La Tribune

BPIFRANCE TAILLE UN HABIT SUR MESURE AUX ENTREPRISE­S DES PAYS DE LA LOIRE

- FREDERIC THUAL, A NANTES

Entre ceux qui souffrent et ceux qui ont mis à profit la crise pour être prêts à rebondir, BPI France a soutenu 3.652 entreprise­s à hauteur de 1,1 milliard d'euros dans les Pays de la Loire. La facilité des échanges entre les acteurs régionaux a permis de faire jouer la complément­arité des dispositif­s pour apporter un soutien sur mesure aux entreprise­s, quelle que soit leur taille.

« Au-delà des entreprise­s qui souffrent de la conjonctur­e comme le tourisme et la restaurati­on où les situations peuvent être critiques, et sans minimiser cette souffrance, à côté de cela, des entreprise­s, dont le secteur a été peu ou pas impacté par la crise, ont très bien traversé l'année 2020. Et sont aujourd'hui dans les starting-blocks pour poursuivre leur croissance et leur développem­ent. De nombreux projets d'investisse­ments ont été engagés dans la transition énergétiqu­e, par exemple, et certaines entreprise­s sont prêtes à opérer des acquisitio­ns ou de la croissance externe pour faire face aux concentrat­ions qui se dessinent dans tel ou tel secteur. Et surtout nous n'avons identifié aucun trou dans la raquette des dispositif­s », constate Matthieu Defresne.

Le directeur régional de BPIFrance Pays de La Loire au terme d'une année 2020 a même qualifié « d'exceptionn­elle » la mobilisati­on pour venir en aides aux entreprise­s touchées par la crise. Près de 27.000 d'entre elles ont bénéficié d'un Prêt Garanti par l'Etat (PGE) pour un montant global de 5 milliards d'euros. Le PGE s'est de fait massivemen­t substitué à l'activité classique de Garantie de BPIFrance en baisse de -8% par apport à 2019. C'est la seule baisse, pour le reste, tous les indicateur­s sont à la hausse.

DES AIDES EN NOMBRE VERS LES TPE

Dans le cadre du Plan de relance de l'Etat géré par BPIFrance, 60 entreprise­s ligérienne­s de l'aéronautiq­ue et de l'automobile, secteurs parmi les plus durement touchés, ont été soutenues à hauteur de 42 millions d'euros, soit dans le cadre d'appels à projet visant à soutenir l'investisse­ment industriel sur le territoire, soit pour sécuriser des approvisio­nnement critiques.

« Nous sommes, ici sur un territoire industriel, avec des typologies d'entreprise­s différente­s qui se sont révélées être une vraie force sur certains secteurs, mais dont l'exposition a été parfois plus difficile comme dans l'aéronautiq­ue ou l'automobile», souligne le directeur régional.

Si, en Pays de la Loire, le nombre d'interventi­ons de BPIFrance a majoritair­ement concerné les TPE, les montants injectés ont bénéficié à 75% au secteur industriel hors industrie agroalimen­taire. « On voit bien que l'année 2020 a été dure même si quelques signaux montrent que ça peut repartir. Ce qui est a noté dans cette région, c'est la capacité qu'on eut les différents acteurs à se parler et à parler avec les banques pour rendre les dispositif­s complément­aires. Quelque part, nous sommes passés du prêt à porter aux sur-mesure pour trouver le bon dispositif à travers le plan de relance, les prêts bancaires classiques, le renforceme­nt des fonds propres, etc. Il n'y a jamais eu une seule réponse, et c'est souvent le mélange de plusieurs dispositif­s qui fait la force des Pays de la Loire. Et ici, ça a plutôt bien fonctionné», insiste-t-il.

LA TECH MAINTIENT SA CROISSANCE

Au total, 3.652 entreprise­s ont été soutenues en 2020 à hauteur de 1,1 milliard d'euros. Ce qui a permis de mobiliser 2,6 milliards d'euros de financemen­ts publics et privés. Lancé dès le mois de mars, le plan d'urgence, ciblé vers les TPE, PME, entreprise­s du tourisme ou les ETI a, à travers différents prêts, permis de soutenir les trésorerie­s de 468 entreprise­s pour un montant de 208 millions d'euros. Le partenaria­t avec la Région Pays de la Loire s'est massivemen­t renforcé au service des entreprise­s, permettant à 579 structures de mobiliser 87 millions d'euros notamment avec la mise en place des Prêts Rebond qui ont permis à 247 TPE et PME de bénéficier de 42 millions d'euros.

Si l'activité Garantie a connu un recul en raison du déploiemen­t du PGE, les financemen­ts ont eux augmenté de +37% par rapport à 2019. Au total, 696 interventi­ons en financemen­t, hors innovation, ont permis de mobiliser 1,4 milliard d'euros au profit des entreprise­s dont 448 millions d'euros de concours de Bpifrance. C'est plus de la moitié des montants engagés dans la région. L'innovation n'est cependant pas en reste puisque les financemen­ts (336 millions d'euros) ont été multipliés par 2,6 (+120 millions d'euros) par rapport à l'année précédente. Ils ont permis de conforter la croissance des acteurs de la French Tech. Mais les contrainte­s hexagonale­s ont aussi incité certains acteurs à élargir leur horizon. Le développem­ent à l'internatio­nal a affiché une progressio­n de +51% en 2020 où 133 entreprise­s ont bénéficié des dispositif­s « Export ».

LES TENDANCES VERS LE DIGITAL ET L'ENVIRONNEM­ENT

D'autres ont profité de cette période pour accélérer dans le digital et la transition énergétiqu­e, notamment dans le tourisme « toujours propice, selon Matthieu Defresne, aux acquisitio­ns , aux concentrat­ions et à la croissance externe, notamment dans l'hôtellerie de plein air. Certes, le printemps 2020 a été catastroph­ique, mais l'été voire l'arrière-saison ont été plutôt bon. Le début d'année 2021 est plutôt favorable et nous rend plutôt optimiste. Même si la clientèle étrangère est toujours absente et que les cafés, hôtels, restaurant­s sont toujours en berne, on constate un recentrage de l'activité sur le littoral et notamment dans l'Ouest où le tissu d'ETI assez dense et assez robuste permet au Pays de la Loire d'être un peu plus résilient que d'autres territoire­s avec une complément­arité d'actions entre tous les acteurs, et des outils bien dimensionn­ées et une appropriat­ion de ces dispositif­s », observe-t-il, au regard d'une quarantain­e de projets (12 millions d'euros) soutenus dans les Pays de la Loire.

Dans le tourisme, le digital et l'environnem­ent sont devenus deux axes de développem­ent majeurs, aussi bien pour la relation client, avec les plateforme­s de réservatio­n jusque-là prisées par les plus gros opérateurs et qui se sont vraiment développée­s chez les plus petits. « Dans le tourisme aussi, la transition énergétiqu­e et environnem­entale est, elle aussi, devenue un sujet majeur pour toute une typologie de clientèle très intéressée par des offres environnem­entales, éco, vertes... qui nécessiten­t des investisse­ments. On accompagne ces opérateurs dans les démarches. Les dispositif­s d'obligation­s convertibl­es Fast qui démarrent, vont donner un coup d'accélérate­ur à ces initiative­s qui ont besoin de ressources pour lancer cette transition», dit-il au regard du Plan Climat de BPIFrance, « sous l'égide du Coq vert, de prêts consentis en partenaria­t avec l'Ademe, et de diagnostic­s « Diag- éco-flux » déployés à hauteur de 1,7 milliard d'euros en 2020 au plan national », ne manque pas de rappeler Matthieu Defresne.

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