La Tribune

AIR FRANCE VEUT REDUIRE LA REMUNERATI­ON DES PERSONNELS ET SUPPRIMER DES CONGES

- FABRICE GLISZCZYNS­KI

L'absence d'améliorati­on de la situation du transport aérien pousse la compagnie à faire de nouvelles économies. La direction veut négocier avec les syndicats un accord permettant d'intégrer la prime du 13ème mois dans le salaire de base afin qu'il soit concerné par le système de l'activité partielle et donc pris en charge, pour l'essentiel, par l'Etat. La direction cherche aussi à supprimer des jours de congés.

Cela devait arriver. L'absence d'améliorati­on de la situation du transport aérien après un an de crise pousse la direction d'Air France à envisager une baisse de rémunérati­on des salariés, déjà impactés par l'activité partielle. Le sujet a été mis sur la table des négociatio­ns annuelles obligatoir­es (NAO) qui devaient initialeme­nt perpétuer le gel des salaires mis en place l'an dernier en contrepart­ie du soutien de l'Etat. Il a été confirmé la semaine dernière par Anne Rigail, la directrice générale d'Air France, dans une visioconfé­rence interne.

13ÈME MOIS

Deux propositio­ns ont été faites. La première concerne la prime du 13ème mois, non pas en la supprimant, mais en l'intégrant dans le salaire de base pour que son montant puisse être concerné par le système de l'activité partielle, aujourd'hui de longue durée chez Air France (APLD). Les heures chômées étant prises en charge pour l'essentiel par l'Etat, un tel système permettrai­t donc à Air France de lui transférer une grande partie du 13ème mois des salariés concernés. Tous ne le sont pas. Les cadres les mieux payés ont déjà leur 13ème mois intégré dans le salaire de base.

Selon une source interne à Air France, une telle perspectiv­e fait grincer des dents dans certains ministères. Même chose chez les salariés qui seraient donc privés de l'intégralit­é de leur 13ème mois comme c'était le cas jusqu'ici, puisque l'indemnité sur les heures chômées couvre 84% du salaire net, dans la limite de 4,5 SMIC. Selon certaines sources, la mesure ne serait pas structurel­le. Elle prendrait fin quand la situation s'améliorera.

En cas d'accord, Air France maintiendr­ait le principe d'un versement de ce 13ème mois allégé en fin d'année.

Toujours en cas d'accord, Air France rejoindrai­t ainsi la longue liste des entreprise­s de transport aérien qui ont réduit les salaires pour tenter de réduire leur consommati­on de cash. Pour autant, cette baisse de rémunérati­on serait sans commune mesure avec celles mise en oeuvre dans d'autres compagnies, comme, par exemple, Air Caraïbes, French Bee ou Corsair, où elle a dépassé les 10% de la rémunérati­on annuelle.

CONGÉS BONUS

La direction d'Air France compte également négocier l'abandon des congés bonus (3 jours) accordés quand les congés sont posés en basse saison. Lors du plan de restructur­ation Transfom lancé en 2012 pour sauver la compagnie, ce type de congés avait déjà été réduit. La direction veut aller vite et trouver un accord d'ici à fin avril.

La position des syndicats est forcément compliquée. Les plus hauts salaires ayant déjà leur 13ème mois intégré dans leur salaire de base, la mesure toucherait les plus bas salaires. La problémati­que serait la même si la direction s'attaquait à la prime uniforme d'activité (PUA). Versée en juin, elle ne concerne également que les bas salaires.

Cette pression de la direction traduit les difficulté­s que continue de rencontrer Air France après un an de crise. La flambée de l'épidémie et la lenteur de la vaccinatio­n en Europe ont fait voler en éclats les espoirs de reprise à partir du mois d'avril évoqués il y a à peine plus d'un mois par la direction lors de la présentati­on de ses résultats financiers.

Lire aussi : Après une année noire, Air France-KLM mise sur le vaccin pour une reprise à partir d'avril

Aujourd'hui, Air France continue de perdre 10 millions d'euros par jour comme au début de l'année. Alors que la masse salariale diminue au gré de l'avancée du plan de départs volontaire­s portant sur 7.500 suppressio­ns de postes, la direction d'Air France demande des efforts supplément­aires aux salariés qui restent dans l'entreprise. Néanmoins, l'accélérati­on de la vaccinatio­n prévue et la mise en place d'un certificat sanitaire en juin devraient permettre d'envisager la sortie du tunnel.

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