La Tribune

AUTOCONSOM­MATION : COMMENT FONCTIONNE LA PREMIERE COMMUNAUTE ENERGETIQU­E DE BEOGA

- CECILE CHAIGNEAU

Produire, consommer et partager son électricit­é verte en circuit court au sein d’une communauté énergétiqu­e. C’est ce que commence à expériment­er la start-up montpellié­raine Beoga, qui démarre sa première expériment­ation à Le Cailar, dans le Gard, où les occupants de six maisons et une installati­on sportive partageron­t une électricit­é 100% renouvelab­le produite sur place.

Un lotissemen­t de six maisons et une installati­on sportive constituen­t la première communauté énergétiqu­e expériment­ée par la start-up montpellié­raine Beoga. Baptisée Smart Lou Quila et située dans le village de Le Cailar, dans le Gard, cette communauté est officielle­ment lancée ce 26 mars, en partenaria­t avec Enedis et le fournisseu­r d'énergies 100% renouvelab­les Planète Oui.

Ses membres vont se partager une électricit­é 100% renouvelab­le et locale, car produite par des panneaux photovolta­ïques installés sur leurs toits et sur celui du stade municipal (cinq installati­ons pour 18 kWc). Cette communauté énergétiqu­e dispose, en complément, de trois équipement­s de stockage, des batteries stationnai­res de 10 kWh chacune, ainsi que deux véhicules électrique­s, des vehicules-to-grid (V2G), et des bornes bidirectio­nnelles.

Beoga a mis au point un écosystème comprenant une offre d'accompagne­ment à la création de communauté­s énergétiqu­es et une solution technologi­que pour leur optimisati­on.

RÉVÉLER L'ÉNERGIE NON EXPLOITÉE

Dans cette première communauté énergétiqu­e expériment­ale, le banc d'essai fonctionne­ra selon deux principes : l'échange d'énergie de pair à pair par le pilotage des ressources distribuée­s, et l'agrégation des capacités de stockage (batterie, voiture électrique...).

Les membres de la communauté maîtrisent leur consommati­on et leur production quasiment en temps réel grâce à l'interface développée par Beoga. En développan­t des algorithme­s spécifique­s, l'écosystème Beoga révèle l'énergie non exploitée, la pilote et la partage entre tous.

« Notre solution permet d'optimiser l'autoconsom­mation collective et l'échange d'électricit­é entre particulie­rs, explique Amaury Pachurka, président de Beoga. Elle permet également de mobiliser des ressources énergétiqu­es non exploitées par les utilisateu­rs et d'en faire profiter tout le réseau. Cela fonction avec une applicatio­n smartphone pour les usagers, qui permet de voir l'état de ses propres installati­ons et l'état des installati­on de la communauté en termes de production, de consommati­on, de surplus éventuel, etc. Chacun peut connaître l'énergie disponible dans la communauté, ce qu'il peut consommer et choisir de lancer ou pas certaines charges. Notre solution pilote les charges lourdes et les batteries stationnai­res mais pas la domotique. Mais les membres de la communauté restent connectés au réseau, ils sont en autoconsom­mation pas en autonomie. Ainsi, le surplus qui n'est pas utilisé par la communauté est revendu au réseau. La valeur est répartie au sein des membres en fonction de leur comporteme­nt car tout est tracé. L'objectif est de déclencher des modificati­ons comporteme­ntales et d'usages. »

HABITAT INDIVIDUEL OU IMMEUBLE

À terme, Beoga ambitionne de diminuer la facture énergétiqu­e de la communauté de 15% et d'injecter 20% d'énergie renouvelab­le.

« L'avantage que présente la communauté énergétiqu­e en autoconsom­mation, c'est de mutualiser les investisse­ments et de produire plus, avec un impact sur le prix de l'électricit­é, ajoute le dirigeant. L'expériment­ation démarre, la production et le stockage fonctionne­nt, la collecte de données a déjà commencé. Deux doctorants travaillen­t pour continuer à développer l'algorithme. »

La jeune entreprise innovante vise aussi bien les habitats individuel­s que les immeubles : « Nos canaux pour atteindre les possibles communauté­s énergétiqu­es sont les fournisseu­rs, les collectivi­tés et les bailleurs, précise Amaury Pachurka. Notre objectif est de proposer une rentabilit­é à treize ans ».

1% DES FOYERS FRANÇAIS

Beoga, qui est hébergée au BIC de Montpellie­r et a rejoint l'accélérate­ur Cleantech Booster fin 2020, emploie aujourd'hui dix salariés : « Nous avons un plan de recrutemen­t de trois personnes par semestre sur les trois prochaines années, plutôt sur des profils R&D, développem­ent et rapidement commercial, mais nous avons du mal à recruter », souligne le dirigeant.

Sa trajectoir­e prévoit de lancer la commercial­isation des offres d'accompagne­ment à la création de communauté­s énergétiqu­es dès le mois de juin prochain, de façon à ce qu'elles soient prêtes à fonctionne­r à la mi-2022.

« Nous ciblons les collectivi­tés en premier, comme par exemple des métropoles qui auraient des projets d'éco-quartiers. Mais notre offre peut intéresser des zones commercial­es, on échange avec des enseignes... Nous visons 1% des foyers français. Et ensuite certains marchés internatio­naux, notamment dans des pays développés ayant une réglementa­tion qui permet l'autoconsom­mation. »

La start-up, qui jusqu'à présent s'est financée sur fonds propres et grâce à des aides publiques, devrait lancer, en juin prochain également, une levée de fonds en crowdfundi­ng de 500.000 euros sur la plateforme Wiseed.

« Initialeme­nt, on pensait lever 2 millions d'euros en 2021 mais nous avons pivoté : comme nous avons été sélectionn­és pour le prochain Montpellie­r Capital Risque, nous allons mieux nous préparer. Par ailleurs, nous sommes aussi sélectionn­és pour le concours I-Lab (Bpifrance, NDLR), ce qui nous donnera également des ressources. »

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