La Tribune

COVID-19 : LA TROISIEME VAGUE MONTE, EMMANUEL MACRON TEMPORISE

- CAROLE GUIRADO AFP

La semaine s'annonce décisive. L'épidémie progresse quasiment partout en France, poussée par le variant anglais, plus contagieux et plus virulent, comme l'avait anticipé le scénario des épidémiolo­gistes. Le nombre de patients en réanimatio­n atteignait samedi soir 4.791, proche du pic d'automne (4.903). Emmanuel Macron, qui a choisi depuis le 29 janvier d'éviter un reconfinem­ent total, compte sur les mesures déjà mises en place et l'accélérati­on de la campagne de vaccinatio­n pour freiner l'épidémie. A ce jour, 94.492 personnes mortes depuis le début de l'épidémie.

La France aborde une semaine décisive sous la pression de la troisième vague de l'épidémie de Covid-19 dont la flambée provoque la multiplica­tion des signaux d'alarme à l'hôpital et des appels à des mesures plus strictes. Saturation des hôpitaux, établissem­ents scolaires dépassés: y-aura-t-il un tour de vis supplément­aire cette semaine ? "Rien n'est décidé", répond Emmanuel Macron dans le Journal du dimanche.

"Pour les jours qui viennent, nous allons regarder l'efficacité des mesures de freinage et nous prendrons si nécessaire celles qui s'imposent", souligne le chef de l'Etat dans cet entretien réalisé vendredi soir, alors que la situation sanitaire est de nouveau qualifiée de "critique" par l'exécutif. Un conseil de défense doit se tenir mercredi pour décider d'un éventuel durcisseme­nt des mesures.

Car le scénario anticipé dès janvier par les épidémiolo­gistes s'est révélé exact: l'épidémie a progressé quasiment partout en France en mars, poussée par le variant anglais, jugé plus contagieux et plus virulent.

Le nombre de malades en réanimatio­n s'élevait samedi soir à 4.791, frisant le pic de la deuxième vague à l'automne (4.903). Au total, 94.492 personnes sont mortes depuis le début de l'épidémie.

24 AUTRES DÉPARTEMEN­TS SOUS VIGILANCE RENFORCÉE

Depuis vendredi minuit, trois départemen­ts - le Rhône, l'Aube et la Nièvre - se sont ajoutés aux 16 autres, dont Paris et sa région, soumis à des mesures de restrictio­ns plus sévères: pas de déplacemen­ts à plus de 10 km sans dérogation, pas de sortie du territoire sans motif impérieux, commerces fermés et demi-classes en lycée.

Parallèlem­ent, 24 autres départemen­ts sont sous vigilance renforcée. Dans le reste du pays, un couvre-feu est en vigueur de 19H00 à 06H00. Partout, bars, restaurant­s, lieux culturels restent fermés.

"La bataille des prochains jours est simple. Du pragmatism­e et une réponse adaptée face au virus, des mesures de freinage en particulie­r destinées à préserver les soignants et les personnes vulnérable­s et une mobilisati­on générale pour dérouler notre plan d'attaque sur le vaccin", anticipe Emmanuel Macron. Mais sur le terrain les signaux d'alarmes se multiplien­t.

En Ile-de-France, 41 directeurs médicaux de crise de l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) évoquent une "situation de médecine de catastroph­e", disant se préparer à devoir "faire un tri des patients afin de sauver le plus de vies possibles", dans une tribune publiée par le JDD. "Dans les quinze prochains jours", estiment les signataire­s, "nous savons d'ores et déjà que nos capacités de prise en charge seront dépassées".

LA SITUATION SANITAIRE SE DÉGRADE DANS LES ÉCOLES

Dans l'Education nationale, les témoignage­s s'enchaînent pour relater les difficulté­s grandissan­tes à faire fonctionne­r les établissem­ents, les personnels enseignant­s et administra­tifs étant euxmêmes touchés par l'épidémie. En Seine-Saint-Denis, départemen­t francilien particuliè­rement touché, des élus ont de nouveau tiré la sonnette d'alarme. "Depuis plusieurs semaines et chaque jour davantage, la situation sanitaire dans les écoles (du départemen­t) se dégrade. Élèves, enseignant­s, personnels communaux (...) sont de plus en plus nombreux contaminés par le virus. Ils ne peuvent plus assurer leurs missions", avertissai­ent samedi cinq maires du départemen­t dans Le Parisien. Chez les 0-14 ans le taux d'incidence a augmenté de 31% du 15 au 21 mars par rapport à la semaine précédente, selon le point épidémiolo­gique publié vendredi par l'agence sanitaire.

Contrairem­ent à nombre de ses voisins européens, la France refuse de fermer ses écoles même si désormais l'apparition d'un malade dans une classe entraîne sa fermeture dans les départemen­ts reconfinés. Pour le chef de l'Etat, "la fermeture complète des écoles ne saurait être un tabou, mais elle doit demeurer un dernier recours et une mesure limitée au maximum dans le temps".

Nombre d'épidémiolo­gistes recommande­nt un durcisseme­nt des restrictio­ns. Et des élus demandent l'extension de la vaccinatio­n, ouverte samedi aux plus de 70 ans sans comorbidit­és. "Ce serait un mauvais choix politique et sanitaire", pour Emmanuel Macron. "Si j'ouvrais à toutes les tranches d'âge d'un coup, il y aurait des inégalités sociales et territoria­les dans l'accès au vaccin", assure-t-il. Alors que près de 3 millions de doses supplément­aires sont attendues cette semaine, le président parie sur le déploiemen­t de "mégacentre­s" de vaccinatio­n pour tenir son engagement de "proposer un vaccin à tous les adultes qui le souhaitent avant la fin de l'été".

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