CRISE ECONOMIQUE ET "TAXE COVID" : "NOUS NE TAXERONS PAS L'EPARGNE DES FRANCAIS", PROMET BRUNO LE MAIRE
Selon la Banque de France, l'excès d'épargne des ménages français atteindra 165 milliards d'euros en fin d'année, soit 8% du PIB. Ce surplus d'épargne représente un gisement potentiel énorme de croissance qui pourrait même atteindre 200 milliards d'euros fin 2021. Or, l'un des plus gros défis de la relance sera de trouver le moyen de libérer cette épargne, c'est-à-dire d'inciter les Français à, d'eux-mêmes, la transformer en consommation ou en investissement. Le coup de pouce fiscal de Bruno Le Maire, ce lundi, va dans ce sens.
Le gouvernement ne taxera pas l'épargne des Français, a déclaré lundi Bruno Le Maire sur Franceinfo, tout en réaffirmant vouloir favoriser les donations entre générations.
L'épargne a fortement augmenté depuis le début de la crise sanitaire provoquée par l'épidémie de COVID-19. Selon la Banque de France, l'excès d'épargne des ménages atteindra 165 milliards d'euros en fin d'année, soit 8% du produit intérieur brut.
TAXER LE SURPLUS D'ÉPARGNE DES FRANÇAIS?
Mais ce surcroît d'épargne, alors que le pays est plongé dans une crise économique indédite, a fait surgir la question de sa possible taxation. À gauche notamment mais également à droite, avec des élus et des économistes qui ont lancé l'idée d'une taxe exceptionnelle, dite « taxe covid ». Le
Medef était également à la manoeuvre sur ce sujet dès le début janvier, quand son président estimait qu'il il faudra "peut-être réfléchir à un moyen de faire sortir l'épargne", emmagasinée par de nombreux Français en 2020, qui ont réduit leur consommation durant les confinements ou par précaution et peur de l'avenir.
Lire aussi : Plan de relance: le Medef veut un 2e volet de soutien et "faire sortir" l'épargne des Français
Or cette épargne est inégalement répartie entre les Français. Le surcroît est évalué à 7.500 euros pour le neuvième décile (les ménages aisés), contre seulement 100 euros chez les plus modestes, selon l'Insee.
Et donc, il s'agirait de taxer les ménages les plus aisés, qui sont ceux qui ont le plus épargnés.
Mais, en parallèle, il est aussi question de taxer certaines entreprises, celles qui ont vraiment profité de la crise, tels que les géants de la distribution ou du e-commerce.
Lire aussi : Un an de crise : l'épargne des Français à la rescousse de la croissance ?
"INJUSTE ET TOTALEMENT INEFFICACE"
Face à ce débat et à certaines inquiétudes qui se font jour chez les Français, Bruno Le Maire a essayé de balayer les craintes en ces termes :
"Nous ne taxerons pas l'épargne (des Français). Ce serait profondément injuste et ce serait totalement inefficace", a dit Bruno Le Maire.
C'est exactement ce que le ministre de l'Économie avait annoncé le 1er mars lors d'une conférence de presse, quand, pour mettre fin aux spéculations, il avait affirmé qu'il écartait « une nouvelle fois clairement et définitivement toute taxation de l'épargne des Français ».
LE DÉFI DE "LIBÉRER" LE SURCROÎT D'ÉPARGNE DES FRANÇAIS
Toutefois, transformer cette épargne en consommation ou en investissement dans les entreprises sera un des « défis » de la reprise économique, avait-t-il jugé, à l'instar de nombreux économistes.
C'est donc dans cet esprit qu'il a évoqué ce matin de nouvelles pistes pour inciter les Français à libérer leur épargne, préconisant une fiscalité nulle pour les donations de "quelques milliers d'euros" afin de "permettre à des grands-parents de soutenir leurs petits-enfants".
"Donner quelques milliers d'euros à son petit-fils ou sa petite-fille, pour moi ce n'est pas une politique pour les riches, c'est une politique de justice pour les classes moyennes, pour la solidarité entre générations", a déclaré Bruno Le Maire.
"Ce sera un plafond réduit", a-t-il ajouté. "Zéro taxe, zéro impôt pour quelques milliers d'euros, pas plus. Il ne s'agit pas de faire sauter les plafonds, de faire une politique qui bénéficierait uniquement aux catégories les plus aisées de la population française."
La mesure sera arbitrée dans les jours qui viennent, a-t-il précisé. (avec Reuters)