La Tribune

BRETAGNE : THIERRY BURLOT MONTE DANS LE BUS DES REGIONALES

- PASCALE PAOLI-LEBAILLY, A RENNES

Divorce au Conseil régional de Bretagne en vue des élections. Sans étiquette mais adoubé par LaREM, le Modem et l’UDI, Thierry Burlot a lancé ce vendredi sa campagne depuis les Côtes d’Armor. Lundi dernier, le vice-président du Conseil régional chargé de l’environnem­ent a été démis de ses fonctions par Loïg Chesnais-Girard. Concurrent mais pas encore en campagne, le président PS est prêt à briguer un deuxième mandat.

C'est l'histoire d'un bus jaune qui a fait déraper son plan de départ en campagne. Diffusée en début de semaine sur Twitter, une photo de véhicule au nom de Thierry Burlot, baptisé « Nous la Bretagne », a embouti le fragile équilibre de la majorité régionale à l'aube des élections. Lundi, Loïg Chesnais-Girard, le président PS de la Région, aussi candidat mais pas encore en campagne, a officialis­é lui-même la candidatur­e de son vice-président en charge de l'Environnem­ent, tout en le démettant de ses fonctions, dans un laconique message de trois phrases: « Thierry Burlot vient de m'annoncer sa candidatur­e aux élections régionales. J'ai pris la décision de lui retirer ses délégation­s. Les Bretonnes et les Bretons méritent de la clarté et de la franchise. »

ADOUBÉ PAR EMMANUEL MACRON

Officielle­ment, les deux hommes étaient toujours en discussion­s dans l'optique d'une éventuelle alliance. Le cliché est malencontr­eusement venu prouver que l'organisati­on de la campagne de Thierry Burlot, qui était allé chercher l'adoubement d'Emmanuel Macron début février, était déjà bien avancée.

Consommé, le divorce a donc lancé la campagne (et tendu l'ambiance) des Régionales 2021 en Bretagne. Soutenu par La République en Marche, mais aussi le Modem et l'UDI, Thierry Burlot s'est officielle­ment lancé dans la course vendredi 26 mars. Itinérant, son bus jaune va prendre la route pour un BreizhTour.

Alors que se profilent l'ultime session plénière du Conseil régional, prévue le 9 avril, et d'éventuels nouveaux soubresaut­s, Thierry Burlot est bien décidé à ne pas démissionn­er. Depuis mardi, celui qui a voté toutes les délibérati­ons du Conseil régional se défend des accusation­s de traîtrise et ne comprend pas les raisons de son « limogeage ». «Je tiens mon mandat de vice-président de JeanYves le Drian, pas de Loïg Chesnais-Girard », maintient-il. Réélu président de région PS en 2015, l'actuel ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, qui continue de tirer des ficelles en Bretagne via son club Breizh Lab des progressis­tes bretons, avait en effet passé le flambeau (pour non cumul des mandats) à son héritier Loïg Chesnais-Girard en 2017.

SE POSER EN RASSEMBLEU­R

Depuis aujourd'hui, Thierry Burlot entend surtout se poser en rassembleu­r face à un président de région social-démocrate qu'il accuse de diviser, alors que sa majorité se fissure entre les toujours PS, dont il se revendique, et les ex-PS tentés par l'aventure LaREM.

« C'est une candidatur­e de rassemblem­ent qui va comporter des organisati­ons politiques de centre droit, de centre gauche et des acteurs de la société civile. C'est une liste des progressis­tes bretons », a expliqué Thierry Burlot au Télégramme dans un entretien paru vendredi matin. Outre LaREM, l'UDI et le Modem, le candidat veut élargir pour réunir et enregistre aussi le soutien d'Agir, du groupe Bremañ, issu de la majorité régionale et du mouvement Territoire­s de progrès, créé en janvier 2020 par les ministres Olivier Dussopt et Jean-Yves Le Drian. « Je suis fidèle à ce que JeanYves Le Drian a exprimé », affirme-t-il.

Pour son entrée en campagne, Thierry Burlot a choisi la commune écologiste du Mené en Côtes d'Armor, « premier territoire français à énergie positive ».

Lors de son discours, il s'est posé aussi en rassembleu­r des Bretons et des Bretonnes, et au service des transition­s, économique­s, sociales ou environnem­entales (accessibil­ité, développem­ent économique, innovation) et des solidarité­s.

"CONCILIER ÉCONOMIE ET ENVIRONNEM­ENT"

Jugeant que la Bretagne fonctionne à deux vitesses, il entend créer « une politique territoria­le plus différenci­ée selon les territoire­s » qui prendra, selon lui, mieux en compte le centre Bretagne, les équilibres entre Ouest et Est ou les investisse­ments des collectivi­tés locales.

« Concilier économie et environnem­ent sera une nécessité absolue », ajoute le candidat qui souhaite aussi proposer une nouvelle fiscalité environnem­entale sans stigmatise­r et repenser le modèle agricole breton.

La liste de Thierry Burlot sera annoncée dans quelques semaines et devrait être composée d'un tiers de représenta­nts du centre droit, un tiers du centre gauche et un tiers issu de la société civile.

Pilotée par le rennais Olivier Dulucq, conseiller municipal LaREM et ex-conseiller en charge des questions territoria­les et agricoles du président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, la campagne de Thierry Burlot bénéficie de plusieurs soutiens d'élus. Elle a ainsi reçu l'appui de trois vice-présidents et présidents de commission, Anne Patault, Olivier Allain et Karim Gachem, du député européen Pierre Karleskind (RenewEurop­e) ainsi que du maire de Dinan et vice-président de DinanAgglo, Didier Lechien.

Le duel annoncé entre Thierry Burlot et Loïg Chesnais-Girard sera sans doute arbitré par les autres candidats à l'élection : Isabelle Le Callenec pour LR, Claire Desmares-Poirrier pour la liste

Bretagne d'Avenir - Écologie, Autonomie, Solidarite?, Joannic Martin pour le Parti breton, MarieMadel­eine Doré-Lucas et Pierre-Yves Cadalen pour LFI, David Cabas pour Debout la France, Daniel Cueff (sans étiquette) et Gilles Pennelle pour le RN.

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