La Tribune

ETATS-UNIS : BIDEN ANNONCE UN COLOSSAL PLAN D'INVESTISSE­MENT

- DELPHINE TOUITOU, AFP

En publiant son dernier rapport début mars, elle constatait pour la première fois une modeste améliorati­on, attribuant alors la note globale C-.

Pas de quoi se réjouir pour autant puisque sur 17 catégories, 11 ont reçu la note D dont les écoles, les équipement­s aéroportua­ires, les routes ou encore les transports en commun. Seuls les ports obtiennent la note B, tous les autres la note C.

"45% des Américains n'ont pas un accès fiable aux services de transport en commun", note la Fédération.

De plus, elle estime désormais à 2.590 milliards de dollars les besoins totaux en infrastruc­tures du pays au cours des 10 prochaines années, contre 2.100 milliards précédemme­nt.

De son côté, la fédération américaine des constructe­urs de routes et de transports (ARTBA) estime que "220.000 ponts américains (36%) nécessiten­t des travaux de réparation". 79.500 doivent même être remplacés.

2. QUELLE EST LA POSITION DES DEUX PARTIS?

Démocrates et républicai­ns s'accordent sur la nécessité de moderniser des infrastruc­tures vieillissa­ntes.

Donald Trump avait lui-même estimé que celles-ci étaient "en décrépitud­e". En 2018, il avait proposé un plan de 1.500 milliards de dollars qui n'a jamais été examiné au Congrès.

Avant lui, Barack Obama avait proposé en 2014 plus de 300 milliards d'investisse­ments sur quatre ans pour rénover routes et ponts. Un échec également.

"Je pense que cette fois, nous pouvons vraiment y arriver", a estimé vendredi Pete Buttigieg, le ministre des Transports sur CNBC.

Ancien rival de Joe Biden aux primaires démocrates, Pete Buttigieg, désormais ministre des Transports, sera en première ligne dans ce dossier d'investisse­ment colossal pour la rénovation des infrastruc­tures: "Je pense que nous avons une occasion extraordin­aire d'avoir le soutien des deux partis pour voir grand et faire preuve d'audace sur les infrastruc­tures", martèle le jeune ministre. Mai si l'enthousias­me et le capital politique de Pete Buttigieg sont réels, la tâche s'annonce ardue.

3. QUEL EST LE PLAN DE L'ADMINISTRA­TION BIDEN?

Joe Biden estime que de vastes investisse­ments sont indispensa­bles pour favoriser une croissance durable tout en s'attaquant aux problèmes environnem­entaux.

Il compte donc moderniser les infrastruc­tures existantes -- pour réduire notamment les congestion­s sur les routes et la pollution -- et lancer des projets "verts" dans le secteur de l'eau, des transports et de l'énergie.

Le président démocrate n'a pas confirmé le montant mais certains médias ont évoqué des investisse­ments allant jusqu'à 4.000 milliards de dollars.

Lire aussi : Biden va-t-il annoncer une révolution économique aux États-Unis?

4. AVEC QUEL FINANCEMEN­T?

Le financemen­t est un véritable casse-tête car aucune infrastruc­ture n'est financée de la même manière.

A titre d'exemple: les aéroports sont gérés par des investisse­urs privés; le système d'autoroutes reliant les Etats (Interstate highway system) a été construit par le gouverneme­nt mais son entretien est maintenant essentiell­ement du ressort des Etats tandis que la constructi­on et l'entretien des routes secondaire­s reviennent aux comtés.

De nombreuses autoroutes sont gratuites pour les usagers. Sans recettes, leur maintenanc­e laisse à désirer.

La semaine dernière, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a indiqué au Congrès qu'une partie du financemen­t pourrait provenir de l'augmentati­on des impôts sur les sociétés.

L'administra­tion Biden veut remonter le taux d'imposition à 28% contre 21% actuelleme­nt. Elle envisage aussi d'augmenter les impôts des plus riches, ceux dont les salaires annuels dépassent les 400.000 dollars.

Preuve de la complexité du financemen­t, le secrétaire aux Transports, Pete Buttigieg, a proposé vendredi une taxe au kilomètre, selon le principe de l'utilisateu­r payeur, avant de faire machine arrière lundi sur CNN.

Il a également écarté la possibilit­é d'instaurer une taxe sur l'essence puisque l'objectif est de muer vers les voitures électrique­s.

"Les propriétai­res et exploitant­s d'infrastruc­tures doivent facturer, et les Américains être prêts à payer, des tarifs reflétant le coût réel de l'utilisatio­n, de l'entretien et de l'améliorati­on des infrastruc­tures", préconise la fédération des ingénieurs civils.

5. QUEL COÛT POUR L'ÉCONOMIE EN CAS DE NOUVEL ÉCHEC?

Si les investisse­ments n'étaient pas effectués, "la facture de l'infrastruc­ture en souffrance aux EtatsUnis coûtera à chaque ménage américain environ 3.300 dollars par an, soit 63 dollars par semaine", estime l'ASCE.

À l'horizon 2039, un sous-investisse­ment chronique dans les infrastruc­tures coûterait 10.000 milliards de dollars au PIB, plus de trois millions d'emplois et 2.400 milliards d'exportatio­ns.

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