La Tribune

DERNIERE CONSERVERI­E FRANCAISE DE LA COTE MEDITERRAN­EENNE, FERRIGNO RESISTE ET INNOVE

- MAEVA GARDET-PIZZO

Installée à Port-Saint-Louis du Rhône, cette PME de 48 salariés est née dans les années 1920 en Italie avant de rejoindre l’Algérie puis Marseille. Alors que toutes les conserveri­es de la côte se sont éteintes, elle a tenu bon malgré la réduction du poids des sardines qui l’a contrainte à abandonner ses bateaux de pêche et à se fournir ailleurs. Pour compenser, elle mise sur la diversific­ation de son offre et sur le regain d’intérêt pour ce type de produits.

C'est sur la côte amalfitain­e, dans le village de pêcheur de Cetara, que la société Ferrigno voit le jour, il y a trois génération­s. « C'est mon grand-père italien qui l'a créée », raconte Dominique Ferrigno, actuel PDG de l'entreprise. « Puis dans les années 1920, il y a eu des problèmes de poisson sur la côte alors il a décidé de partir en Algérie. Il y avait un El dorado qui se créait là-bas. La mer était très prospère car peu exploitée ». Deux conserveri­es y sont construite­s pour transforme­r les fruits de la pêche.

Mais en 1962, alors qu'est déclarée l'indépendan­ce du pays, la famille Ferrigno est obligée de partir. Elle met les voiles pour la Cité phocéenne.

« Ils ont choisi de venir à Marseille car c'est en face d'Alger et parce que le Rhône favorise le développem­ent de plancton dont se nourrissen­t les sardines ». En 1962, une nouvelle conserveri­e est fondée à Port-Saint-Louis du Rhône. On y transforme les sardines pêchées par l'entreprise sur toute la côte. « Il a fallu un peu de temps avant de retrouver une clientèle ».

Et au-delà des produits transformé­s, la société fournit en sardines la côte Atlantique qui n'en trouve alors que très peu dans ses eaux.

ABANDON FORCÉ DE LA PÊCHE

D'un positionne­ment mono-produit, l'entreprise décide en 1998, sous l'impulsion de Dominique Ferrigno, de se diversifie­r en proposant des soupes, des tartinades, et autres recettes à base de sardines mais aussi de maquereaux et de thon. Dans le même temps, elle mécanise en partie sa fabricatio­n pour se moderniser.

Désormais, elle travaille à 60 % pour la grande distributi­on. Parmi ses clients, Carrefour et sa marque Reflets de France. Elle est également présente en épiceries spécialisé­es.

REGAIN D'INTÉRÊT POUR LA SARDINE, RENFORCÉ PAR LE COVID-19

L'activité se recentre alors sur la conserveri­e qui, en 2019, affichait un chiffre d'affaires de 22 millions d'euros. Un chiffre qui croît de 22 % en 2020 sous l'effet du covid-19. « Il y a eu une très grosse demande en grande distributi­on lors du premier confinemen­t ». D'autant que les produits se conservent longtemps. S'ajoute à cela que depuis quelques années, la sardine en boite a le vent en poupe. « Dedans, on n'ajoute que du sel et de l'huile. C'est riche en vitamines et en protéines. Et puis ce n'est pas cher ». La sardine représente à ce jour la moitié du chiffre d'affaires de l'entreprise.

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