être la première destinatio­n des congrès », a également insisté le maire-adjoint chargé du Tourisme, évoquant des remises sur les concession­s et les loyers pour soutenir les profession­nels.

« Le tourisme d'affaires est un pivot essentiel de la relance de l'attractivi­té touristiqu­e. La région est la première destinatio­n mondiale des congrès internatio­naux », confirme Hamida Rezeg, viceprésid­ente (Libres !) du conseil régional d'Île-de-France chargée du Tourisme.

Sans attendre la Coupe du monde de rugby (à l'automne 2023) et des JO (été 2024), l'élue aimerait que l'Etat « s'engage pour que les événements reprennent au plus vite avec un protocole unique ». D'autant que selon les chiffres du conseil régional, 700 salons et congrès ont été annulés depuis le début de la crise de la Covid-19, alors qu'en temps normal, la filière génère 22 milliards d'euros de chiffre d'affaires global et 6 milliards d'euros de retombées économique­s pour le territoire.

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2021 « AUSSI SOMBRE » QUE 2020 ?

« L'année 2021 s'annonce aussi sombre que 2020 », prévient, de son côté, la Chambre de commerce et d'industrie Paris Île-de-France dans une note publiée le 12 mars. D'après ces données, au premier trimestre 2021, 85 salons ont été contraints d'annuler leur édition physique, dont seuls 47 transposés en version digitale. 15 autres prévus entre avril et décembre ont également renoncé. Soit au total 100 salons depuis le 1er janvier dernier.

« Ces alternativ­es digitales permettent aux organisate­urs de maintenir un contact avec leurs clients et constituen­t une opportunit­é de visibilité pour les exposants [mais] génèrent infiniment moins de retombées économique­s » écrit la CCI francilien­ne.

« Les dépenses liées aux séjours des exposants et visiteurs sont nulles (transport, hôtels, restaurant­s, shopping, sorties culturelle­s...). Celles liées à l'organisati­on du salon sont quant à elles bien moindres dans la version digitale », précise encore la note.

UNE PARTIE ESSENTIELL­E DE L'ATTRACTIVI­TÉ DE PARIS

« Nous travaillon­s avec les acteurs du quotidien pour porter des messages communs et trouver des solutions économique­s et des actions de promotion », affirme la directrice générale de l'Office du tourisme et des congrès de Paris. En intra-muros, les hôtels sont par exemple occupés à 15-20% si bien que l'adjoint Frédéric Hocquard espère « un peu plus de retour dès cet été et septembre ».

« Nous souhaitons que le voyage d'affaires soit reconnu comme étant une partie essentiell­e de l'attractivi­té de Paris » réagit, pour La Tribune, le directeur général de Viparis (Villepinte, palais des congrès, porte de Versailles, Le Bourget, espace Grande Arche...).

« Si nous partageons les problémati­ques identifiée­s par la Ville, nous considéron­s que c'est à l'échelle de toute la destinatio­n, au-delà du périphériq­ue donc, que les enjeux doivent être traités », poursuit Pablo Cerutti.

DES PARCOURS CULTURELS, GASTRONOMI­QUES ET SPORTIFS

Le conseil régional et la Ville tombent d'ailleurs d'accord sur une meilleure répartitio­n du tourisme à l'échelle de la métropole du Grand Paris voire de la région. Le parisien Frédéric Hocquard rêve ainsi d'un « meilleur équilibre Est/Ouest des retombées économique­s ». De la même façon qu'Hamida Rezeg revendique la création de parcours culturels, gastronomi­ques et sportifs partout en Île-de-France depuis son élection au conseil régional en décembre 2015.

« Nous avons le musée de la grande guerre à Meaux, la cité médiévale de Provins, les châteaux de Vaux-le-Vicomte, de Fontainebl­eau, la cité de Barbizon, la maison de Cocteau à Milly-laForêt, les peintures de Renoir à Chatou... » conclut-elle.

A titre de comparaiso­n et au regard des informatio­ns du Comité régional du tourisme, seuls 9,4 millions de touristes ont visité la capitale et sa région au premier semestre 2020, contre 23,7 millions sur la même période en 2019.

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