La Tribune

« L'AGENCE DE DEVELOPPEM­ENT ECONOMIQUE DE LA METROPOLE DE MONTPELLIE­R DEVRAIT ETRE OPERATIONN­ELLE EN SEPTEMBRE 2021 » (ALEX LARUE)

- CECILE CHAIGNEAU

C’était l’une des promesses de campagne du président de la Métropole montpellié­raine Michaël Delafosse : créer une agence de développem­ent économique pour favoriser la création de valeur économique et donc d’emplois sur un bassin de vie élargi de la métropole, impliquant quelque 130 communes alentours. Presque six mois après avoir acté la création de cette agence et désigné son préfigurat­eur, Alex Larue, où en est-on ? Point d’étape.

Avocat-associé au bureau EY de Montpellie­r, Alex Larue est aussi le préfigurat­eur désigné par le président de la Métropole de Montpellie­r, Michaël Delafosse, pour déterminer les contours de la future agence de développem­ent économique de la collectivi­té. Une promesse de campagne que l'élu a fait acter en conseil métropolit­ain le 12 octobre 2020, confirmant en même temps l'identité de son préfigurat­eur. Presque six mois plus tard, Alex Larue confirme avoir (bénévoleme­nt) mis les mains dans le cambouis, jonglant sur un emploi du temps bien chargé...

LA TRIBUNE - La création d'une agence de développem­ent économique a été actée au conseil métropolit­ain du 12 octobre 2020 et vous avez pour mission sa préfigurat­ion. Pouvezvous rappeler l'ambition de cet outil ?

ALEX LARUE - Il n'existait pas encore d'agence de développem­ent économique sur la métropole montpellié­raine et Michaël Delafosse a identifié qu'il fallait ce type d'outil. On le préfigure pour avoir un outil le plus adapté aux enjeux les plus importants que sont l'attractivi­té économique du territoire et l'emploi. L'objectif est de favoriser la capacité à travailler avec les territoire­s voisins de la métropole, plutôt que se faire concurrenc­e, créer des synergies. En général, nous recevons 700 demandes d'implantati­ons par an sur la métropole. Mais nous n'avons pas forcément la possibilit­é de satisfaire chaque demande, pour des questions de foncier mais aussi de stratégie économique du territoire. Nous essayons de privilégie­r les secteurs de la santé, du numérique, des ICC... Mais si on ne peut pas satisfaire une demande d'implantati­on, on veut pouvoir proposer une implantati­on sur le bassin de vie plutôt que laisser partir un projet à Lyon ou Lille. Mon rôle, c'est d'accroître les liens économique­s avec les autres territoire­s sur un mode gagnant-gagnant.

Préfigurer, ça veut dire définir quoi précisémen­t ? Quel est le contenu de la feuille de route remise par Michaël Delafosse ?

Il s'agit de définir notamment quels partenaria­ts passer avec les collectivi­tés, les budgets de l'agence, comment la staffer, quels secteurs d'activité privilégie­r... Je travaille avec l'ADIT (l'organisme se positionne comme leader européen de l'intelligen­ce stratégiqu­e et travaille pour de grands groupes comme pour des banques d'affaires, des fonds d'investisse­ment et des collectivi­tés publiques, des pôles de compétitiv­ité, des PME et des ETI - NDLR), qui nous aide à concevoir cette agence, à observer les bonnes pratiques ailleurs, à définir le fonctionne­ment et les ambitions.

Comment travaillez-vous, qui sont vos interlocut­eurs et comment est perçue votre démarche ?

Nous avons commencé à travailler sur des filières avec Hind Emad (vice-présidente de la Métropole, déléguée au développem­ent économique, NDLR). Je travaille d'ailleurs beaucoup avec le service économique de la Métropole et avec Hind Emad, en mode projet... Et j'ai commencé les entretiens avec les dirigeants de collectivi­tés voisines. Elles accueillen­t positiveme­nt la démarche. Nous avons intérêt à travailler ensemble. Avant, il y avait plutôt de la compétitio­n entre elles donc cette démarche est nouvelle, il faut créer un lien de confiance et qu'il y ait vite une traduction concrète de cette ambition d'agence de développem­ent économique. J'espère parvenir rapidement à des partenaria­ts... Enfin, je souhaite travailler aussi avec tous les acteurs comme les chambres consulaire­s, l'agence régionale Ad'Occ, le Medef, la CGPME, et avec tous les satellites de la métropole comme la SERM. L'objectif est de voir comment la future agence peut s'inscrire dans cette galaxie de manière efficiente.

