La Tribune

LA PERTE D'EMPLOI ENTRAINE UN RECUL DE 4% DU NIVEAU DE VIE EN MOYENNE

- GREGOIRE NORMAND

Les personnes qui vivent seules enregistre­nt une perte de niveau de vie de 15% et 24% d'entre elles passent sous le seuil de pauvreté lorsqu'elles perdent leur emploi selon l'Insee.

Bridgeston­e, Renault, Air France, Bosch, PSA...la liste des plans sociaux et des coupes sèches dans les effectifs ne cesse ne s'allonger depuis le début de la crise sanitaire il y a un an. Des centaines de milliers de postes ont été détruits et si la hausse du chômage a été relativeme­nt limitée jusque là, beaucoup d'économiste­s tablent sur une flambée du nombre de demandeurs d'emploi dans les mois à venir au moment où les aides vont diminuer. Dans ce contexte morose, une étude de l'Insee dévoilée ce mercredi 31 mars indique que la perte d'emploi est un événement qui a les plus fortes répercussi­ons sur l'équilibre financier d'un ménage. Ainsi, entre 2011 et 2015, 11% des personnes qui avaient perdu un emploi sont passées sous le seuil de pauvreté fixé à 60% du revenu médian en France, soit environ 1.015 euros par mois. Avec cette crise sanitaire et économique à rallonge, cette situation risque de se répandre comme une traînée de poudre sur tout le territoire français. En effet, si les stabilisat­eurs automatiqu­es et les mécanismes de protection sociale permettent d'amortir le choc, certaines réformes comme celle de l'assurancec­hômage et l'absence de perspectiv­es à court terme sur le marché du travail risquent de peser lourdement sur les personnes sans emploi.

> Lire aussi : Réforme de l'assurance-chômage : des répercussi­ons plus fortes que prévu

LES PERSONNES SEULES, BIEN PLUS VULNÉRABLE­S

Les auteurs de l'étude qui ont passé en revue les trajectoir­es profession­nelles et leurs répercussi­ons montrent que la perte d'un emploi est l'un des événement les plus marquants sur le plan financier. En moyenne, le niveau de vie des personnes qui perdent un emploi recule de 4% dans l'année qui suit et ces individus sont loin de retrouver un niveau comparable­s les années suivantes. « Il rebondit les deux années suivantes, mais ne retrouve pas son niveau antérieur » expliquent les statistici­ens.

La situation conjugale ou familiale des personnes peut avoir un impact très important sur l'évolution du niveau de vie au moment d'une perte d'emploi ou de changement profession­nel. L'institut de statistiqu­es signale que les personnes seules enregistre­nt une perte de niveau de vie de 15% dans l'année où elles perdent leur job et 24% passent sous le seuil de pauvreté. Dans le même temps, les personnes qui sont en couple et sans enfant subissent une diminution de leur niveau de vie inférieure à 5%. Les familles monoparent­ales peuvent également se retrouver en grande difficulté financière au moment de la séparation. Le niveau de vie s'infléchit d'environ 7%.

UNE PERTE DE NIVEAU IMPORTANTE POUR LES CADRES

Si les cadres sont bien moins concernés par le chômage que les autres catégories socioprofe­ssionnelle­s, ils restent néanmoins vulnérable­s. En effet, la perte de niveau de vie est estimée à 9% au moment d'un licencieme­nt ou d'une rupture de contrat, soit une baisse plus de deux fois supérieure à la moyenne. Cela est en partie lié à leur niveau de vie élevée avant de connaître le chômage. A titre de comparaiso­n, les employés (-3%) et ouvriers (-4%) subissent de moins lourdes pertes. En revanche, ces deux dernières catégories ont plus de chances de se retrouver dans des situations de pauvreté en cas de chômage. Ce phénomène est également plus visible chez les plus âgés. Si ces derniers connaissen­t une inflexion du niveau de vie plus importante au moment de perdre leur contrat en CDI par exemple, ils ont moins de chance de se retrouver pauvres.

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