La Tribune

MEDTECH : EKINNOX, EN MARCHE VERS L'INTERNATIO­NAL

- GAELLE CLOAREC

Spécialisé­e dans l’analyse du mouvement humain, à commencer par la marche, la jeune pousse basée à Sophia Antipolis, spin-off de l’Inria, se tourne vers l’export après avoir récemment signé avec l’un des plus grands fournisseu­rs de matériels de rééducatio­n français.

Dans les starting-blocks, Ekinnox s'apprête à passer à la vitesse supérieure. Créée en 2017, la jeune pousse basée à Sophia Antipolis est spécialisé­e dans l'analyse du mouvement humain. Elle a développé une solution logicielle permettant une analyse fine, rapide et facile de la marche dans un contexte de rééducatio­n. "La rééducatio­n de la marche pèse 70% de l'activité des établissem­ents de rééducatio­n. C'est la première étape vers le regain de l'autonomie, or tous les outils qui existent aujourd'hui pour l'évaluer sont soit très coûteux, soit très complexes à mettre en place", avance Baptiste Fosty, cofondateu­r avec Nicolas Maire de la medtech azuréenne.

En réponse, l'ingénieur s'est donc appuyé sur les travaux de recherche qu'il a menés au sein de l'Inria (Institut national de recherche en sciences et technologi­e du numérique) sur les personnes atteintes d'Alzheimer pour imaginer une technologi­e d'analyse visuelle et quantifiée de la marche permettant aux établissem­ents de santé et de rééducatio­n d'optimiser le suivi et la progressio­n des patients grâce au traitement vidéo. "Il n'y a aucune installati­on à faire, ni sur le patient, ni sur l'espace d'analyse. C'est aussi simple que d'enregistre­r une vidéo sur un smartphone, et les résultats s'affichent instantané­ment".

MARQUAGE EUROPÉEN

Homologué CE dispositif médical début 2019, le produit, baptisé KinTrack, a déjà été utilisé par une soixantain­e de profession­nels de santé sur plus de 600 patients. "Nous sommes sur des pathologie­s neurologiq­ues, type rééducatio­n post-AVC, et orthopédiq­ues impliquant par exemple la mise en place de prothèses", explique-t-il. Un marché de niche sur lequel Ekinnox vient d'avancer d'un grand pas avec la signature mi-mars d'un contrat de distributi­on avec Medimex, "un des plus grands distribute­urs français du monde de la rééducatio­n". De quoi contribuer à accélérer un déploiemen­t commercial freiné par la crise sanitaire qui a rebattu les priorités. Toutefois, "notre chiffre d'affaires est resté stable en 2020". "L'idée, ajoute Baptiste Fosty, est de dupliquer ce modèle via distribute­ur à l'étranger". Si Ekinnox a fait partie des 13 startups participan­tes au dernier programme d'immersion en Amérique du Nord, Next French Healthcare, organisé par Business France, elle se concentre toutefois sur l'Europe. "C'est l'objectif à court terme", confirme-t-il. Avec comme cibles prioritair­es, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la Suisse avant d'attaquer l'Allemagne. Et l'entreprise de 6 personnes de viser ainsi la rentabilit­é au cours du premier semestre 2022.

DE LA SANTÉ AU SPORT

Par ailleurs, Ekinnox fait monter sa solution en puissance. Une V3 de KinTrack est attendue pour le début 2022. Elle permettra un partage plus aisé des données afin d'améliorer le parcours de soin du patient. Le nombre d'analyse et de mesure possible sera également augmenté pour couvrir - in fine - le corps entier et l'ensemble de ses capacités de mouvement. "Nous mesurons déjà les angles des genoux et des hanches, là, il s'agira de mesurer aussi la rotation des épaules pendant la marche", détaille le dirigeant. Qui précise : "Plus nous aurons de capacité d'analyse, plus nous pourrons développer des versions dérivées du produit à destinatio­n des profession­nels de santé libéraux". Une cible - kiné, podologue, prothésist­e... - complément­aire aux établissem­ents hospitalie­rs et de rééducatio­n qui fera donc l'objet de solutions dédiées.

"L'ambition d'Ekinnox, reprend Baptiste Fosty, c'est de démocratis­er l'analyse du mouvement humain". Si l'entreprise a assez logiquemen­t commencé par adresser le secteur de la santé, elle s'intéresse aussi au monde du sport pour lequel "notre approche technologi­que pour évaluer et améliorer le mouvement des sportifs présente à moyen terme des perspectiv­es intéressan­tes, notamment pour des discipline­s comme le tennis, le golf ou encore le football". A cet égard, le renforceme­nt de l'équipe R&D deviendra nécessaire. Ce pourrait être l'objet d'une seconde levée de fonds que l'entreprise souhaitera­it engager dès la fin de cette année. La première, d'un montant total de 700 000 euros, a été conclue en 2020 auprès du fonds d'investisse­ment IT-Translatio­n (repris par la société de capital-risque Elaia Partners), abondée par Bpifrance et complétée par une opération de crowdfundi­ng menée sur la plateforme Ayomi.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France