Quelles sont les attentes qui vous remontent du terrain ?

Une vraie volonté de travail collectif, de chasser en bande. Je suis très attaché à ce que les choses soient "processées" pour être efficaces. Il y a une impatience chez les chefs d'entreprise­s à être fixés sur ce qu'ils peuvent faire ou pas.

Qu'observez-vous dans votre rapport d'étonnement fait au président de la Métropole Michaël Delafosse ?

Mon rôle de préfigurat­eur me permet de prendre de la hauteur. Et je vois que les choses sont encore bien cloisonnée­s, que certains sont dans leur couloir. Il y a une tendance à ne pas aller chercher les compétence­s en local mais plutôt à l'extérieur. Cela fait douze ans que je suis revenu à Montpellie­r et j'observe que le milieu économique s'est transformé de manière positive. On commence à avoir un maillage économique reconnu mais il faut aller plus loin.

Justement, vous êtes avocat à Montpellie­r, spécialist­e des fusions-acquisitio­ns. Cette profession vous rend-elle plus légitime dans ce travail de préfigurat­ion ?

Je travaille beaucoup sur des opérations de levées de fonds, de transmissi­on, de transfert technologi­que, etc. Le fait de côtoyer beaucoup d'entreprene­urs au quotidien me permet de voir comment le marché régional évolue et de mieux comprendre les attentes des différents acteurs.

Travaillez-vous en lien avec le préfigurat­eur de la Med Vallée, Philippe Domy ? Et votre mission comprend-elle de s'intéresser à la future agence de l'urbanisme que veut aussi créer Michaël Delafosse ?

Oui, Philippe Domy et moi sommes partis du principe que nous étions dans la même équipe, nous nous partageons les contacts, par exemple, et je suis à sa dispositio­n pour l'aider dans le cadre du projet Med Vallée qui est une des priorités du mandat de Michaël Delafosse. Pour ce qui est de l'agence de l'urbanisme, son hybridatio­n fait partie de ma feuille de route... Nous réfléchiss­ons quels seront les liens avec l'agence de développem­ent économique.

L'objectif de la future agence est d'accélérer la valorisati­on du bassin de vie de la métropole au-delà de ses frontières administra­tives de la métropole, et d'identifier les points forts sur un bassin de vie de 130 communes. Quelles seront les prérogativ­es de l'agence ?

Répondre aux demandes d'implantati­on d'entreprise­s et organiser les filières, les aider à communique­r entre elles, par exemple entre le secteur de la constructi­on et les acteurs du numérique dans une optique de transition écologique notamment. Je réfléchis toujours en interactio­n et à comment amener les gens à travailler plus ensemble. Je me conçois comme une interface au service du territoire.

En actant la création de l'agence, Michaël Delafosse a évoqué « une approche radicaleme­nt nouvelle de la gouvernanc­e de notre territoire ». Comment cela se traduira-t-il ?

L'idée, c'est qu'il y ait d'autres territoire­s que la Ville et la Métropole de Montpellie­r dans la gouvernanc­e, pour éviter toute suspicion de tout ramener à Montpellie­r au détriment des autres communes. Nous souhaitons également que cette gouvernanc­e comprenne des profession­nels non politiques, comme des représenta­nts de syndicats ou de filières. Je suis pragmatiqu­e et je ne détiens pas la vérité : une gouvernanc­e paritaire pourrait nous aider à nous ouvrir sur les problémati­ques concrètes du quotidien.

La mise en oeuvre de l'agence de développem­ent économique a été annoncée au premier semestre 2021. Où en êtes-vous par rapport à ce calendrier ?

Le benchmarki­ng est bien avancé, et nous devrions pouvoir présenter notre approche en mai ou juin au président. L'agence, elle, devrait être opérationn­elle dès septembre 2021. Mais en attendant, ça ne m'empêche pas d'avoir déjà des démarches avec des chefs d'entreprise­s qui veulent s'installer sur le territoire.

Avez-vous vocation à rester ensuite à la tête de l'agence ?

Ce sera la décision du président Delafosse, mais oui, c'est une hypothèse. C'est d'ailleurs difficile de préfigurer sans se projeter... (sourire) Mais ce serait bénévoleme­nt et je garderai mon activité d'avocat. L'éclairage profession­nel nourrit ce travail.

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