La Tribune

DELIVEROO DERAILLE POUR SES PREMIERS PAS A LA BOURSE DE LONDRES

- JEAN-BAPTISTE OUBRIER, AFP

Le cours a dévissé de 15% dès ses premiers pas et vers 08H30 (07H30 GMT), le plongeon s'accentuait. Le titre perdait 23% à 3,02 livres, soit bien moins que le prix de l'introducti­on fixé à 3,90 livres, alors que la société avait déjà dû revoir ses ambitions à la baisse pour cette opération. Une chute de 15% représente déjà plus d'un milliard de valorisati­on en moins.

La plateforme de livraison alimentair­e Deliveroo connaissai­t des débuts difficiles à la Bourse de Londres, avec une chute de plus 20% de son action, après une entrée sur le marché qui avait valorisée la société à 7,6 milliards de livres et suscité des interrogat­ions sur le statut de ses livreurs.

Le cours a dévissé de 15% dès ses premiers pas et vers 08H30 (07H30 GMT), le plongeon s'accentuait. Le titre perdait 23% à 3,02 livres, soit bien moins que le prix de l'introducti­on fixé à 3,90 livres, alors que la société avait déjà dû revoir ses ambitions à la baisse pour cette opération.

Une chute de 15% représente déjà plus d'un milliard de valorisati­on en moins.

Deliveroo, connu pour son applicatio­n permettant de commander des plats auprès de restaurant­s, a fait ses débuts sur le marché britanniqu­e à 07H00 GMT (08H00 à Londres).

Il s'agit de l'opération la plus importante depuis 2011 sur la place londonienn­e, qui cherche à rester attractive face à la concurrenc­e accrue de l'Europe avec le Brexit.

Les échanges sont initialeme­nt réservés aux investisse­urs profession­nels avant d'être ouverts au grand public à partir du 7 avril.

Dans le détail, la société a mis en Bourse 21,3% de son capital, lui permettant de récupérer 1,5 milliard de livres, dont un milliard grâce à l'émission de nouvelles actions, et 500 millions d'actions existantes vendues.

L'offre pourrait même grimper jusqu'à 22,9% du capital si les investisse­urs souhaitent acheter davantage d'actions.

Deliveroo, dont le géant Amazon détenait 16% du capital avant l'opération, veut utiliser l'argent pour financer sa croissance et ce même si la société n'est pas encore rentable.

"Je suis très fier que Deliveroo entre en Bourse à Londres, chez nous", s'est félicité Will Shu, fondateur et directeur général de la société.

"Nous allons continuer à investir dans les innovation­s qui aident les restaurant­s et le secteur de l'épicerie à grandir, à offrir plus de choix que jamais aux clients et à donner aux livreurs plus de travail", a-t-il ajouté.

La société britanniqu­e a été toutefois contrainte de revoir ses ambitions à la baisse, compte tenu selon elle de la récente volatilité des conditions de marché.

Les investisse­urs ont massivemen­t souscrit à l'opération, mais n'étaient pas prêts à payer trop cher.

Elle avait espéré dans un premier temps un prix pouvant aller jusqu'à 4,60 livres soit une valorisati­on qui aurait pu atteindre 8,8 milliards de livres. Elle avait ensuite réduit la fourchette entre 3,90 et 4,10 livres.

- UN RÉSULTAT "DÉCEVANT" ? -

"C'est certaineme­nt un résultat décevant pour une introducti­on en Bourse qui a généré au départ beaucoup d'enthousias­me, mais la faiblesse récente des cours de nombre de ses homologues aux Etats-Unis, comme Doordash, semble avoir enlevé un peu de lustre au secteur", souligne Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

L'introducti­on en Bourse doit permettre à Deliveroo de mieux rivaliser avec ses concurrent­s, alors qu'il n'a pas jusqu'à présent "la capacité financière d'Uber (qui possède Uber Eats, ndlr) ou la taille de Just Eat Takeaway", considéré comme le numéro un du marché, selon M. Hewson.

Il restera en outre à voir quelles seront les performanc­es de Deliveroo une fois les restrictio­ns sanitaires levées, alors que son activité a été dopé par la pandémie.

Pour M. Hewson, des restaurate­urs, s'ils peuvent rouvrir leurs portes, pourraient hésiter à payer la commission demandée par Deliveroo et qui peut atteindre jusqu'à 30%, selon l'analyste.

L'introducti­on en Bourse permet par ailleurs à Will Shu, de faire fructifier ses parts. Il a en outre opté pour un système à deux types d'actions pour une période de trois ans afin de garder le contrôle tout en cédant une partie du capital.

L'opération a par ailleurs relancé le débat sur la précarité des livreurs, qui sont des travailleu­rs indépendan­ts symboles de la "gig economy", ou l'économie des petits boulots, sur laquelle s'appuient les plateforme­s numériques pour prospérer.

Le syndicat des travailleu­rs indépendan­ts britanniqu­es, l'IWGB, prévoit notamment un mouvement de grève le 7 avril afin de demander de meilleures conditions de travail.

La viabilité de son modèle économique préoccupe également des investisse­urs très influents de la City.

Plusieurs géants de la gestion d'actifs, comme Aberdeen Standard et Aviva Investors, qui pèsent chacun des centaines de milliards de livres, ne souhaitent pas investir dans la société, évoquant le mauvais exemple donné par ses pratiques sociales.

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