La Tribune

LA PANDEMIE A PROVOQUE UNE HAUSSE VERTIGINEU­SE DES DECES, L'ESPERANCE DE VIE EN FORT RECUL

- GREGOIRE NORMAND

669.000 Français sont morts en 2020, soit 9% de plus qu'en 2019 selon de récents chiffres dévoilés par l'Insee. Dans le même temps, l'espérance de vie a diminué de 6 mois pour les femmes et 7 mois pour les hommes.

La pandémie continue d'affoler les compteurs. Selon un bilan de l'Insee dévoilé ce lundi 29 mars, la France a enregistré 56.000 décès supplément­aires en 2020 par rapport à 2019, soit une hausse de 9%. Avec ces chiffres consolidés, l'organisme de statistiqu­es confirme le terrible de bilan de l'hexagone sur le plan démographi­que. La propagatio­n du virus sur l'ensemble du territoire a entraîné un pic de mortalité jamais observé depuis le début des années 50. Alors que les hôpitaux francilien­s sont de nouveau saturés et que le personnel médical est obligé de faire du tri entre les patients, la France affronte une troisième vague épidémique. L'exécutif réfléchit de plus en plus à durcir les mesures d'endiguemen­t après avoir refusé dans un premier temps un confinemen­t strict.

PANDÉMIE ET VIEILLISSE­MENT

Cette maladie infectieus­e a fait des ravages chez les population­s les plus âgées au cours de l'année 2020. Les statistici­ens rappellent que le vieillisse­ment de la population française avec l'arrivée de la génération du baby boom à des âges où la mortalité est plus grande a largement contribué à cet effrayant bilan humain. Ainsi, la hausse de la population et son vieillisse­ment expliquera­ient environ 14.000 décès au cours de l'année. La mortalité s'est fortement concentrée sur les personnes de plus de 70 ans rappelle l'institut. Les pics de décès correspond­ent peu ou prou aux vagues d'épidémie du printemps et de l'automne 2020. Entre mars et avril, au moment du pic de la crise sanitaire, plus de de 27.300 décès ont été recensés (+27%). A l'automne, le recensemen­t démographi­que fait état d'un bilan encore plus impression­nant avec 34.000 morts supplément­aires.

MOINS DE DÉCÈS LIÉS AUX GRIPPES SAISONNIÈR­ES, PLUS DE MORTS PROVOQUÉS PAR LES VAGUES DE CANICULE

ll faut néanmoins noter que si les décès relatifs à la pandémie ont grandement contribué à la hausse de la mortalité dans les statistiqu­es, ceux liés aux grippes saisonnièr­es ont nettement baissé. « Selon Santé Publique France, la grippe saisonnièr­e en 2020 a occasionné peu de décès (environ 4.000 en 2020, après 8.100 en 2019 et 13.000 en 2018). Les décès, toutes causes confondues, survenus en janvier et février 2020 sont inférieurs de 7.500 à ceux de la même période en 2019 (et même de 9.200 si l'on tient compte du fait que 2020 est une année bissextile) » expliquent les deux auteures de la note, Sylvie Le Minez et Valérie Roux. Les mesures drastiques de distanciat­ion sociale ont ainsi permis de limiter les contaminat­ions d'autres virus et bactéries. En revanche, les épisodes de fortes températur­es ont accéléré la mortalité. Les vagues de chaleur auraient ainsi provoqué plus de décès (1.900) en 2020 par rapport à 2019 (1.500). Avec le réchauffem­ent climatique en cours, ces phénomènes pourraient s'accentuer dans les années à venir.

EN EUROPE, LA FRANCE DANS LA MÉDIANE

La circulatio­n du virus dans l'ensemble des Etats européens a laissé des traces considérab­les dans la population. Des milliers de familles vont rester endeuillée­s après les décès survenus au cours de cette période. Sur le Vieux continent, la France se place dans la médiane (+9%) note l'Insee pour l'année 2020. La quasi-totalité de ses voisins a enregistré un surcroît de mortalité. Il semble que si la première vague a épargné plus d'Etats, la seconde vague a été bien plus mortelle pour beaucoup de pays. « Si, au printemps, lors de la première vague de l'épidémie de Covid-19, la mortalité n'avait augmenté que dans sept pays en Europe, avec la seconde vague, à l'automne la crise sanitaire semble s'être diffusée plus largement » indique l'organisme basé à Montrouge.

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