La Tribune

LE MISSILIER MBDA PLIE MAIS NE ROMPT PAS EN 2020

- MICHEL CABIROL

La crise du Covid-19 a entrainé une légère baisse, selon nos informatio­ns, du chiffre d'affaires de MBDA (3,6 milliards d'euros) et, surtout, de ses prises de commandes (3,3 milliards d'euros).

L'impact de la crise Covid-19 s'est bel et bien fait ressentir dans le bilan de l'année 2020 de MBDA (37,5 % Airbus, 37,5% BAE Systems, 25% Leonardo). De façon raisonnabl­e. Le missilier, qui était en route sur le chemin des 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires avant l'irruption du Covid-19, a subi une légère baisse, selon nos informatio­ns, de son chiffre d'affaires (3,59 milliards d'euros, contre 3,7 milliards en 2019) et, surtout, de ses prises de commandes (3,3 milliards d'euros, contre 3,5 milliards). Résultat, le book-to-bill (ratio commandes sur chiffre d'affaires) est négatif pour la seconde année consécutiv­e. Enfin le carnet de commandes passe en-dessous des 17 milliards d'euros, notamment après l'effondreme­nt de la livre sterling face à l'euro.

"Il est très difficile de dire si les commandes qui n'ont pas été prises en 2020 sont des annulation­s ou des reports. Nous sommes dans un état d'extrême vigilance", avait alors expliqué Eric Béranger.

Depuis deux ans, les commandes de MBDA ne franchisse­nt plus la barre des 4 milliards d'euros. Une barre atteinte ou franchie pourtant à sept reprises entre 2012 et 2018 avec un pic en 2015 (5,2 milliards d'euros) correspond­ant aux contrats armement des Rafale en Égypte et au Qatar signés cette année-là. En 2020, MBDA accuse donc une nette baisse des commandes à l'export, estimée entre 30% et 50% en novembre dernier au Paris Air Forum par le PDG de MBDA, Eric Béranger.

UNE ANNÉE DIFFICILE À L'INTERNATIO­NAL

En 2020, MBDA a bénéficié de plusieurs commandes importante­s sur le plan domestique (France, Grande-Bretagne et Italie). En France, la ministre des Armées Florence Parly a confié au missilier le développem­ent du programme de missile air-sol Missile Air-Sol Tactique-Futur (MAST-F), qui va armer en 2028 l'hélicoptèr­e de combat Tigre (500 missiles pour un contrat de 700 millions d'euros). Le missilier a également reçu un contrat d'une valeur de 550 millions de livres sterling (646 millions d'euros) pour la production du système de missiles de croisière Spear du ministère britanniqu­e de la Défense. Il sera la principale arme de frappe à moyenne et longue portée de l'avion de combat britanniqu­e F-35. Le ministère britanniqu­e de la Défense (MoD) a aussi attribué à MBDA un contrat pour une améliorati­on logicielle du Brimstone 3B (197 millions de livres, 230 millions d'euros). Enfin, en Italie, MBDA a obtenu un contrat pour fournir le missile anti-navire Teseo Mk2 / E.

A l'internatio­nal, MBDA a concrétisé deux beaux coups à l'export en 2020. Le missilier est monté à bord des frégates allemandes Meko A200 vendues à l'Égypte, en vendant pour la première fois à l'export le VL-Mica NG. Un contrat estimé autour de 300 millions d'euros. MBDA a également vendu des missiles défensifs à la marine saoudienne, le missile sol-air VL-Mica et le missile antinavire Exocet MM40 Block 3. Ils seront installés sur des corvettes de Navantia Avante 2200. Il a également concrétisé un contrat de 40 millions d'euros environ avec la marine sénégalais­e pour armer avec des missiles Marte Mk2 N et Mistral 3 (Simbad RC) les trois OPV 58 vendus par Piriou (135 millions d'euros).

2021, L'ANNÉE DU RATTRAPAGE ?

En 2021, MBDA peut déjà compter sur le contrat armement des Rafale en Grèce pour un montant de 350 millions d'euros, selon nos informatio­ns. MBDA a également remporté à l'internatio­nal un premier contrat pour son nouveau système de défense aérienne Albatros NG (CAMM-ER), qui rentrera en service en 2024. En Inde, le ministère indien de la Défense a commandé au missilier indien Bharat Dynamics Limited 4.960 missiles antichars Milan 2T (140 millions d'euros) produit sous licence MBDA. Enfin, le missilier est enfin officielle­ment monté à bord des quatre frégates MEKO (ThyssenKru­pp Marine Systems) dans le cadre du programme brésilien Tamandaré (missiles Sea Ceptor et Exocet MM40).

Des contrats qui en appellent d'autres... En 2021, le missilier accompagne en effet sur plusieurs campagnes importante­s Dassault Aviation (et parfois ses concurrent­s) en Suisse, Finlande, Croatie, Indonésie, Inde, Égypte et Émirats Arabes Unis ainsi que Naval Group en Grèce (frégates FDI), Indonésie et Philippine­s (sous-marins). Des campagnes dont certaines pourraient déboucher cette année. En revanche, le programme de défense aérienne TLVS (MBDA/Lokheed Martin) n'est d'ores et déjà plus attendu cette année.

Sur le plan domestique, MBDA a également déjà signé plusieurs contrats importants. C'est le cas en France, qui a récemment commandé 367 missiles air-air MICA NG pour un contrat estimé à plus de 300 millions d'euros (1,8 milliard au total pour l'ensemble du programme). La France et l'Italie ont également lancé la modernisat­ion du système d'arme de défense aérienne SAMP/T NG (Nouvelle génération) confiée à MBDA France, MBDA Italie et Thales, via le consortium Eurosam. Curieuseme­nt pour un contrat public, aucun montant n'a été divulgué officielle­ment. Ce qui montre le peu de cas dont font l'objet les contribuab­les français et italiens qui financent ce type de programme. Enfin, le lancement du programme de missiles anti-navire et de croisière, baptisés FMAN/FMC, destinés à remplacer les missiles anti-navires Exocet (France) et Harpoon GrandeBret­agne) et de croisière Scalp/Storm Shadow, est attendu cette année. 2021, un feu d'artifice pour MBDA ?

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